Édouard Frédéric-Dupont
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Édouard Frédéric-Dupont, né le 10 juillet 1907 à Paris et décédé le 15 février 1995 dans la même ville, est un homme politique français, ancien ministre, ancien député, conseiller de Paris et maire du VIIe arrondissement de Paris jusqu'à sa mort. Il fut surnommé "Dupont des loges" par ses partisans car il était réputé connaître chaque immeuble de sa circonscription.
[modifier] Biographie
Né à Paris (avenue Bosquet), avocat à la Cour d'appel de Paris et défenseur (à titre gratuit) des concierges, des commerçants et des artisans du VIIe arrondissement de Paris, il s'engage en politique dès 1923, et il est élu conseiller municipal en 1933 du secteur Saint-Thomas d'Aquin sous l'étiquette « républicain national » lors d'une partielle consécutive à la démission du conseiller sortant maurrassien Ambroise Rendu, qui pensait faire élire son fils.
Édouard Frédéric-Dupont participe aux émeutes du 6 février 1934 où il descend dans la rue, ceint de son écharpe de conseiller pour protester contre la révocation du préfet de police Jean Chiappe par le gouvernement d'Édouard Daladier. Blessé à la tête lors des émeutes, il en fera un argument électoral pour ses campagnes suivantes ce qui lui vaudra d'être réélu conseiller de Paris dès le premier tour avec 95% des voix en 1935 puis député de la Seine avec 83% des voix, au premier tour également, en 1936. Lui qui avait commencé sa carrière à l'Alliance démocratique a désormais l'étiquette de la Fédération républicaine, plus conservatrice.
Député à l'Assemblée nationale, Édouard Frédéric-Dupont combat le Front Populaire alors qu'au Conseil de Paris, selon ses propres dires, « les projectiles volaient bas avec le groupe communiste, au-dessus de la tête des préfets ».
En 1940, il vote les pleins pouvoirs au maréchal Pétain. Il est maintenu en place par le régime de Vichy au Conseil municipal de Paris dont il devient le vice-président en 1941. Il démissionne de cette assemblée en 1943 pour protester contre l'arrestation de résistants et lui-même prend le maquis en 1944 (ce qui lui vaudra d'être médaillé de la résistance et d'être relevé de son inéligibilité prononcée pour son appartenance au conseil municipal vichyste de Paris). Il est réintégré au conseil municipal provisoire en dépit des protestations des communistes et des réserves de certains résistants gaullistes. Il est cependant réélu au conseil municipal lors des élections de 1945, représentant le deuxième secteur (VIe, VIIe et XVe arrondissements).
En 1945, Édouard Frédéric-Dupont est élu député de la 1re circonscription de la Seine à la Première Assemblée nationale constituante puis à la Seconde sous l'étiquette du Parti républicain de la liberté dont il est l'un des fondateurs.
Élu député PRL au Palais-Bourbon en 1946, il rejoint l'intergroupe gaulliste dès sa formation en 1947 en dépit encore des réserves des gaullistes intransigeants avec ceux qui ont frayé trop longtemps avec le régime de Vichy. C'est ainsi qu'en 1947, il ne reçoit pas l'investiture du RPF pour se représenter aux municipales. Il n'en finit pas moins par obtenir son adhésion et son investiture pour sa réélection en tant que député en 1951.
Très favorable au maintien de l'Empire colonial français, Édouard Frédéric-Dupont est un porte-parole des colonialistes au sein du Rassemblement (avec Jacques Foccart et Maurice Bayrou).
En mars 1952, il fait parti des 27 députés RPF qui votent l'investiture d'Antoine Pinay à la présidence du conseil en dépit de la position exprimée par le général de Gaulle. Exclu en conséquence du RPF avec ses 26 autres collègues, il rejoint l'ARS de Pinay, séduit comme beaucoup d'autres députés gaullistes par le conservatisme gouvernemental qu'incarne le nouveau président du Conseil.
