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Histoire de l'Indonésie

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Sommaire

[modifier] La préhistoire

Il y a environ 21 000 ans, la Nouvelle-Guinée était reliée à l'Australie, formant la masse continentale appelée "Sahul". L'Australie avait été peuplée il y a au moins 40 000 ans par des migrations depuis l'actuel continent asiatique. On a retrouvé, dans la Grande Grotte de Niah au Sarawak un crâne humain qu'on a daté de 40 000 ans. Ces migrations avaient été possibles car à l'époque, le niveau des mers était plus bas qu'actuellement, et le continent australien était alors relié au continent asiatique. Des migrations avaient également pu avoir eu lieu directement de l'Asie vers la Nouvelle-Guinée et les îles Salomon.

Il y a 5 000 à 6 000 ans, le niveau des mers est remonté pour atteindre la situation actuelle, coupant ces populations du continent asiatique et empêchant d'autres migrations pour un certain temps.

Il y a 5 000 ans (3 000 av. J.-C), des habitants du littoral de la Chine du Sud, cultivateurs de millet et de riz, commencent à traverser le détroit pour s'installer à Taiwan. Vers 2 000 avant J.-C., des migrations ont lieu de Taiwan vers les Philippines. De nouvelles migrations commencent bientôt des Philippines vers Célèbes et Timor et de là, les autres îles de l'archipel indonésien. Vers 1 500 av. J.-C., un autre mouvement mène des Philippines en Nouvelle-Guinée et au delà, les îles du Pacifique. Les Austronésiens sont sans doute les premiers grands navigateurs de l'histoire de l'humanité. (voir aussi : Peuplement de l'Océanie)

Des fouilles ont livré de nombreux objets de bronze dont la technique et la décoration montrent une influence de la civilisation de Dong Son du Vietnam (Xe-Ier siècles av.J.C.).

[modifier] L'entrée dans l'histoire

L'épopée indienne du Ramayana, écrite entre le IIIe siècle avant J.-C. et le IIIe siècle après J.-C., mentionne les noms de Suvarnadvipa, "l'île de l'or", qui désigne sans doute Sumatra, et de Yavadvipa, "l'île du millet", c'est-à-dire Java.

Des fouilles effectuées dans l'embouchure du fleuve Musi, en aval de Palembang dans le sud de Sumatra, aux alentours de 2000 ont révélé l'existence de deux sites portuaires qui dateraient du Ier siècle après J.-C.

Les plus anciens documents écrits trouvés à ce jour en Indonésie sont des inscriptions provenant de la région de Kutai dans la province de Kalimantan Est. Ecrites en alphabet pallava du sud de l'Inde, elles figurent sur quatre poteaux sacrificiels de pierre (appelés yupa en sanscrit, la langue des textes sacrés de l'hindouisme), qu'on estime dater des environs de 400 après Jésus Christ.

Dans la région de Karawang à l'est de Jakarta, on a trouvé des inscriptions également écrites en sanscrit et en écriture pallava. Elles datent du Ve siècle après Jésus-Christ et attestent de l'existence d'un roi du nom de Purnawarman, dont le royaume, Tarumanagara, s'étendait dans cette région.

Une inscription datée de 683 après J.-C., découverte sur l'île de Bangka à côté de Sumatra, proclame que le souverain de Sriwijaya, à la tête de 20 000 soldats, a embarqué a bord de 1 300 vaisseaux. Des textes arabes et chinois confirment que Sriwijaya était un État puissant qui contrôlait le détroit de Malacca, à l'époque déjà une importante voie maritime. La cité-État de Sriwijaya se trouvait à l'emplacement de l'actuelle Palembang.

Une inscription trouvée à Canggal dans le centre de Java, et datée de 732 après J.-C., annonce que Sanjaya, seigneur de Mataram, a érigé un monument pour honorer Shiva. L'inscription dite « de Kalasan », également découverte dans le centre de Java et datée de 778, mentionne un roi Sailendra qui observe les rites bouddhiques. Les temples du centre de Java, construits entre les VIIIe et Xe siècles, sont de rite bouddhique comme Borobudur ou shivaite comme Prambanan, mais présentent parfois des éléments des deux rites, qui coexistaient.

Des inscriptions javanaises et des textes arabes montrent qu'aux IXe et Xe siècles Java, et sans doutes d'autres parties de l'Indonésie actuelle, entretenaient des échanges commerciaux avec la côte est de l'Afrique. L'inscription de Kancana notamment, trouvée à Java Est et datée de 860 après J.-C., mentionne, dans une liste de personnes dépendantes, le mot jenggi, "zeng". Un ouvrage arabe, les Merveilles de l'Inde, rapporte le témoignage d'un marchand du nom d'Ibn Lakis qui en 945, voit arriver sur la côte du Mozambique "un milliers d'embarcations" montées par des Waqwaq qui viennent d'îles "situées en face de la Chine" chercher des produits et des esclaves zeng. En arabe, Zeng ou Zenj désigne à l'époque les habitants de la côte est de l'Afrique.

