Siège de Saint-Jean-d'Acre (1191)

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Opération militaire de la troisième croisade (1189-1191).

En juillet 1188, Saladin remet en liberté Guy de Lusignan, roi de Jérusalem capturé l'année précédente à la bataille de Hattin, après lui avoir fait jurer solennellement de ne plus prendre les armes contre les musulmans.

En août 1189, Guy de Lusignan, reniant sa parole, met le siège devant le port d’Acre. Il dispose de forces modestes, mais chaque jour des navires chargés de combattants arrivent d’Occident en renfort (septembre). La cité est doublement encerclée : autour des remparts, les Francs forment un arc de cercle, mais doivent compter, sur leurs arrières, avec l’armée de Saladin, qui tente de les prendre en tenaille.

En octobre, Saladin apprend l’arrivée près de Constantinople de l’empereur d’Allemagne Frédéric Barberousse, avec de 200 à 260 000 hommes. Saladin appelle tous les musulmans au jihad.

Le siège d’Acre s’enlise. Saladin, inquiet de l’avancée de Barberousse en Asie mineure, n’a pu mener d’offensive définitive. Les belligérants s’accordent des trêves pendant lesquelles ils banquètent et s’adonnent à des jeux. Mais les épidémies font des ravages, et durant l’hiver 1189/1190, le ravitaillement des assiégés n’est pas facile, surtout que le blocus maritime se fait plus rigoureux. Par deux fois cependant, des flottes égyptiennes parviennent à arriver jusqu’au port, au prix de lourdes pertes. Saladin doit avoir recours à la ruse. En juillet, il fait armer à Beyrouth un navire chargé de ravitaillement. Son équipage est habillé comme des Francs, des croix sont accrochées aux mâts, des porcs mis en évidence sur le pont. Il parvient à rompre le blocus.

Barberousse, victorieux sur les Turcs à Iconium en mai 1190, se noie en Cilicie en traversant le Selef (10 juin). Eprouvée par les difficultés du chemin, puis par une épidémie qui se déclare à Antioche, son armée se disperse. Quelques centaines de chevaliers seulement participeront avec Frédéric de Souabe au siège d’Acre.

En avril 1191, le roi de France Philippe Auguste débarque au voisinage d’Acre avec ses troupes. Le roi d’Angleterre Richard Cœur de Lion le rejoint début juin, avec 25 galères, après s’être emparé de Chypre. Richard qui désire rencontrer Saladin, entre en contacts avec son frère al-Adel, mais sans résultats. Le 11 juillet, les habitants d’Acre, en proie à la famine, capitulent après deux ans de siège. Richard fait massacrer la garnison de la ville, 2700 soldats, avec près de 300 femmes et enfants de leur famille.

Philippe Auguste quitte la Palestine en août. Richard marche vers le sud, le long de la côte, tandis que Saladin lui barre la route de Jérusalem. Il obtient quelques succès, notamment dans la plaine côtière d’Arsouf, au nord de Jaffa (septembre). Soucieux de rentrer en Angleterre, il insiste pour parvenir à un accord rapide auprès d’al-Adel. Il réclame Jérusalem, le territoire à l’ouest du Jourdain et la vraie croix, que les musulmans ont prise à Hattin. Saladin refuse en bloc, mais ouvre les négociations. Richard propose alors de donner sa sœur, veuve du roi de Sicile, en mariage à al-Adel. Il donnerait les terres qu’il contrôle, d’Acre à Ascalon, à sa sœur, tandis que Saladin céderait ses possessions du littoral à son frère. La croix leur serait confiée, et les prisonniers des deux camps seraient libérés. L’accord plait à al-Adel. Saladin accepte, conscient qu’il s’agit d’une ruse. Son refus aurait déplu à al-Adel, et provoqué la discorde entre les frères. Richard, démasqué, doit reculer : sa sœur refuse d’épouser un musulman !

Saladin, de son côté, engage des pourparlers avec Conrad de Montferrat qui entretient des rapports tendus avec Richard, le soupçonnant de vouloir le priver de ses possessions. Il va jusqu’à proposer au sultan une alliance contre « les Francs de la mer ». Richard, exaspéré, le fera assassiner quelques mois plus tard. Les négociations entre Richard et Saladin traîneront encore un an.

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