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Mircea Eliade

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Mircea Eliade (9 mars 1907 à Bucarest - 22 avril 1986 à Chicago) est un historien des religions et romancier roumain. Il parlait et écrivait couramment huit langues : roumain, français, allemand, italien, anglais, hébreu, persan et sanskrit.

Sommaire

[modifier] Biographie

À 14 ans, il publie son premier roman Comment j’ai découvert la pierre philosophale.

En 1928, il fait la connaissance, à l'Université de Bucarest, d'Émile Cioran et Eugène Ionesco, prélude à une longue amitié.

Certains commentateurs lui ont reproché d'avoir eu, dans sa prime jeunesse, quelques sympathies pour la Garde de Fer (Garda de Fier), organisation roumaine d'extrême droite.

Quoi qu'il en soit, ses fréquentations de jeunesse ne semblent pas avoir exercé une quelconque influence dans sa production intellectuelle, dont l'essentiel est venu des années plus tard, après un séjour d'études de trois ans à Calcutta (Bengale occidental, Inde), de 1928 à 1931, séjour qui l'a probablement plus influencé par son contact permanent et durable avec les religions de l'Inde. Il y prépare son doctorat qui deviendra Le Yoga, immortalité et liberté.

De 1933 à 1940, il enseigne la philosophie à l'Université de Bucarest. En 1945, il rédige en roumain Les Prolégomènes à l'histoire des religions, qui paraîtront par la suite en français sous le titre de Traité d'histoire des religions (1949). À partir de 1957, il est professeur d'histoire des religions à l'Université de Chicago.

Il décède 25 avril 1986 à Chicago.

On lui reproche assez fréquemment le fait d'utiliser régulièrement des sources de deuxième, voire de troisième main, notamment dans son célèbre ouvrage sur le chamanisme, lequel présente une vision de ce phénomène religieux assez éloigné de la réalité.

Des nouvelles recherches[1][2][3] ont mis à jour qu'Eliade était chef de file de la Jeune Génération roumaine dès 1927, que ses articles dans la revue Vremea et dans le quotidien Cuvintul ont contribués à donner une assise philosophique au Mouvement Légionnaire de Codreanu. On le voit alors ennemi des Lumières, des franc-maçons, des régimes démocratiques « d'importation étrangère », du bolchévisme, partisan de « l'insurection ethnique » contre les minorités locales et « l'invasion juive ».

Lorsque les Chemises vertes arriveront au pouvoir sous la dictature militaire et antisemite de Ion Antonescu, Eliade sera nommé attaché culturel à Londres. Les services secrets britanniques le considèrent alors comme « le plus nazi » de la légation roumaine. Nommé dans les services de l'ambassade au Portugal, il rédige un livre à la gloire de « L'État chrétien et totalitaire » de Salazar.

[modifier] Bibliographie

  • Le Chamanisme et les techniques archaïques de l'extase, Payot (coll. « Bibliothèque scientifique »), Paris, 1950, 447 p.
  • Psychologie et histoire des religions. À propos dupute symbolisme du centre, in Eranos, 19e année, Rhein-Verlag, Zurich, 1951, p. 247-282
  • Le Yoga. Immortalité et liberté, 1re éd., Payot (coll. « Bibliothèque scientifique »), Paris, 1954, 427 p.
  • Forgerons et alchimistes, Flammarion (coll. « Homo Sapiens »), Paris, 1956, 209 p.
  • Mythes, rêves et mystères, Gallimard (coll. « les Essais », Paris, 1957, 311 p.
  • Techniques du yoga, Payot (coll. « les Essais »), Paris, 1959, 267 p.
  • Patanjali et le yoga, Éditions du Seuil (coll. « Maîtres spirituels »), Paris, 1962, 192 p.
  • Histoire des croyances et des idées religieuses. Tome 1 : De l'âge de la pierre aux mystères d'Eleusis, Payot (coll. « Bibliothèque historique »), Paris, 1976, 492 p.
  • Histoire des croyances et des idées religieuses. Tome 2 : De Gautama Bouddha au triomphe du christianisme, Payot (coll. « Bibliothèque historique »), Paris, 1978, 519 p.
  • Occultisme, Biographie

