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Institution libre du Sacré-Cœur

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L’Institution Libre du Sacré-Cœur est la plus ancienne et la plus prestigieuse des écoles d'enseignement général de Tourcoing. Elle a pour origine le collège Saint Bonaventure, fondé par les Révérends Pères Récollets en 1666, avec l'autorisation du roi Philippe IV d'Espagne, du duc d'Havré Ferdinand de Croÿ, seigneur de Tourcoing, et de Mgr François Villain de Gand, évêque de Tournai. L'école est actuellement un établissement privé lié à l'Etat par contrat d'association.

L'Institution a pour devise : Timete Dominum et Nihil Aliud (Craignez le Seigneur et rien d'autre).

Elle est installée depuis 1853 au 111, rue de Lille, à Tourcoing.

Institution Libre du Sacré-Coeur : entrée du 111, rue de Lille
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Institution Libre du Sacré-Coeur : entrée du 111, rue de Lille

Sommaire

[modifier] Fondation du Collège Saint-Bonaventure (XVIIe siècle)

[modifier] Contexte

Quand, en 1661, le Révérend Père Simon de Hennin, supérieur provincial de l'Ordre des Frères Mineurs Récollets, demanda officiellement au duc d'Havré l'autorisation d'ouvrir un collège et un cloître en sa bonne ville de Tourcoing, celle-ci n'était alors qu'une petite ville de douze mille habitants, dans la campagne de Lille. La Flandre, dont faisait partie Tourcoing, bien que parlant français dans la région lilloise, était demeurée sous l'autorité lointaine mais incontestée du roi d'Espagne depuis plus d'un siècle et demi.

Le jeune duc d'Havré et seigneur de Tourcoing, Ferdinand de Croÿ, étant âgé d'à peine neuf ans, c'est sa mère, Marie-Claire de Croÿ, qui gère et administre les biens de son fils. C'est donc à elle que la lettre des Récollets est adressée: évoquant les divers services que son ordre a déjà rendus aux Tourquennois, Simon de Hennin explique l'utilité d'un collège religieux car il faut "enseigner la jeunesse" et lui apprendre "le latin jusqu'à la rhétorique, en passant par les mathématiques et l'histoire tant ancienne que moderne".

Cette proposition fut bien accueillie, aussi bien par le seigneur que par les échevins, et, à l'automne 1662, les Récollets préparaient déjà leurs valises pour s'installer à Tourcoing.

C'est alors que, sans explications, ils reçurent de la part de la municipalité de la ville une missive les informant de l'annulation de tout ce qui avait été prévu et l'interdiction formelle pour les Récollets d'établir un collège et un couvent à Tourcoing.

[modifier] Les Récollets contre les Carmes : 1661-1664

Cette réaction aussi étonnante que brutale stupéfia les Récollets; et ils n'eurent pas à chercher très longtemps la cause de ce refus.

L'Ordre des Carmes, rival des Récollets, avait subi de lourdes pertes matérielles lors des guerres que Louis XIV de France avait mené dans la région contre son beau-père espagnol. Les Carmes cherchaient donc de nouveaux établissements dans la région, et ils avaient jeté leur dévolu sur Tourcoing. Pourquoi ?

Tout simplement parce que l'oncle du jeune Ferdinand de Croÿ (duc d'Havré et seigneur de Tourcoing) n'était autre que le révérend père Philippe de Croÿ, responsable provincial de l'Ordre des Carmes.

L'ordre des Carmes avait donc souffert des dernières guerres. Il cherchait donc lui aussi à établir de nouveaux couvents et lieux de culte. Philippe de Croÿ proposa à son neveu, au nom des Carmes, de fonder un collège à Tourcoing. La proposition fut soumise aux échevins, qui pour plaire à leur seigneur, acceptèrent sans discuter.

La mère du seigneur de Tourcoing (à l'époque mineur), la duchesse Marie d'Havré, fit comprendre aux Récollets de ne plus venir troubler ses conseils. Au mois d'avril 1664, Marie d'Havré vendait aux Carmes une propriété conséquente à la sortie du bourg de Tourcoing: l'acte notarié prévoyait que la première traite serait versée le 15 juin par les Pères Carmes, et que ceux-ci pourraient alors construire leurs couvent et collège. Trois mois plus tard, en juillet 1664, les Carmes n'avaient pas versé un centime.

