Croisade des Albigeois
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La croisade des Albigeois (1208-1229) — ou plutôt croisade contre les Albigeois — fut une croisade proclamée par l'Église catholique contre l'hérésie — principalement le catharisme et dans une faible mesure le valdéisme. Cette croisade marcha en premier contre les terres des Trencavel, vicomtes d'Albi, de Béziers et de Carcassonne, ce qui lui valut son nom.
Sommaire |
[modifier] Déroulement de la croisade
[modifier] Appel à la croisade
Au début de son pontificat, Innocent III s'inquiète de l'influence grandissante de l'Église cathare en Occitanie. Il tente à plusieurs reprises d'initier une croisade contre cette hérésie, d'abord auprès de la noblesse et du haut-clergé occitan, puis auprès du roi de France Philippe Auguste, sans grand succès.
Durant cette période, de nombreux prêtres envoyés par le pape et ses légats prêchent publiquement contre le catharisme. C'est en rencontrant une de ces délégations, dont les efforts sont infructueux, que Dominique de Guzmán a l'idée de créer l'Ordre des Prêcheurs qui prend modèle sur la prédication itinérante de Jésus afin de mieux toucher les populations locales.
En 1208, l'assassinat du légat du pape, Pierre de Castelnau sert d'élément déclencheur à la croisade. L'appel du pape est enfin entendu par quelques barons français qui prennent la croix à titre individuel, sans engager la couronne de France.
[modifier] La croisade des Barons
Les seigneurs croisés et leur suites descendirent vers le Midi par la voie classique : la vallée du Rhône. Raymond VI de Toulouse, déjà frappé d'excommunication, sentit le péril qui menaçait ses terres. Il se repentit publiquement et pour prouver sa bonne foi se croisa à son tour. Raimond-Roger Trencavel, comte de Béziers et vicomte de Carcassonne, voulut agir de même. Les croisés refusèrent, la croisade n'aurait plus de raisons d'être si tous les seigneurs languedociens se croisaient les uns après les autres.
[modifier] Le sac de Béziers
Le 21 juillet 1209, l'armée des croisés arriva à Béziers. Trencavel était absent, il organisait la défense de la cité de Carcassonne. Les habitants de Béziers refusèrent l'offre des croisés de livrer les cathares. Un long siège semblait se préparer. Mais les croisés pénétrèrent par surprise dans la ville et en massacrèrent tous ses occupants, cathares ou catholiques (citation célèbre d'Arnaud Amaury : "Tuez les tous, Dieu reconnaîtra les siens") .
[modifier] La chute de Carcassonne et du comté
Après avoir pris Béziers le 22 juillet 1209, les croisés, le 1er août, encerclent, la cité de Carcassonne où est retranché Raimond-Roger Trencavel. Les croisés attaquèrent par le nord et se rendirent maîtres des points d'eau qui ravitaillaient la ville. Le siège se resserra autour des remparts, Carcassonne souffrait du manque d'eau. Malgré une fugitive apparition du roi d'Aragon Pierre II, la cité doit capituler et Trencavel se rend à Arnaud Amaury, sous la condition expresse que ses chevaliers puissent quitter la place sans encombre.
Elu chef de la croisade, Simon IV de Montfort entreprend alors la conquête systématique du Razès. Il occupe Montréal, Preixan, puis Fanjeaux, abandonné par ses habitants. Raimond-Roger Trencavel, vicomte de Carcassonne et du Razès, âgé de 24 ans, meurt dans une tour de la cité. En juin 1210, Simon de montfort entreprit le siège de Minerve. Comme à Carcassonne, les croisés détruirent les points d'eau, la ville dut se rendre. La garnison eut la vie sauve, mais les 140 cathares qui refusèrent de renier leur foi furent brulés vifs. Encouragé par son succés à Minerve, Simon de Montfort décida d'attaquer le château de Termes. Il n'en vint à bout qu'après quatre mois de siège. Le château de Puivert, après, trois jours de siège, fut investi par les croisés. Le seigneur Pierre-Roger de Cabaret décida, après la chute de Termes et de Puivert de remettre ses châteaux de Lastours au chef de la croisade en échange de la libération du seigneur de Saissac, Bouchard de Marly. A la fin de l'année 1210, Simon de Montfort, nanti du titre de vicomte du Razès, distribue à ses lieutenants les terres conquises. Il pouvait s'attaquer maintenant aux deux seigneurs les plus puissants de la région, le comte de Toulouse et le comte de Foix.