Pour des causes encore mal élucidée, on ne trouve plus d'inscription dans le centre de Java à partir de la fin du Xe siècle. Une inscription de l'est de Java datée de 1041 dit que le roi Airlangga a installé son palais à Janggala, dans la région de l'actuelle Surabaya. Après sa mort, le centre du pouvoir reste dans l'est de Java, passant à Kediri, à Singasari et finalement au royaume de Majapahit, qui atteint son apogée sous Hayam Wuruk (qui règne de 1350 à 1389), assisté de son premier ministre Gajah Mada. Le Nagarakertagama, poème épique écrit en 1365 sous son règne, dresse une liste des "contrées tributaires" de Majapahit, qui outre Madura, Sunda et Bali, va de Pahang sur la péninsule malaise à "Gurun" dans les Moluques, en passant par Malayu à Sumatra et "Bakulapura" à Bornéo. En réalité, le territoire réellement contrôlé par Majapahit se limitait à la moitié ouest de Java Est, l'autre moitié constituant la principauté de Blambangan. Après la mort de Hayam Wuruk, des querelles de succession entraînent le déclin de Majapahit, qui disparaît en 1478.

Vers 1400, un prince bouddhiste de Palembang (sud de Sumatra) fonde le port de Malacca sur la péninsule malaise. Les souverains de Malacca se convertissent bientôt à l'islam. Le grand amiral chinois Zheng He (ou Cheng Ho), qui mènera sept expéditions vers l'Inde, le Proche-Orient et l'Afrique de l'Est entre 1405 et 1433, fait plusieurs fois escale à Java. Musulman, Zheng He note la présence de communautés chinoises musulmanes dans les ports de la côte nord de Java, qu'on appelle le Pesisir. À la fin du XVe siècle, un Chinois musulman du nom de Cek Ko-po fonde sur le Pesisir une principauté qui va devenir le sultanat de Demak. Cette nouvelle puissance entreprend la conquête de la côte nord de Java, puis de Java Est en 1527. L'expansion du commerce maritime du XVe au XVIIe siècles, l'essor des communautés chinoises et la diffusion de l'islam se traduisent par le développement urbain du Pesisir et l'émergence des États portuaires de l'archipel.

Voir aussi : Sriwijaya ~ Singasari ~ Majapahit ~ Histoire de Java

[modifier] L'arrivée des Européens

En 1511, une flotte portugaise, partie de Goa en Inde sous le commandement du vice-roi Afonso de Albuquerque, s'empare de Malacca, qui était devenu le plus grand port d'Asie du Sud-Est, une sorte de précurseur de l'actuelle Singapour. La prospérité de Malacca reposait sur un réseau commercial dans lequel les Portugais n'arrivent pas à s'intégrer. Malacca périclite rapidement. Les Portugais s'installent aux Moluques, où ils échouent à imposer leur monopole sur la production et le commerce des épices alors si précieuses en Europe, où le clou de girofle vaut plus que son poids en or.

En 1577 un "seigneur de Mataram" (la région avait gardé le nom du royaume des Sanjaya) installe sa résidence à Kota Gede (aujourd'hui un quartier de la ville de Yogyakarta). Ses successeurs soumettent progressivement les différentes principautés javanaises, notamment celles du Pesisir, mais le plus puissant d'entre eux, le Sultan Agung, échoue à prendre Batavia, fondée en 1619 par la VOC (Vereenigde Oostindische Compagnie ou « Compagnie hollandaise des Indes orientales ») sur les ruines de Jayakarta, un port javanais qu'ils ont conquis.

Aux Moluques, les Hollandais prennent un premier fort portugais en 1605. Ils finissent par chasser les Portugais de l'est de l'archipel et s'emparent à leur tour de Malacca en 1641. En 1667, ils anéantissent la flotte du sultanat de Gowa dans le sud de l'île de Célèbes, la seule puissance à leur tenir encore tête dans l'est de l'archipel. La VOC est devenue la puissance européenne dominante dans la région, devant les Anglais et les Portugais (qui contrôlent toutefois encore Timor).