Marie d'Havré en fut grandement mécontente, et ordonna à son bailli de Tourcoing de "saisir la terre des Carmes, empêcher lesdits Carmes d'accéder à cette terre et d'interdire par tous les moyens la construction d'un couvent ou collège quelconque."

On fit comprendre aux échevins que si les Carmes ne payaient pas, on ferait appel aux finances communales pour remplacer les religieux défaillants. Les Tourquennois s'opposèrent avec virulence à cela, considérant que la ville de Tourcoing ne pouvait pas se permettre de "dépenser ses maigres recettes pour l'établissement de religieux auxquels la ville n'avait rien demandé." Certains notables de la ville se déplacèrent jusqu'à Lille pour parler au père Simon de Hennin, le provincial des Récollets.

Les Récollets, d'ailleurs, n'étaient pas restés inactifs. Puisque les autorités locales refusaient de lui accorder le droit de s'installer à Tourcoing, Simon de Hennin décida d'en appeler directement au roi: Philippe IV, roi d'Espagne, alors comte de Flandre et donc suzerain de Tourcoing. Le conseil royal répondit aux Récollets en décembre 1664 et le roi Philippe envoya officiellement ses lettres d'octroi à Simon de Hennin, l'autorisant à construire son couvent et son collège, à condition de s'entendre avec l'évêque de Tournai (dont dépendait alors Tourcoing) et avec la municipalité tourquennoise.

Marie d'Havré étant morte en septembre 1664, on aurait pu croire que plus personne ne s'opposait à la venue des Récollets. Cependant, les Tourquennois, qui considéraient déjà que les impôts locaux étaient excessifs, refusaient de débourser un sou pour la construction du futur collège. Simon de Hennin se déplaça alors en personne pour essayer de convaincre la municipalité. Il alla à Tourcoing le 26 mars 1665, et prit rendez-vous à l'hôtel de ville avec le bailli et les échevins; la scène qui suivit est assez cocasse pour être retranscrite ici:

"Le révérend père Simon de Hennin, suivi par son adjoint le père Grasi, entra dans la salle de réunion de l'échevinage: tous les échevins et le bailli du duc d'Havré étaient présents. Après les politesses d'usage, on en vint rapidement aux faits; le bailli parla, exposant le point de vue des autres: la construction d'un collège coûterait une somme inimaginable à la ville. Face aux dénégations de Simon de Hennin, le bailli se raidit et ajouta qu'il considérait les lettres d'octroi comme des faux fabriqués par les Récollets. Simon de Hennin, furieux, lui répondit:

- Eh bien, Messieurs, puisque vous y allez ainsi, malgré l'octroi qu'il a plu à Sa Majesté de nous accorder, je vais de ce pas prendre possession de ce lieu! dit-il en tapant du poing sur la table.

Il se leva, et dit à son adjoint, le père Grasi:

- Je vous ordonne, mon frère, de vous rendre au lieu choisi pour l'emplacement de notre collège."

Grasi s'agenouilla et reçut la bénédiction de son supérieur. Sur ce, ils quittèrent tous deux la salle, laissant les échevins stupéfaits.

[modifier] 1665: le long procès

L'incident théâtral qui s'était déroulé lors de la visite de Simon de Hennin fit vite le tour de la ville, qui se divisa en deux camps (forts pacifiques, il faut le préciser) des pro-Récollets et des anti-religieux. Les opposants aux Récollets avaient pour principal motif la hantise de devoir payer la construction du collège et du couvent.

Si les échevins étaient restés muets de stupéfaction durant la visite des Récollets, ils réagirent cependant promptement. Le lendemain, ils se rendirent à Lille consulter deux avocats renommés dans la région, qui leur conseillèrent les trois points suivants:

  • la prise de possession par Simon de Hennin étant juridiquement nulle, envoyer des sergents et des gendarmes afin d'empêcher les Récollets de construire quoi que ce soit.
  • convoquer les habitants qui prennent parti pour les Récollets et les menacer de prison et autres sanctions s'ils persévèrent.
  • envoyer une lettre au conseil du roi pour demander une attestation de nullité des lettres d'octroi, ou du moins de retarder leur mise en vigueur.