En 1953, sous l'étiquette ARS (CNI), il est de nouveau élu au conseil municipal dont il devient le premier président de ce mandat. Il siègera dorénavant à ce conseil sans discontinuité jusqu'à sa mort.
Du 3 au 9 juin 1954, il est brièvement ministre des relations avec les États associés d'Indochine dans le gouvernement Joseph Laniel.
De 1956 à 1962, il siège avec le CNI. C'est à cette époque, dans son combat pour l'Algérie française, qu'il côtoie le jeune député Jean-Marie Le Pen avec lequel il tisse des liens.
De 1958 à 1962, il est vice-président de l'assemblée nationale.
En 1962, il est battu par le gaulliste Jacques Mer lors des élections législatives. Son éloignement des gaullistes s'accentue quand il soutient le général Raoul Salan lors de sa comparution devant le Haut tribunal militaire.
En 1967, il prend sa revanche en l'emportant sur Maurice Couve de Murville sous l'étiquette Progrès et démocratie moderne (PDM). Il n'est pas candidat en juin 1968 et le gaulliste Michel Caldaguès reprend son siège.
De 1973 à 1978, il est député républicain indépendant.
En 1977, au sein du conseil de ville de Paris, il pronera la coopération entre le jeune RPR et le PR alors que les deux partis se déchirent pour placer un des leurs à l'hôtel de ville (Jacques Chirac sera élu maire de Paris). Il basculera lui-même dans le camp de Jacques Chirac et il s'apparente au RPR qu'il représente ainsi à l'assemblée nationale de 1978 à 1986 (réélu en 1981).
En 1983, il est réélu au premier tour maire du VIIe arrondissement avec le score avoisinant les 83% des suffrages.
Fidèle à Jacques Chirac, Édouard Frédéric-Dupont sera au début des années 80 un des avocats du rapprochement de la droite avec le Front National de Jean Marie Le Pen. Après le rétablissement du scrutin proportionnel, il accepte de figurer sur la liste FN de Paris, à l'instar d'autres personnalités de droite (Olivier d'Ormesson, Charles de Chambrun...) tentées par cette alliance. En 1986 il est ainsi l'un des trente-cinq députés et apparentés Front National et le vice-doyen de l'assemblée. Il tente de jouer un rôle charnière entre la droite gouvernementale et le FN et sera l'un des seuls députés frontistes à accorder sa confiance au gouvernement.
En 1988, amer et déçu (notamment par Le Pen), Édouard Frédéric-Dupont envisage dans un premier temps son retrait de la vie politique nationale. C'est Jacques Chirac qui lui demande de se représenter, sous l'étiquette RPR, dans sa circonscription traditionnelle du VIIème arrondissement. Il accepte et est facilement réélu député contre Marie-Caroline Le Pen, candidate parachutée dans sa circonscription.
En 1989, il est réélu maire du VIIe arrondissement.
En 1993, il abandonne volontairement son siège de député à Michel Roussin, qui une fois entré au gouvernement, laisse le siège à sa suppléante Martine Aurillac, mais il garde sa mairie.
Édouard Frédéric-Dupont est décédé le 14 février 1995 à l'hôpital Necker à l'age de 92 ans au terme de la plus longue carrière de conseiller de Paris de l'histoire récente de la capitale.
Parmi les réalisations concrètes d'Édouard Frédéric-Dupont lorsqu'il était Président du Conseil municipal ou maire du VIIème arrondissement, on peut citer :
- la création du périphérique parisien (en 1953),
- la construction du parking souterrain des Invalides,
- la restauration à l'identique des jardins de l'intendant, autour de l'hotel des Invalides
- le classement en secteur sauvegardé d'une partie du VIIème arrondissement.
Ses liens avec l'extrême droite à certains moments de sa vie en ont cependant fait une figure controversée chez ses adversaires et les historiens.
