Royaumes indonésiens
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A propos de l'histoire de l'Indonésie, on appelle habituellement "royaume" des entités qui, si on prenait pour critère la taille du territoire, pourraient difficilement être qualifiées de telles dans le contexte européen.
Le premier royaume indonésien attesté par l'épigraphie (c'est-à-dire l'ensemble des inscriptions sur pierre ou sur plaques de cuivre commémorant ou relatant un événement particulier) est Tarumanagara dans l'ouest de l'île de Java. Son existence est attestée par des inscription qu'on date du Ve siècle après J.-C. Son territoire était situé à l'est de l'actuelle Jakarta, autour de l'embouchure du fleuve Citarum, "la rivière de l'indigo", qui porte donc encore le nom de l'ancien royaume. L'étendue de son territoire ne devait pas dépasser la moitié d'un département français. La prospérité de Tarumanagara, "le pays de l'indigo", reposait sur l'exportation de cette précieuse teinture, rendue possible par sa position à l'embouchure d'un cours d'eau, en un terrain plat, face à la mer de Java, c'est-à-dire ouverte sur le monde extérieur et le commerce international.
Les livres d'histoire des écoliers indonésiens expliquent qu'autrefois, les Indonésiens avaient deux grands royaumes, Sriwijaya et Majapahit, qui occupaient non seulement le territoire de l'actuelle Indonésie, mais aussi la péninsule malaise et les Philippines.
[modifier] La logique du réseau
Des inscriptions en vieux-malais datées de 683 à 686 et provenant de l'île de Bangka et de la ville de Palembang dans le sud de l'île de Sumatra parlent d'une kadatuan de Sriwijaya. Kadatuan est formé sur le mot malais datu dont le sens initial est "chef". A la tête de la kadatuan se trouve un Dapunta Hyang, qu'on a traduit par "roi". Sriwijaya, qui se trouvait à l'emplacement de l'actuelle ville de Palembang, était ce qu'on peut appeler une cité-Etat, comme aujourd'hui Singapour. Son territoire propre devait à peine avoir l'étendue de la ville actuelle. On donne, pour sa population, des estimations de 30 000 à 50 000 habitants.
Les descriptions qu'en font des récits de voyageurs arabes et des annales chinoises la décrivent comme le royaume le plus puissant d'Asie du Sud-Est. On a donc longtemps cru que Sriwijaya était un "empire" qui contrôlait de vastes territoires. Les nationalistes indonésiens s'en sont emparés pour donner une identité et une fierté aux "indigènes" des Indes néerlandaises dominées par des Européens. Le prestige de Sriwijaya était tel que non seulement les Indonésiens, mais aussi les Malaysiens et même les Thailandais ont voulu montrer que la capitale de Sriwijaya était sur leur territoire. Même les Philippins expliquent que leur pays était autrefois vassal de Sriwijaya. Certains Indiens présentent tout simplement Sriwijaya comme une partie de l'histoire de leur pays.
Le malentendu vient de la perspective prise. La puissance de Sriwijaya reposait sur sa capacité à contrôler le trafic du détroit de Malacca, une des grandes voies du commerce international de l'époque, par laquelle passaient des bateaux qui reliaient les Moluques et la Chine à l'est, à l'Inde, au Moyen-Orient et à la côte orientale de l'Afrique à l'ouest. Venant des Moluques ou de Chine, les bateaux se présentaient nécessairement en vue de Sriwijaya (à l'époque, la côte sud-est de Sumatra était beaucoup plus en retrait qu'aujourd'hui, et l'actuelle Palembang était moins loin de la mer) et y faisaient escale.
Le contrôle de Sriwijaya reposait sur sa capacité à imposer l'escale aux bateaux. L'épigraphie mentionne des expéditions punitives contre d'autres contrées de la région, sans doute pour leur rappeler leurs obligations envers Sriwijaya. Mais Sriwijaya n'administrait pas ces contrées. Celles-ci constituaient un réseau dont Sriwijaya était le centre.