Ils envoyèrent la missive au conseil du roi, qui, sans doute pris par des affaires plus urgentes, renvoya le règlement du conflit au tribunal de la Gouvernance de Lille, dirigé par le gouverneur, le comte de Bruay. Simon de Hennin porta plainte aussitôt et défendit sa position devant le gouverneur. Les échevins et le bailli de Tourcoing furent assignés à comparaître devant le lieutenant du gouverneur afin de justifier leurs actions envers les Récollets. Embarrassés, ils demandèrent le soutien de leur seigneur, ce que celui-ci accorda sans hésiter.

Pendant que la procédure judiciaire suivait son cours, Simon de Hennin demanda à l'évêque de Tournai de venir choisir l'emplacement du futur couvent-collège. On envoya, le 22 juillet 1665, l'archidiacre de Bouloigne qui s'acquitta de cette mission en sélectionnant le fief des Mottes, à la périphérie du bourg. Les Récollets envoyèrent immédiatement quelques frères pour garder le lieu. Des rumeurs affirmant que le duc d'Havré et les échevins se vantaient de "chasser les religieux de ce couvent par la force et de leur donner une bonne correction", un lieutenant du roi à Lille, Monsieur de Robiano, leur interdit d'utiliser la violence avant la fin du procès.

[modifier] La création du Collège de Tourcoing : 1666

En janvier 1666, le Tribunal de la Gouvernance de Lille déclaraient les lettres d'octroi authentiques et autorisaient les Récollets à les appliquer. Les échevins se plièrent au verdict et, bon gré mal gré, le duc d'Havré autorisa solennellement les religieux à s'installer à Tourcoing et leur vendit "14 cens de terre situés au fief des Mottes" le 6 mars 1666. Le 8 avril de la même année, une convention fut signée entre les échevins, le duc et les Récollets fut signée, instituant les droits et devoirs de chacun.

Le 19 avril 1666, les Récollets s'installèrent à Tourcoing et commencèrent la construction de leur collège, dédié à Saint-Bonaventure, qui demeura à cet endroit jusqu'en 1790 (des vestiges de l'ancien collège des Récollets sont encore visibles au 76, rue Saint-Jacques, à Tourcoing).

Cette date, avec les lettres d'octroi de Philippe IV (datées du 3 décembre 1664), est considérée comme la fondation officielle du collège de Tourcoing, aujourd'hui Institution libre du Sacré-Cœur.

Les Récollets, après la construction du couvent et du collège, construisirent également en 1672 l'église Saint-Jacques, reconstruite et renommée en 1850 église Notre-Dame des Anges (actuelle rue Nationale).

[modifier] Ancien Régime : 1666-1789

Sis au fief des Mottes (actuelle rue de Gand), le collège Saint-Bonaventure se constitue d'un couvent et de bâtiments affectés aux cours est dirigé par le Gardien des Récollets, un directeur ecclésiastique; il y a deux professeurs (la municipalité tourquennoise refusa toujours de dépenser la somme de 300 florins nécessaires à l'ajout d'un troisième maître), et ces deux enseignants se partagent les classes en "hautes sections"[1] (Classe eloquentiae, classe Parnasso, 'classe Logicae, l'équivalent de notre actuel lycée) et en "basses sections" (Classe humilium, l'équivalent grosso modo de notre actuel collège). L'enseignement est centré autour des études classiques, anciennement nommées Humanités : le français, la poésie, le latin, l'histoire, les mathématiques et la rhétorique sont dispensées à près de 150 élèves. Le collège traversa les guerres de l'Ancien Régime sans grande difficulté et prospéra: à chaque fin d'année scolaire étaient organisés des concours de rhétorique, versions et thèmes latin/grec, poésie... etc, à la suite desquels les noms des lauréats étaient retranscrits et sauvegardés dans un livre tenu par les Pères Supérieurs, Le Palmarès du Collège de Tourcoing (des copies de cet ouvrage existent encore de nos jours).

[modifier] Révolution française et fermeture

Les troubles de l'année 1789 provoquent une baisse d'effectifs dans l'établissement : le nombre d'élèves tombe à soixante. Cela s'explique par le fait qu'il n'y avait pas d'internat à cette époque, et que tous les étudiants étaient donc de ce fait externes. Nombre d'entre eux venaient de communes parfois éloignées (on retrouve dans les registres des noms aussi éloignés et surprenants que Besançon, Padderborn, Paris ou Bruxelles), même si la grande majorité provenait de la châtellenie lilloise. Ces jeunes gens "logeaient chez le bourgeois", selon l'expression de l'époque : ils étaient accueillis gratuitement et avec grande hospitalité par les grandes familles tourquennoises qui leur offraient le gîte et le couvert pour toue la durée de l'année scolaire. Or, en septembre 1789, l'inquiétude gagnant de plus en plus le pays, nombreux furent les parents qui considéraient que ce genre d'hébergement devenait dangereux et retirèrent ainsi leurs enfants de l'école.

