Déchristianisation
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La déchristianisation était une politique qui, pendant la Révolution française, avait pour but de bannir le christianisme dans la vie quotidienne des campagnes, qu'il avait profondément imprégnée : croix et images pieuses détruites, fêtes religieuses interdites, agendas supprimés, proscription des prêtres réfractaires, et interdiction du culte.
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[modifier] Les événements
L'an II (1793) voit le triomphe de la politique de déchristianisation. Le mouvement commence le 5 octobre 1793 avec les décrets sur le calendrier révolutionnaire.
À l'époque, en effet, les agendas, liés au calendrier grégorien (années en 12 mois et 7 jours, amélioration apportée en 1582 en France au calendrier julien), étaient un moyen de diffuser les croyances chrétiennes, particulièrement dans les provinces, où la population était à la fois très rurale et peu lettrée. Dans un esprit de propagande, les révolutionnaires souhaitaient donc les supprimer, ainsi que le dimanche (jour du Seigneur).
La déchristianisation se trouve amplifiée par la volonté de certains Représentants en mission comme Joseph Fouché qui, dans la Nièvre et en Côte-d’Or, interdit toute manifestation extérieure du culte. Appuyés par les armées révolutionnaires, les représentants vont ensuite passer à la fermeture et au pillage des églises.
Le 23 novembre 1793, la Convention ordonne la fermeture des églises de la capitale.
Point culminant, le culte de la Raison à Notre-Dame de Paris le 10 novembre 1794. Le 24 novembre, Pierre-Gaspard Chaumette organise un culte de la Raison à Notre-Dame de Paris. Les églises sont fermées et le plus souvent transformées en entrepôts. Le culte est transformé en culte de l'Être Suprême, à l'instigation de Robespierre, et est accompagné de fêtes civiques. Dans ce culte, les fêtes religieuses sont transformées en différentes sortes de fêtes. Seule la fête de la Nature, en prairial, aura un réel succès.
Mais la Convention s'inquiète d'un mouvement qui n'est pas l'application d'une décision prise au sommet, et qui risque de détacher les catholiques de la Révolution. Un discours rappelle à l'ordre les Hébertistes.
[modifier] Formes de la déchristianisation
La déchristianisation s'est manifestée de différentes façons :
- les changements de noms de lieux,
- la suppression des agendas,
- la suppression du calendrier grégorien et la mise en place du calendrier républicain, avec des "semaines" de dix jours (suppression du dimanche),
- les abdications,
- les persécutions et les massacres des prêtres réfractaires,
- l'iconoclasme,
- les autodafés,
- la fonte de l'argenterie,
- les fêtes civiques,
- la fonte des cloches,
- le culte de la Raison,
- le culte de l'Etre suprême.
Il faut ajouter à cette liste la profanation de tombeaux dans la basilique Saint-Denis : les tombeaux des principaux rois de France ont été profanés, en deux vagues, en août 1793, et du 12 au 25 octobre 1793, à l'instigation de Barère, porte parole du Comité de Salut Public.
[modifier] Suites
Le calendrier républicain a posé des problèmes de repos hebdomadaire (semaines de 10 jours), ainsi que des difficultés de traduction entre calendriers aux frontières pour les échanges commerciaux. Il fut abandonné en 1806.
Les églises sont réouvertes le 31 mai 1795. Le mouvement va continuer à décroître sensiblement après le coup d'État du 18 fructidor an V (4 septembre 1797). Le Concordat rétablit officiellement le culte en 1802. Le calendrier grégorien n'est rétabli qu'en 1806, pendant la période de l'Empire.
À plus long terme, la déchristianisation a engendré en France au XIXe siècle différents mouvements de scientisme, idéologie, ou utopie.
[modifier] Voir aussi
[modifier] Avant la déchristianisation proprement dite
[modifier] Le culte de la Raison et de l'Être suprême
[modifier] Le changement de calendrier
[modifier] Les révolutionnaires impliqués
[modifier] Autre
[modifier] Bibliographie
- Histoire de la France religieuse, sous la direction de Jacques Le Goff et René Rémond, XVIIIe siècle – XIXe siècle Seuil, novembre 1991.
- De temps en temps, Histoires de calendriers, Tallandier Historia, Claude Naudin (direction éditoriale), 2001, ISBN 2-235-02-277-4.