[modifier] Le siège de Lavaur et la bataille de Muret
Les croisés, au printemps 1211, arrivèrent au pied des remparts de Lavaur. Le 3 mai, les croisés pénètrent dans la ville. La répression fut terrible, Aymeri de Montréal et ses 80 chevaliers furent pendus. Dame Guiraude, soeur du seigneur Aymeri de Montréal, est lapidée au fond d'un puit et les 400 cathares furent brûlés vifs. Aussitôt après, Simon de Montfort assiégea Toulouse. Ce fut un échec. Raymond VI et le comte de Foix Roger Bernard avaient décidé, depuis le siège de Lavaur, de s'unir pour combattre les croisés.
Pour la première fois, les seigneurs occitans s'étaient groupés pour faire face aux croisés. L'affrontement eut lieu à Castelnaudary en septembre 1211 où après un combat sanglant, chaque camp revendiqua la victoire. En 1212, Pierre II d'Aragon se décide enfin à intervenir et, l'année suivante, tout auréolé du prestige qui lui confère sa victoire contre les musulmans à Las Navas de Tolosa, pénètre en Languedoc à la tête d'une armée. Mais une fois de plus, le génie militaire de Montfort s'impose, facilitée aussi par l'absence de coordination entre les chefs alliés : le 12 septembre 1213, dans la plaine de Muret où l'entente occitane subit une cuisante défaite, l'Aragon perd son roi. Les conséquences de la bataille de Muret sont importantes, puisque Foix, Narbonne, le Comminges tombent dans les mains de Simon de Montfort. Au mois de novembre 1215, le quatrième concile du Latran dépossède Raimond VI et Trencavel au profit de Simon de Montfort qui s'intitule désormais duc de Narbonne, comte de Toulouse, vicomte de Carcassonne et du Razès. Arnaud Amaury devient archevêque de Narbonne.
[modifier] La reconquista occitane
Raimond VI, réfugié en Catalogne où il lève une armée et son fils Raymond VII, à partir de la Provence que lui avait laissée le concile de Latrau, reprennent la lutte et infligent à Montfort sa première défaite en août 1216 à Beaucaire. L'année suivante, alors que le chef des croisés assiège Toulouse, il est atteint à la tête par un jet de pierre et meurt, le 25 juin 1218.
Arnaud Amaury, succéde à son père Simon. En 1220, il encercle Castelnaudary, où est retranché le comte de Foix. Le siège se prolonge jusqu'en mars 1221 et le nouveau chef des croisés, est contraint de lever le camp et de se retrancher à Carcassonne. En février de la même année, Raimond VII et son allié fuxéen s'emparent de Montréal. En juin, Roger-Bernard de Foix reprend Fanjeaux, Limoux et Pieusse avant de poursuivre la reconquête dans la Carcassès et son frère Loup de Foix, libère le Bas-Razès. Enfin en mars 1233, Mirepoix est libéré et Guy Ier de Lévis doit gagner Carcassonne.
[modifier] La croisade royale
Toutefois, Louis VIII, poussé par sa femme Blanche de Castille, décide d'intervenir à la tête de l'armée royale, descend la vallée du Rhône en 1226 et soumet Avignon. En juin, avertis de l'approche de l'armée royale, les bourgeois de Carcassonne se révoltent contre Trencavel, qui s'était établi à la cité, et le forcent à se replier sur Limoux, en compagnie de Roger-Bernard de Foix. de là, les deux alliés organisent la résistance. Par une charte du 17 juin 1227, Trencavel place Limoux et tout le Razès sous la protection de Roger de Foix. Pour lors, l'intervention royale brise , les espoirs de Trencavel qui doit s'enfuir en Catalogne, et ceux de Raimond VII car les traités de Meaux et de Paris, signés en 1229, assurent l'emprise française sur le Languedoc.
[modifier] Le prolongement de la croisade
[modifier] L'attaque et l'échec de Raymond Trencavel
Au cours de l'été 1240, une armée, surgit des Corbières. Son chef Raymond Trencavel, à la tête de faydits du Razès, du Carcassonnais et du Fenouillèdes, épaulés par un corps d'infanterie aragonais, tente de reprendre ses anciens domaines au roi de France. Profitant de l'effet de surprise, elle fond sur Carcassès, mais au lieu d'attaque directement la cité, le vicomte préfère rentrer en possession du Razès. Ainsi, le sénéchal de Carcassonne, Guillaume des Ormes eu le temps de renforcer ses défenses. Le siège de la cité par Raymond est un échec et s'enferme dans Montréal. Les comtes de Toulouse et de Foix se présentent alors au camp des français et parviennent à obtenir une reddition honorable pour Trencavel, autorisé à rejoindre l'Aragon.