Sans compter que les jours du vieux Collège Saint-Bonaventure sont comptés : une vague de déchristianisation secoue la France durant toute l'année scolaire 1789-1790. Le collège ferme en août 1790 (malgré la vive opposition de la population et les pétitions lancées par la municipalité, qui restèrent sans effets) juste après la remise officielle des prix d'excellence, du fait d'une loi de l'Assemblée Constituante mettant fin à l'enseignement dirigé par les congrégations religieuses.

En 1792, les pères Récollets, reclus dans leur couvent depuis la fermeture de l'établissement, sont chassés de Tourcoing par des anticléricaux jacobins qui avaient ameuté la population contre eux. Malgré les efforts de la municipalité pour les protéger, les ecclésiastiques préfèrent quitter la commune mais espère "pouvoir y revenir, quand les troubles seront passés".

En attendant l'heureux jour où l'Institution va renaître de ces cendres, la ville de Tourcoing n'aura plus d'enseignement secondaire pendant douze ans.

[modifier] Consulat et réouverture : 1802-1838

Dès la signature du Concordat entre la France et la papauté, des cours sont de nouveau donnés (sans autorisation officielle mais avec la complicité des habitants) dans les locaux du vieux collège des Récollets. Le père Louis Masquelier, le dernier directeur avant la Révolution, met fin à son exil et revient diriger l'école encore clandestine. En 1804, le Premier Consul Napoléon Bonaparte régularise la situation et autorise officiellement la ville de Tourcoing à rouvrir son "école municipale secondaire". Certains Récollets reviennent et donnent de nouveau des cours dans leurs anciens locaux, avant de déménager au presbytère de l'église Saint-Christophe, puis en 1814 le collège s'installe à l'Hospice d'Havré, dans la chapelle Notre-Dame des Anges.

Peu après, l'établissement fait l'acquisition d'un bâtiment situé à la Rue des Orphelins (actuelle Avenue Gustave Dron) : vite exigü, les agrandissements successifs n'ôteront pas son caractère "précaire". Tous les directeurs qui vont suivre tenteront de déménager, mais les finances de l'école ne le permirent pas avant le milieu du XIXe siècle.

De 1823 à 1831, l'abbé Flajolet dirige le Collège de Tourcoing avec un conservatisme légitimiste qui lui permette de redonner confiance aux parents. Le collège connaît de nouveau une certaine prospérité, atteignant une soixantaine d'élèves. Cependant, l'établissement subit un grave revers lorsque l'abbé Flajolet, après la Révolution de 1830, est violemment suspendu de ses fonctions pour légitimisme. Il s'exile à Mouscron, ville belge voisine de Tourcoing, où il fonde un nouveau collège.

Le problème est que tous ses anciens élèves tourquennois, excepté un, le suivent en Belgique.

Le collège est au bord du gouffre, et ce ne sont pas les nouveaux directeurs laïcs, Messieurs Duchâtelet et Nimal (qui demeure connu dans les annales pour avoir précipité la déchéance de son établissement), qui peuvent redresser la situation.

Il faut attendre le licenciement de M. Nimal en 1838 pour que la destinée du collège change, et de manière radicale.

On évoque alors la fermeture de l'établissement. C'était sans compter l'énergie avec laquelle l'abbé Lecomte allait relever l'Institution.

[modifier] 1838-1870: le redressement du Collège de Tourcoing

Le redressement du collège sera principalement l'œuvre de trois jeunes ecclésiastiques : les abbés Louis-Joseph Didier (1838), Albert Lecomte (1838-1855) et Augustin Lescouf (1855-1858). On ajoutera à cette liste l'abbé Henri-Jean Leblanc (1858-1900), arrivé plus tard au sein de l'école.

En 1838 arrive un nouveau directeur, l'abbé Didier : sa direction, bien que très courte dans le temps (il meurt en novembre de la même année), apporte un renouveau spirituel à l'école. Il adopte un nouveau programme qui définit les valeurs chrétiennes primordiales que l'établissement entend, outre les études, enseigner à ces élèves : la foi, la tolérance et la modération.