[modifier] Essais (dates originelles non connues)

  • Les Sept pas du Bouddha

[modifier] Romans (dates originelles non connues)

  • La nuit bengali (Maitreyi), 1933
  • Isabelle et les eaux du diable (Isabel si apele diavolului), L'Herne/Fayard, Paris, 1999, 229 p.
  • (roumain) Huliganii, Ciornei : s.d., Bucuresti, 463 p.
  • Les dix-neuf Roses, Paris, Gallimard, 1982 (pour la traduction française), 226 p.

[modifier] Autres ouvrages, à reclasser

  1. Aspects du mythe
  2. Initiation, rites, sociétés secrètes
  3. Le mythe de l'éternel retour
  4. Le sacré et le profane
  5. Le vieil homme et l'officier
  6. Les moissons du solstice
  7. Les promesses de l'équinoxe
  8. Méphistophélès et l'androgyne
  9. Mythes, rêves et mystères
  10. Noces au paradis

[modifier] Le mythe de l'éternel retour

Son œuvre majeure en quatre chapitres.

[modifier] Chapitre I : Archétypes et répétitions

Eliade étudie dans ce volume le concept de réalité dans les sociétés dites primitives et archaïques indo-européennes. Il part du principe que dans ces sociétés un objet ou un geste n'est réel que parce qu'il répète une action effectuée in illo tempore, c'est-à-dire à une époque mythique, originelle. Il acquiert un sens parce que le rituel, qui fait référence à un archétype, le lui confère en le dotant d'une fonction ou d'une force sacrée. Seul ce qui est sacré est réel. Par conséquent, tout ce qui n'entre pas dans le cadre d'un rite archétypal n'existe pas. Ce même phénomène apparaît dans la géographie et en particulier dans la situation des temples : ils doivent eux aussi se rapporter à un lieu sacré, à un modèle céleste qui leur est antérieur.

Il est évident que toute la vie d'un homme ne répète pas un acte primordial. Selon le même principe, de nombreux lieux n'ont pas de modèles célestes ; ils sont hors du Cosmos et appartiennent donc au Chaos. On peut donc en conclure qu'ils n'ont pas d'existence réelle puisque le Chaos précède la Création du Cosmos. Il est toutefois possible de rendre sacré un lieu en accomplissant « des rites qui répètent symboliquement l'acte de la Création » (p. 21). Celle-ci a eu lieu à l'endroit où se rencontrent le ciel et la terre : le Centre du monde. Ainsi, toute création humaine se rapportant à la cosmogonie devient à son tour un Centre puisqu'elle répète la Création. Le fait qu'un temple se trouve, selon cette logique, au Centre n'empêche pas les autres sanctuaires de s'y trouver aussi.

Un lieu doit être également consacré si on veut le rendre réel. On effectue donc un sacrifice cosmogonique. « Par le paradoxe du rite, tout espace consacré coïncide avec le Centre du Monde, tout comme le temps d'un rituel quelconque coïncide avec le temps mythique du « commencement » » (p. 33). L'homme est donc projeté le temps d'un rituel vers ce temps mythique.

Certaines activités ont subit ce qu'Eliade appelle « un long processus de désacralisation ». On peut citer pour exemple la danse, la guerre ou encore la loi. Celles-ci ont aujourd'hui perdu leur caractère sacré bien qu'il existe pour chacune d'entre elles un prototype mythique.