Ce modèle se rerouve avec Majapahit, un royaume de l'est de Java dont le territoire propre était la moyenne vallée du fleuve Brantas,au sud-ouest de la ville actuelle de Surabaya. Un poème épique écrit en 1365, le Nagarakertagama, énumère une centaine de "contrées tributaires" du royaume. Mis sur la carte, ces contrées recouvrent effectivement en gros le territoire de l'Indonésie. Il s'agissait en réalité de comptoirs qui commerçaient avec Majapahit. Le royaume s'assurait que ces contrées ne faisaient pas de commerce pour leur propre compte en y envoyant des dignitaires du clergé shivaite, les bhujanga. Mais il n'administrait pas ces territoires, qui avaient leurs propres rois et princes. Ici encore, on avait un réseau de royaumes et principautés dont Majapahit était le centre.
Le territoire de Majapahit occuperait à peine lui aussi la moitié d'un département français. Toutefois, le roi donnait des territoires en apanage à des membres de sa famille, qui administraient leur fief comme s'ils en étaient le souverain. Le royaume contrôlait ainsi un territoire qui s'étendait de la moitié occidentale de Java Est jusqu'au centre de Java, ce qui réprésentait peut-être un quart de l'île. Ce contrôle reposait lui aussi sur une logique de réseau.
Peu avant 1400, un prince de Palembang, refusant la suzeraineté de Majapahit, se réfugie sur la côte ouest de la péninsule malaise, où il fonde Malacca. Ce port devient rapidement une escale pour les bateaux qui empruntent le détroit. Le commerce entre la Chine et les Moluques d'une part, et l'Inde et le Moyen-Orient d'autre part, est dominé par des marchands musulmans. Le premier souverain de Malacca se convertit à l'islam. La cité prospère et devient le port le plus important d'Asie du Sud-Est. Après sa prise par les Portugais en 1511, cette prospérité, qu'a pu encore décrire le Portugais Tomé Pires, qui y a vécu de 1512 à 1515, va rapidement disparaître. Les Portugais ne parviennent en effet pas à s'intégrer dans le réseau qui avait permis la fortune de Malacca.
On peut dire que, outre la christianisation de l'est de l'archipel indonésien, la principale conséquence de la prise de Malacca par les Portugais a été la rupture du réseau commerçant asiatique dans la région. En imposant au XVIIe siècle leur monopole sur la production et le commerce des épices, les Hollandais vont définitivement anéantir cette logique de réseau, qu'ils ont remplacé par l'administration centralisée d'un vaste territoire qui s'appelle aujourd'hui la République d'Indonésie. On connaît les difficultés de cette dernière à maintenir une conception centralisée du pouvoir. "Mais ça, c'est une autre histoire..."
[modifier] La formation des royaumes
[modifier] Java
L'épigraphie du VIIIe siècle dans le centre de Java révèle les rivalités entre des raka ou seigneurs dont chacun a réussi a réunir sous son autorité un certain nombre de wanua ou villages (wanua, dans la langue bugis du sud de l'île de Célèbes, désigne les différentes principautés qui commencent à se former à partir du XVe siècle, et dans les langues polynésiennes, vanua veut dire "terre"). Ces raka s'efforcent d'augmenter leur prestige par des fondations pieuses. Une inscription datée de 778 relate ainsi la fondation, par un souverain Sailendra, d'un temple associé à un monastère. En retour, les communautés religieuses bouddhiques ou hindouistes (les deux cohabitaient dans le centre de Java) les gratifiaient de titres symboliques comme maharaja.
Certains de ces raka ont eu les moyens de construire d'imposants monuments comme Borobudur bouddhique ou Prambanan shivaite.
L'unification des ces petites seigneuries en une entité plus importante ne commence qu'au IXe siècle. On sait ainsi qu'un raka de
Royaumes indonésiens de Java