Il est remplacé en tant que directeur par son adjoint et ami, l'abbé Lecomte, qui va marquer l'histoire de l'Institution. En moins de dix ans, le nombre d'élèves passe de 36 (en 1838) à 360 (en 1845). L'abbé Lecomte continue et perpétue le projet spirituel de son prédécesseur, en ajoutant ses remarquables talents de professeur et de "faiseur de projets": par tous les moyens, il tente de diriger ses élèves vers les études littéraires, qui "ouvrent l'esprit" selon lui. C'est lui qui parvient à faire tripler en une année (1840) le budget que la municipalité de Tourcoing alloue à son Collège, permettant ainsi un développement autrement plus important.

Abbé Albert Lecomte, Directeur du Collège de Tourcoing (portrait de 1842)
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Abbé Albert Lecomte, Directeur du Collège de Tourcoing (portrait de 1842)

Le développement du Collège de Tourcoing tient également à la personnalité et à l'engagement de M. Lecomte : celui-ci, convaincu que "ce sont les hommes qui font les institutions", se donne à corps perdu dans son collège, y dépensant une grande partie de son patrimoine et de ses revenus, et renonçant (momentanément) à une carrière parmi les ordres religieux réguliers.

Albert Lecomte fonde, sous l'égide du collège de Tourcoing, quantité d'établissements scolaires catholiques dans la région : à Roubaix, à Solesmes, à Bailleul, à Douai, à Valenciennes. Le collège de Tourcoing en devient pour un certain temps la maison-mère.

La croissance de l'établissement est à peine freinée par la grave épidémie de typhus qui y fait rage en 1852 : l'abbé Lecomte ne peut empêcher le décès de deux élèves malgré l'évacuation rapide qu'il a ordonné. Lui-même manque y perdre la vie. Suite à ce triste évènement, il parvient à décider le conseil municipal d'autoriser le collège à quitter ses locaux vétustes de l'Hospice d'Havré.

En 1853, l'abbé Lecomte fait l'acquisition d'un terrain (d'environ deux hectares) au 111, rue de Lille. Il entreprend une vaste politique de travaux, et le Collège de Tourcoing prend possession des locaux, où il est demeuré jusqu'à aujourd'hui.

Ayant mené à bien la plupart des objectifs qu'il s'était fixé, l'abbé Lecomte quitte le collège en 1855 pour rejoindre l'Ordre des Chartreux et sa vie monacale, rêve qu'il caressait depuis longtemps. Installé dans les Alpes, il continue, par correspondance, de s'enquérir du devenir de l'Institution et donnera chaque année une forte somme d'argent (la quasi-totalité de sa pension de retraite) pour la construction de la Chapelle.

Il fut l'un des directeurs les plus compétents et les plus appréciés qu'ait compté l'Institution Libre du Sacré-Cœur.

De 1855 à 1858, année de son décès, l'abbé Lescouf, ancien adjoint de Lecomte, dirige le Collège avec, quant à lui, un penchant certain pour l'étude de la physique et de la chimie. C'est lui qui promeut les sciences au sein de l'établissement, jusque-là uniquement réputé pour sa formation de lettres classiques. Outre cela, Lescouf continue la construction de la grande chapelle. Malheureusement, sa mort prématurée l'empêche de procéder à son inauguration solennelle.

En 1859, le nouveau directeur, l'abbé Leblanc, une forte personnalité conservatrice qui dirigera l'établissement d'une main de fer pendant plus de quarante ans, inaugure la chapelle enfin terminée, qu'il consacre au Sacré-Cœur.

[modifier] Épopée industrielle: l'Institution Libre du Sacré-Cœur (1882)

C'est en 1870 que l'Institution reçoit par une bulle du pape Pie IX sa devise et ses armoiries: la devise, Timete Dominum et nihil aliud ("Craignez le Seigneur et rien d'autre"), s'explique par la vocation catholique de l'établissement et par le contexte de laïcisation de l'enseignement, débat qui commence à se développer en France et qui aboutira à la loi du 9 décembre 1905 de séparation des Églises et de l'État.