Un acte n'acquiert donc un sens que dans la mesure où il répète un archétype. Cet acte devient sacré, ce qui le rend réel. Mais qu'en est-il de la réalité de l'homme ? Il n'est lui aussi réel que lorsqu'il pénètre cette sphère sacrée mise à sa portée par le rite. Le reste de sa vie n'a pas vraiment d'importance. Ainsi, si l'époque à laquelle il vit est dénuée de sens, apparaît le problème de l'Histoire.

Certains mécanismes permettent toutefois de sacraliser des événements en les extrayant du temps profane. Il existe des exemples de personnages historiques, comme par exemple Dieudonné de Gozon dont les exploits ont été interprétés au moyen d'un mythe. Bien que principalement imaginaires, ses actions sont enregistrées dans la mémoire collective qui aura vite fait d'oublier le vrai personnage.

[modifier] Chapitre II : la Régénération du temps

Au sujet du passage du temps, on peut voir que le moment le plus significatif de l'année est certainement la célébration du Nouvel An. On constate « qu'il existe partout une conception de la fin et du début d'une période temporelle, fondée sur l'observation des rythmes bio cosmiques » (p. 67). En tant que période de transition, le passage au Nouvel An reprend un modèle cosmogonique, celui du passage du Chaos au Cosmos : la Création. Tout ce qui a eu lieu avant cette nouvelle Création est détruit (p.ex. les péchés sont annulés grâce à l'expulsion d'un bouc émissaire). L'auteur nous donne l'exemple de l'akitû (Nouvel An babylonien) lors duquel le Chaos était symboliquement recréé afin d'être mieux aboli par la répétition de la Création. Cette reconstitution permet à l'homme de participer activement à la cosmogonie puisque, comme lors des autres rites archétypaux, il quitte le temps profane et est transporté jusqu'aux temps de la Création.

On retrouve dans les sociétés étudiées dans ce chapitre certains motifs récurrents entourant le passage du Chaos au Cosmos. On observe par exemple la croyance en un retour des morts parmi les vivants, l'extinction et la réanimation d'un feu ou les luttes rituelles entre deux personnages symbolisant le combat entre le dieu et le dragon primordial.

L'auteur revient ensuite à l'étude de la relation de l'homme à l'Histoire. La plupart des événements vécus en dehors des rituels sont considérés comme des péchés dont l'homme doit se libérer. La vie dans les temps profanes est douloureuse car vide de sens. L'homme doit donc se régénérer dans les temps mythiques et pour cela il effectue des rites. Dans la mesure où ces rituels répètent la cosmogonie, chaque nouveau rituel est une nouvelle Création. On en trouve des exemples dans la construction des autels védiques ou dans la prise de possession d'un territoire par les Scandinaves. Les rites permettent ainsi à l'homme d'annuler le temps et indiquent « une intention anti-historique ».

Un autre exemple de l'attachement à l'idée de renouvellement périodique est l'importance des cycles lunaires qui étaient assimilés à l'existence humaine. Comme la lune, l'humanité va un jour disparaître (mythe de la combustion universelle) puis renaître et, dans le cas de l'humanité, revenir à ses origines. Par conséquent, « le passé n'est que la préfiguration du futur » (p. 107).

[modifier] Chapitre III : « Malheur » et «histoire »

Nous avons vu précédemment que l'homme archaïque ne peut supporter l'Histoire qui, pour lui, n'est qu'une suite d'événements extérieurs à la sphère sacrée. En tant que tels, ils ne devraient même pas être réels et pourtant ils sont cause de souffrance. Cette souffrance puisqu'elle est inévitable doit donc avoir un sens pour être supportable. Avant d'aller plus loin dans son raisonnement, Eliade précise que la souffrance dont il parle est un fait historique (sécheresse, incendie, esclavage, injustice sociale, etc.). Elle est donc la conséquence « de l'action magique d'un ennemi, d'une infraction à un tabou, du passage dans une zone néfaste, de la colère d'un dieu ou […] de la volonté ou du courroux de l'Être Suprême » (p. 114).