À Java, après la mort du Sultan Agung, Mataram entame son déclin. Le royaume est miné par des guerres de successions dont les Hollandais tirent parti. Pour financer leurs campagnes contre les princes rebelles, les rois de Mataram s'endettent auprès de la VOC en mettant en gage leurs territoires du Pesisir. En 1755, le traité de Giyanti, imposé par les Hollandais aux princes javanais, met fin aux guerres de successions javanaises. Les derniers princes de Blambangan se convertissent à l'islam vers 1770 et prêtent allégeance à la VOC. Java est maintenant entièrement sous contrôle hollandais. En 1799, la VOC est déclarée en faillite. Ses actifs sont repris par le gouvernement des Pays-Bas.

En 1825, un prince javanais, Diponegoro, qui conteste la désignation par les Hollandais de son neveu comme sultan de Yogyakarta, prend les armes. Il s'ensuit une guerre qui ne prendra fin qu'en 1830 avec la capture de Diponegoro, que les Hollandais avaient convié à une négociation. La guerre a fait 15 000 morts dans l'armée hollandaise et plus de 200 000 dans la population javanaise (un recensement effectué vers 1815 estimait la population totale de Java à un peu plus de 4 millions d'habitants).

[modifier] La période coloniale

Java désormais pacifiée, les Hollandais peuvent commencer la mise en valeur économique de l'île. Le gouverneur van den Bosch met en place un système de cultures (cultuurstelsel) forcées par lequel les paysans devaient consacrer 20 %, puis 33 % de leurs terres à des cultures commerciales. Les abus de ce système finissent par être dénoncés aux Pays-Bas mêmes. Le système est graduellement abandonné. La loi agraire de 1870 ouvre Java à l'entreprise privée.

Le Traité de Londres de 1824 entre les Anglais et les Hollandais accorde à ces derniers le contrôle des territoires revendiqué par les Européens au sud de Singapour, fondée en 1819 par Raffles. Il consacre la division de monde malais en deux parties, l'une intégrée dans les Indes néerlandaises, l'autre dans ce qui deviendra la "British Malaya" et à l'indépendance, la Fédération de Malaysia.

À Bali, au début du XIXe siècle, l'économie dépend encore essentiellement de l'exportation d'esclaves. Les Hollandais sont plutôt soucieux de mettre fin à la piraterie et au pillage d'épaves, autre activité lucrative des Balinais. En 1846, les Hollandais attaquent le royaume de Buleleng dans le nord de Bali et y installent des administrateurs, ainsi que dans l'ouest de l'île. De 1846 à 1906, les Hollandais attaquent et soumettent successivement les différents royaumes balinais. Le dernier est Badung (Denpasar) dans le sud de l'île, dont les familles royales, plutôt que de se rendre, commettent le puputan, marchant vers les Hollandais qui tirent jusqu'à ce que tous soient morts.

En 1820, le sultanat d'Aceh à la pointe nord de Sumatra produit plus de la moitié du poivre mondial. Européens et Américains profitent de la concurrence que se livrent les différents princes qui leur vendent ce poivre. Un de ces princes, Tuanku (monseigneur) Ibrahim, émerge comme le plus puissant d'entre eux. En 1854, il lance une expédition et soumet les sultanats de Langkat, Deli (l'actuelle Medan) et Serdang, menaçant les Hollandais, qui occupent déjà le reste de Sumatra. En 1871, les Hollandais signent avec les Anglais le traité de Sumatra. Les Hollandais cèdent leurs possessions en Afrique de l'Ouest aux Anglais. En échange, ils ont les mains libres pour Aceh. En 1873, le consul américain à Singapour rencontre un émissaire d'Aceh pour discuter d'un traité entre les deux pays. Les Hollandais décident d'attaquer Aceh. Commence une longue guerre. Le sultan Daud Shah se rend en 1903, mais les ulama, chefs religieux, poursuivent la résistance. Les Indes néerlandaises atteignent leur forme définitive en 1908.

En 1899, un juriste hollandais, qui avait vécu « aux Indes » de 1880 à 1897, publie un article intitulé Een eereschuld ("Une dette d'honneur"). Il explique que les Pays-Bas ont une dettes envers les Indisch (indigènes des Indes orientales néerlandaises) pour toutes les richesses qu'ils en ont extraites. En 1901, la reine Wilhelmine annonce le début de la « Politique éthique » reposant sur trois principes : éducation, irrigation, émigration.