Enfin, le 5 octobre 1882, suite à des désaccords entre le rectorat et le supérieur à propos de la nomination de certains professeurs, la Ville de Tourcoing cesse de subventionner le Collège. Le supérieur Leblanc se sépare alors de la tutelle du recteur de Douai, et rebaptise le collège : l'Institution libre du Sacré-Cœur. Celle-ci devient un établissement privé diocésain, comme le rappelle une plaque de marbre située dans le hall d'entrée : "Contra omnium expectationem, Collegium, Deo sic disponente, libertate donatum".

En 1885, un grave incendie endommage considérablement les bâtiments et retarde l'avancée des travaux: seule la chapelle est épargnée par les flammes. Il faudra quinze ans pour que les dégâts de l'incendie soient complètement résorbés: en 1900, une grande fête ouverte à tous les Tourquennois est donnée à l'occasion de l'inauguration de nouveaux bâtiments et aussi pour célébrer le départ du Supérieur Leblanc, devenu entre temps Mgr Leblanc suite à sa nomination en tant qu'évêque, qui quitte l'Institution après avoir passé quarante ans à sa direction.

[modifier] La première moitié du XXe siècle

Après le départ de M. Leblanc, c'est Mgr Lecomte, le petit-neveu d'Albert Lecomte, qui devient Supérieur de 1901 à 1907. Le chanoine Leleu lui succède : c'est à lui qu'incombera la difficile responsabilité de gérer le collège pendant les années de guerres et d'occupation.

En effet, le faste de la Belle Époque laisse vite place aux affres de la Première Guerre Mondiale. En octobre 1914, la ville de Tourcoing est occupée par les Allemands : les bâtiments de l'Institution sont réquisitionnés par les occupants et les cours ont lieu dans les maisons de particuliers volontaires. Le Supérieur Leleu fait écran entre les exigences de l'occupant et ses jeunes élèves, notamment en ce qui concerne les réquisitions pour les travaux forcés. Ainsi, les relations avec l'Université Catholique de Lille étant coupées du fait de la guerre, il créa une annexe tourquennoise des Facultés lilloises dont il assuma la direction et la plupart des cours. Les élèves de Terminale quittant l'Institution purent de ce fait devenir étudiants à Tourcoing et échapper aux exactions de l'occupant.

Son opposition "passive" à l'occupant lui valut bien des soucis : le 6 janvier 1918, le chanoine Leleu est déporté en Lituanie par les Allemands: il a le même sort qu'environ une centaine de notables et personnalités tourquennoises. (A son retour, il racontera les privations et les humiliations qu'il a vécu dans un livre, Récit des Déportés en Lithuanie).

Le Supérieur Leleu est relâché en juillet 1918, et, en octobre de la même année, Tourcoing est libérée par les armées françaises. L'Institution rentre dans ses anciens locaux et retrouve son train de vie habituel.

En 1929 et 1931, sous la direction du chanoine Liagre (1928-1931) qui souhaite moderniser l'établissement, les deux longues ailes parallèles (abritant actuellement l'une le lycée, l'autre l'école) sont construites.

C'est à cette époque que le "Collège de Tourcoing" compte parmi ses élèves un certain Raymond Devos.

[modifier] Époque contemporaine et ses changements

Dans les années soixante, l'institution change de statut et devient un établissement privé sous contrat avec l'État, ce qui lui permet d'alléger les frais de scolarité supportés par les élèves et d'ouvrir son enseignement à de nouvelles classes sociales. Cette décision précède de peu la crise économique de la décennie 1970, qui ruinera Tourcoing et réduira quasiment à néant l'ancienne clientèle-type du Sacré-Cœur, la haute bourgeoisie textile.

En 1973, le Sacré-Cœur (jusque-là école de garçons) fusionne avec le lycée féminin Notre-Dame de l'Immaculée Conception. La mixité précède d'un peu moins de dix ans la loi de 1981 qui oblige le "Collège de Tourcoing" à se diviser en trois organes: l'école primaire, le collège et le lycée, le tout toujours sur le même site du 111, rue de Lille, et sous l'autorité et la dénomination de l'Institution Libre du Sacré-Cœur. Cette année 1981 voit également le départ du dernier supérieur ecclésiastique, M. l'abbé Jean-Marie Lezaire. Le supérieur est remplacé par trois directeurs laïcs, parmi lesquels un d'entre eux est nommé "Coordinateur de l'Institution".

Les années 1990 voient l'extension du Sacré-Cœur vers la rue du Petit Village; constructions de nouveaux bâtiments ou aménagement d'anciennes structures (ancienne usine reconvertie en salle de sports, église Sainte-Janne-d'Arc rasée pour laisser place à des aires de sport) : le Sacré-Cœur manque alors de place.