En Inde, le concept du karma démontre que la souffrance est nécessaire et méritée. En effet, au cours de ses nombreuses vies, l'homme contracte une dette karmique. Pour effacer les fautes commises dans ses vies passées, il se doit de souffrir dans sa vie actuelle. La souffrance a donc une cause et par conséquent un sens.

Pour les Hébreux, les catastrophes cosmiques étaient en fait des rappels à l'ordre de Yahvé. Puisqu'ils émanaient de Dieu lui-même, ces événements avaient une certaine valeur, un sens, ce qui a contribué à la valorisation de l'Histoire.

L'auteur se demande ensuite si la révélation monothéiste n'inclut pas obligatoirement cette valorisation. En effet, la révélation fait partie de l'Histoire et n'a donc pas eu lieu en un temps mythique. Le monothéisme se démarque encore des croyances archaïques de part la vision linéaire du temps qui en découle (s'il ne peut y avoir qu'une seule révélation, le temps ne peut être cyclique). De plus, au illud tempus des origines s'ajoute un illud tempus à venir. « La régénération périodique de la Création est remplacée par une régénération unique qui aura lieu dans un in illo tempore à venir » (p. 130). De cette façon, que le temps soit cyclique ou linéaire, on sait que l'Histoire sera abolie ce qui la rend plus supportable.

Malheureusement, l'abolition de l'Histoire sera précédée, selon certaines croyances, d'une dégradation du Cosmos et/ou de l'homme. Cette idée apparaît entre autres dans la tradition bouddhiste où « la décadence progressive de l'homme est marquée […] par une diminution continue de la durée de la vie de l'homme » (p. 135).

Aux Ie et IIe siècles av. J.-C., apparaît dans les sociétés grecques et romaines une théorie reprise d'après les cultures archaïques ou primitives : celle de l'apocatastase (mythe de la conflagration universelle). Ainsi, après que le monde aura pris fin dans le feu, les bons (qui auront été épargnés) vivront dans la béatitude et l'éternité. Une telle conception existe aussi dans certaines croyances iraniennes où le monde est détruit par l'eau et le feu. Dans la tradition chrétienne et hébraïque, avant ce salut le monde doit passer par une période de ténèbres, signe annonçant la fin du Cosmos. Dans l'ensemble, l'apocatastase est une idée qui a rassuré l'homme car elle est un passage nécessaire à l'avènement des temps meilleurs.

[modifier] Chapitre IV : la « Terreur de l'histoire »

Dans ce dernier chapitre, Eliade se propose de « confronter l'« homme historique » (moderne) qui se sait et se veut créateur d'histoire, avec l'homme des civilisations traditionnelles qui, on l'a vu, avait à l'égard de l'histoire une attitude négative » (p. 158). Comme nous le savons maintenant, ce dernier usait de différents moyens pour réduire l'importance de l'histoire : les célébrations du Nouvel An lors desquelles l'année écoulée était abolie ou les rituels archétypaux qui renvoyaient à une époque hors de l'histoire en sont des exemples. Mais l'homme moderne a dû se résigner à vivre dans cette histoire. L'auteur tente donc d'étudier les mécanismes qui lui permettre d'y « survivre » et étudie la présence de ces deux théories de l'histoire (l'une cyclique et l'autre linéaire) dans les sociétés modernes.

Il convient avant tout de préciser que les conceptions archaïques de l'histoire (théorie des archétypes, vision cyclique, etc.) ont longtemps persisté dans certaines couches de la population. Au XIIIe siècle par exemple, les chrétiens ont assimilé Gengis Khan à David, roi unificateur, des prophéties d'Ezéchiel. Ces croyances n'auraient d'ailleurs pas complètement disparu dans nos sociétés modernes.