La défaite des Russes devant les Japonais à Port-Arthur en 1905 a un retentissement extraordinaire à travers l'Asie de l'Est, détruisant le mythe de l'invincibilité des Occidentaux. En 1908, des étudiants de la petite noblesse javanaise fondent le Budi Utomo. On considère cet événement comme l'acte de naissance du mouvement national indonésien. En 1911, des marchands de batik javanais fondent le Sarekat Islam. Le Parti communiste des Indes (futur Parti communiste indonésien) est fondé en 1920. Soekarno et d'autres étudiants de l'Ecole Technique de Bandung fondent le PNI (Partai Nasional Indonesia, parti national indonésien). En 1927 Hatta, qui étudiait l'économie aux Pays-Bas, et trois autres étudiants indisch sont arrêtés en raison de leurs activités politiques. Lors de leur procès, Hatta prononce un brillant réquisitoire contre la domination hollandaise, justifiant le nationalisme indonésien, qui sera publié sous le titre "Indonesië Vrij" ("Indonésie libre").

À travers les Indes néerlandaises, des étudiants et des jeunes fondent des associations, qui se réunissent en congrès en 1928 pour prononcer le « Serment de la Jeunesse » par lequel ils déclarent adopter trois idéaux : une patrie, l'Indonésie, une nation, la nation indonésienne, une langue, l'indonésien. Les années 1930 sont une période mouvementée, durant lesquelles les leaders du mouvement nationaliste Hatta, Sjahrir, Soekarno et d'autres, sont arrêtés.

Le 1er septembre 1939, Hitler envahit la Pologne : la Seconde Guerre mondiale a commencé. Le 10 mai 1940, les troupes allemandes envahissent les Pays-Bas. Le 8 décembre 1941, les Japonais attaquent Pearl Harbor. Le 10 janvier 1942, les Japonais débarquent aux Indes néerlandaises. Les troupes néerlandaises se rendent le 8 mars 1942. C'est la fin de la domination hollandaise.

Voir l’article Indes orientales néerlandaises.

[modifier] De l’indépendance à nos jours

La première préoccupation des Japonais est de réorganiser l'économie des Indes néerlandaises au profit de leur économie de guerre. Mais pour cela, ils ont besoin de mobiliser les masses, notamment javanaises. Soekarno décide de faire le jeu de l'occupant, persuadé de pouvoir en tirer parti. Il participe ainsi à la création du "Centre du Pouvoir Populaire" (PUTERA dans son acronyme indonésien) en 1943. Les Japonais créent également une armée de volontaires indonésiens, les "défenseurs de la patrie » (PETA) autorisée par les Japonais.

En mars 1945, alors que les Américains reprennent progressivement contrôle du Pacifique, les Japonais encouragent la création d'un "comité d'enquête pour le travail préparatoire à l'indépendance de l'Indonésie". Sous leur égide, la Piagam Jakarta ("charte de Jakarta") - préambule de la future constitution - est rédigée et un "Comité pan-indonésien pour préparer l'indépendance" mis en place. L'indépendance de l'Indonésie est proclamée le 17 août 1945 par Soekarno et Hatta, deux jours après la capitulation du Japon. Soekarno est nommé président et Hatta vice-président.

Les Alliés commencent à reprendre contrôle du territoire mi-septembre. En octobre, des troupes britanniques débarquent à Surabaya pour désarmer les soldats japonais. Croyant que les Britanniques préparent le retour des Hollandais, la toute jeune armée indonésienne s'opposent à eux. Devant la violence des combats pour prendre la ville, les Britanniques comprennent que quelque chose a changé dans les anciennes Indes néerlandaises.

Fin 1945, les Hollandais acceptent d'entamer des discussions avec le gouvernement indonésien. Ils réoccupent néanmoins Jakarta début 1946, contraignant le gouvernement indonésien à s'installer à Yogyakarta. Pour tenter de reprendre le contrôle de leur ancienne colonie, ils lancent deux "actions de police", appelées "agresi" par les Indonésiens. Sous la pression internationale, les Hollandais acceptent en 1949 d'organiser à La Haye une conférence dite "de la Table Ronde". En décembre, ils transfèrent formellement la souveraineté à la République d'Indonésie.

[modifier] La question de la partie occidentale de la Papouasie

Au moment de l'indépendance de l'Indonésie, les néerlandais gardèrent le contrôle de la partie occidentale de la Nouvelle Guinée, afin de préparer l'indépendance, proclamée le 1er décembre 1961.

Après l'échec des négociations avec les néerlandais portant sur l'incorporation à l'Indonésie du territoire, le 18 décembre une invasion des parachutistes indonésiensréf. nécessaire provoqua des affrontements armés entre les troupes néerlandaises et indonésiennes en 1961 et 1962. En 1962, les États-Unis exerçèrent des pressions sur les Pays-Bas lors de pourparlers secrets avec l'Indonésie qui débouchérent, le 15 août 1962, sur la signature de l'accord de New York, accordant, à compter du, le 1er mai 1963 la responsabilité administrative de la région à l'Indonésie.