Côté activités scolaires, la création d'un journal trimestriel interne et d'une troupe de théâtre (devenue depuis troupe municipale de Neuville-en-Ferrain) prouvent le dynamisme du "Collège de Tourcoing", vieux de 340 ans.

[modifier] Rapide descriptif de l'Institution

[modifier] Structure

L'Institution Libre du Sacré-Cœur se compose à présent d'une école (environ 150 élèves), d'un collège (500 élèves) et d'un lycée d'enseignement général (800 élèves). Chacune de ces entités ont leur existence propre au sein de l'Institution et ont chacune leur directeur. Au niveau de l'Institution est nommé parmi les trois directeurs un Coordinateur.

2005 a également été l'année d'une importante innovation : il a été créé une annexe du collège à Roncq.

En septembre 2006 ont été rétabli les Conseils d'Etablissement (au niveau du lycée) et de Maison (au niveau de l'Institution); ils avaient été supprimés dans les années 1980.

[modifier] Formation proposée

En laissant de côté les cursus de l'école et du collège, qui suivent les règles communes à tous les établissements scolaires de France, nous évoquerons les différents parcours dans le lycée d'enseignement général :

Le taux de réussite à l'épreuve du baccalauréat avoisine généralement les 97%.

Particularité de l'Institution : elle est l'une des rares écoles de la région à conserver une classe de Grec ancien.

[modifier] Direction de l'Institution

[modifier] Les Gardiens des Récollets

  • 1666-1778 : Les Révérends Pères Récollets.
  • 1778-1790 : Père Louis Masquelier.

(Fermeture du collège de 1790 à 1802)

[modifier] Principaux Ecclésiastiques et Laïcs

  • 1802-1804 : Père Louis Masquelier (Récollet).
  • 1804-1810 : Père Herménégilde Bourgois (Carme).
  • 1810-1811 : Intérim du Père Benoît Cinglant (Bénédictin).
  • 1811-1823 : Père François Débruyère.
  • 1823-1831 : Abbé Louis-Constantin Flajolet (destitué après la Révolution de Juillet pour ses opinions légitimistes).
  • 1831-1833 : Monsieur Duchâtelet.
  • 1833-1838 : Monsieur Nimal.

[modifier] Les Supérieurs Ecclésiastiques

  • 1838 : Abbé Louis-Joseph Didier.
  • 1838-1855 : Abbé Albert Lecomte.
  • 1855-1858 : Abbé Augustin Lescouf.
  • 1858-1901 : Monseigneur Henri-Jean Leblanc.
  • 1901-1908 : Monseigneur Lecomte (petit-neveu d'Albert Lecomte).
  • 1908-1926 : Chanoine Leleu.
  • 1926-1928 : Chanoine Lemaître.
  • 1928-1931 : Monseigneur Liagre.
  • 1931-1947 : Chanoine Turcq.
  • 1947-19  : à compléter

[modifier] Les Directeurs (ou Coordinateurs) Laïcs

  • Depuis 1985 : Monsieur Louis-Marie Tanghe.

[modifier] Palmarès scolaire

Voir l'article Palmarès scolaire de l'institution libre du Sacré-Coeur.

[modifier] Anciens élèves célèbres

[modifier] Note

Institution Libre du Sacré-Cœur est le nom officiel de l'établissement. Parmi les élèves et les enseignants, le nom usuel est simplement le Sacré-Cœur ou le Sacré-Cœur Tourcoing.

[modifier] Bibliographie

  • Le Collège communal de Tourcoing pendant les 25 dernières années du régime universitaire, 1858-1883, Mgr H-J Leblanc.
  • Histoire de Tourcoing, Jean-Edouard Van Den Driessche, 1928; réédition de 2004, éditions la Découvrance.
  • Le Palmarès du Collège de Tourcoing (Liste manuscrite en latin des noms des lauréats (élèves) lors des concours de rhétorique, mathématiques, versions grecque et latine, annuels qui se déroula de 1725 à 1833 au sein de l'Institution), abbé Joseph Flipo, 1936.
  • Le Palmarès de l'Institution Libre du Sacré-Cœur, chanoine Leleu, 1924.

[modifier] Liens externes

Série Éducation en France
Cet article fait partie de la série Éducation en France
Études en France
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