[modifier] L'ultime tentative et la soumission de Raimond VII
Raymond VII de Toulouse, appuyé par Trencavel, par le vicomte de Narbonne Amalric et par le comte de Foix, s'empare du Razès en 1242, puis du Minervois, d'Albi, avant d'entrer à Narbonne. Les Français tiennent fermement Carcassonne et Béziers. Le soulèvement général qu'escomptait Raymond VII ne s'est pas produit : ni le duc de Bretagne, ni le comte de Provence, ni le roi d'Aragon n'avaient répondu à son appel. De plus, Louis IX faisait route vers le Languedoc, à la tête d'une armée. Dans ces conditions, le comte de Toulouse en est réduit à traiter avec le roi de France. En janvier 1243, Raymond VII fait acte de soumission à Louis IX, imité par le comte de Foix et le vicomte de Narbonne.
[modifier] La résistance cathare
L'hérésie cathare est en réalité toujours présente sur les terres des seigneurs méridionaux. L'Inquisition est alors créée dans le but d'extirper l'hérésie, les cathares, mais les vaudois souffrent également de cette répression. Ceci occasionne encore plusieurs soulèvements (tel le siège de Carcassonne en 1240), et la prise de forteresses qui ne s'étaient pas encore soumises (telles les châteaux de Montségur en 1244 et de Quéribus en 1255). L'Inquisition reste encore active dans cette partie du royaume pendant environ trois quarts de siècle jusqu'à ce que le catharisme soit complètement éteint.
[modifier] Bilan
Cette croisade a eu des répercussions autant sur le plan religieux que sur le plan politique.
Sur le plan religieux d'abord, les conséquences directes sont l'élimination du catharisme en Occitanie, la création de l'Ordre des Prêcheurs (les dominicains) et la création de l'Inquisition médiévale.
Sur le plan politique, la comté de Toulouse et de Foix et les vicomtés Trencavel étaient vassales du roi de France en théorie, mais indépendantes par rapport à ce dernier de fait, tout en subissant l'influence du royaume d'Aragon. La croisade bouscule cette donne, les anciennes vicomtés Trencavel devenant en partie des sénéchaussées royales et la région bascule sous l'influence réelle de la couronne de France.
En définitive, c'est le royaume de France qui retire le plus de bénéfices de ce conflit dans lequel il ne voulait pas s'impliquer au départ : Le Languedoc, qui jusque là était encore sous l'influence de la Catalogne et des Aragonais, rentre définitivement dans la sphère d'influence française. La croisade marque la séparation définitive entre les Occitans au nord, plus préoccupés désormais d'affaires françaises, et les Catalans au sud, qui achèvent leur reconquête et se tournent davantage vers la Méditerranée (Sicile, Sardaigne, Corse...).
[modifier] Principaux protagonistes
Cette croisade est donc un ballet entre trois puissances en place : l'Église, les seigneurs français et les seigneurs méridionaux.
Les grandes figures de ce conflit s'étalent sur principalement deux générations.
[modifier] L'église catholique
- Le pape Innocent III qui initie la croisade
- Honorius III, le pape de la continuité
- Leur légat, Arnaud Amaury, longtemps le chef spirituel de la croisade
- L'Inquisition médiévale qui poursuit la lutte contre l'hérésie
[modifier] Les seigneurs français
- Simon de Montfort, le chef temporel de la croisade à son début
- Amaury de Montfort, son fils
- Leurs lieutenants, tel Guy Ier de Lévis...
- Louis VIII, roi de France
- Blanche de Castille, sa femme et régente du royaume pour Louis IX
[modifier] Les seigneurs languedociens
- Raimond-Roger Trencavel, qui périt dès le début de la croisade
- Raymond son fils, qui mène certaines insurrections contre les croisés établis
- Raymond VI de Toulouse
- Raymond VII de Toulouse, fils du précédent
- Raymond-Roger de Foix, qui prête main forte aux Trencavels et au comte de Toulouse
- Roger-Bernard de Foix, son fils
- Leurs vassaux respectifs et les seigneurs et chevaliers dits faydits
- Pierre II d'Aragon
[modifier] Chronologie des évènements
[modifier] Voir aussi
[modifier] Articles connexes
[modifier] Bibliographie
- Michel Roquebert, Histoire des cathares. Paris, Perrin, 1999. ISBN 2262012687.
[modifier] Lien externe
Croisades : Ire - IIe - IIIe - IVe - Ve - VIe - VIIe - VIIIe - IXe |
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Voir aussi : Reconquista - vocabulaire - sources arabes - chronologie synoptique |
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