Soekarno songeait dès le début des années soixante à former un gouvernement d’union nationale (le NASAKOM) regroupant toutes les tendances politiques du pays ; en 1964 trois ministres membres du Parti communiste indonésien (PKI) sont nommés.

[modifier] La confrontation Indonésie-Malaisie

En 1957, les Etats de la péninsule malaise obtiennent l'indépendance du Royaume Uni sous le nom de Fédération de Malaisie. De 1959 à 1962, les Britanniques, la Malaisie, Singapour, Sabah et Sarawak négocient en vue de créer une fédération élargie. Ce projet est dénoncé par le président indonésien Soekarno, qui déclare que la Malaisie est une création fantoche des Britanniques qui va accroître leur contrôle sur la région, menaçant l'indépendance de l'Indonésie. De leur côté, les Philippines revendiquent Sabah, sous prétexte que ce territoire avait appartenu au sultanat de Sulu au XVIIIème siècle. Les deux pays s'appuient sur une opinion anti-fédération répandue au Sarawak et à Brunei.

À Brunei, une révolte éclate le 8 décembre 1962, soutenue par l'Indonésie. Des troupes britanniques et gurkha stationnées à Singapour sont envoyées. Le commandant des rebelles est capturé le 17 avril 1963 et la rébellion prend fin. Aussitôt, des "volontaires" indonésiens pénétrent au Sarawak et à Sabah, se livrant à des attaques et des actions de sabotage et de propagande. Le 27 juillet, Soekarno déclare qu'il va "écraser la Malaisie" ("Ganyang Malaysia"). Mi-1965, les forces armées indonésiennes franchissent la frontière en direction de la partie orientale de l'île de Sebatik près de Tawau, Sabah. L'escalade vers un conflit ouvert de plus grande ampleur ne fut probablement évité en raison de l'accroissement des tensions politiques internes en Indonésie.

Voir l’article Confrontation Indonésie-Malaisie.

[modifier] Le renversement de Soekarno

Le 1er octobre 1965 au matin, un officier de la garde présidentielle annonce à la radio être à la tête d'un "conseil révolutionnaire" qui a déjoué un complot contre le président Soekarno et arrêté six généraux. Un autre général, Soeharto, prend la tête de la répression. En quarante-huit heures, les rebelles sont arrêtés. Soeharto décrète la dissolution du PKI, accusé d'avoir fomenté le coup. S’ensuit une chasse aux communistes qui durera des mois et fera entre 500 000 et un million de morts selon les estimations. Le 11 mars 1967, Soeharto contraint Soekarno à signer la "Supersemar" (acronyme de Surat Perintah Sebelas Maret, "ordonnance du 11 mars"), par laquelle ce dernier transfère formellement le pouvoir à Soeharto, qui est ensuite élu président de la République par le MPRS (Majelis Permusyawaratan Rakyat Sementara, "assemblée délibérative du peuple temporaire").

Pendant les trente-trois ans de son règne sans partage, Soeharto et sa famille se sont enrichis considérablement à la faveur de la forte croissance que connaissait le pays. En 1998, suite à la crise économique asiatique (la monnaie indonésienne perdit 80 % de sa valeur), après de nombreuses manifestations dans tout le pays, et la pression du FMI (Fonds monétaire international), Soeharto finit par abandonner son poste le 21 mai 1998. Son vice-président, Baharuddin Jusuf (B. J.) Habibie, devient président. En août 1999, Habibie organise un référendum sur l'indépendance à Timor oriental, annexé par l'Indonésie en 1975. La victoire des partisans de l'indépendance est suivie d'une vague de violence.

En septembre 1999 sont organisées les premières élections démocratiques depuis 1955. Le nouvel MPR (assemblée) élit président Abdurrahman Wahid, surnommé "Gus Dur". Celui-ci est destitué en 2001 par le MPR. Sa vice-présidente, Megawati Soekarnoputri, fille de Soekarno, lui succède. En 2004, un amendement de la constitution permet les premières élections présidentielles au suffrage direct à deux tours. Susilo Bambang Yudhoyono bat Megawati au deuxième tour.

Le pays à l’heure actuelle souffre de son économie, de sa politique interne et de conflits religieux. À cela s’ajoutent les mouvements sécessionnistes au nord de Sumatra (Aceh), en Papua (anciennement "Irian Jaya") ainsi que dans l’archipel des Moluques où se déroule des troubles très violents (largement organisés et instrumentalisés par des factions au pouvoir en Indonésie) entre chrétiens d’une part et musulmans (accourus essentiellement de Java) d’autre part.

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