Les croyances traditionnelles ont donc aussi influencé les chrétiens pour qui pourtant le temps se devait d'être linéaire et non cyclique. En effet, la mort du Christ pour le rachat des péchés de l'homme n'a lieu qu'une fois. La vie des hommes est donc la justification de ce sacrifice, le chemin vers la Rédemption ce qui donne un sens à l'histoire. En marge de cette idée, d'autres penseurs et même certains Pères de l'Église croyaient en la périodicité de l'histoire du monde.

Ces deux visions de l'histoire persistent jusqu'au XVIIe siècle où « le linéarisme et la conception progressiste de l'histoire s'affirment » (p.163) et ce dès le siècle des lumières. Pourtant, au milieu du XXe siècle, les conceptions cycliques du temps ressurgirent à travers l'hypothèse de voir un nouvel Univers remplacer le notre après sa destruction.

Au début du XIXe, les théories d'Hegel tendent à revaloriser l'histoire. La notion de « nécessité historique » implique la prise en considération des événements pour ce qu'ils sont et non en tant que fruits du hasard. Ils sont ce qu'ils sont parce qu'ils doivent l'être, « ils sont la volonté de l'Esprit Universel ». Cette même idée est présente chez les prophètes hébreux pour qui un événement quel qu'il soit est une théophanie ce qui lui donne sa validité. Les philosophies historicistes n'offrent pas plus d'échappatoires au problème de la souffrance due aux événements historiques.

Alors comment l'homme peut-il supporter l'histoire si elle ne s'inscrit pas dans un plan qui lui donnerait un sens autre que pour elle-même? Jusqu'à il y a peu, une partie plus ou moins grande de la population tolérait l'histoire parce qu'elle avait un sens « méta historique ». Et pour les cultures dites traditionnelles, c'est encore le cas. Par conséquent, pour Eliade, seules les élites sont concernées par cette question. L'auteur croit en un retour de l'homme vers les croyances archaïques de répétition archétypale et en un refus ou un oubli de tout geste spontané n'appartenant pas à cette catégorie et ce afin de s'éloigner le plus possible de l'« histoire ».

L'auteur différencie ensuite l'homme moderne de l'homme archaïque selon la valeur que chacun donne aux événements historiques. C'est sur ce point que repose toute l'opposition entre ces hommes. Puis Eliade les confronte et se demande quelles critiques ils pourraient s'adresser. On remarque par exemple que l'homme archaïque qui refuse « son histoire » en accepte une autre qui n'est pas la sienne mais celle de ces héros civilisateurs et qui appartient à un temps mythique. On peut aussi reprocher à l'homme archaïque de vivre dans un monde exempt de toute créativité humaine puisqu'il ne fait que répéter des archétypes. D'un autre côté, il est vrai que l'homme moderne qui se dit créateur d'histoire voit son pouvoir sur elle diminuer soit parce qu'elle finit par se faire seule (en tant que conséquence d'actes passés) soit qu'elle soit faite par un petit nombre d'hommes. Mais l'un comme l'autre ont réussit à combattre les souffrances de l'histoire : l'un par le retour grâce aux rites à un temps mythique et l'autre par la croyance en Dieu.

Edition utilisée : Eliade M., Le mythe de l'éternel retour, Folio Essais, 2001

[modifier] Mythes, rêves et mystères

Un ouvrage étrange synthétique et destiné au grand public mais renseignant sur les projets (que certains qualifient d'ésotériques) et les convictions d'un chercheur à la croisée de l'histoire des religions, de l'anthropologie, de la sociologie du fait religieux et de la psychologie.

[modifier] Chapitre 1 : Les mythes du monde moderne

Pour les sociétés archaïques le mythe est le fondement de la vie sociale: il exprime une vérité absolue, car il raconte une histoire sacrée prenant racine au temps sacré, « in illo tempore » (commencement du monde comme le temps du rêve pour le totémisme aborigène). Le mythe, de par la nature réelle et sacrée qu'il prend aux yeux des sociétés premières, est exemplaire : il sert de modèle. Mais il est aussi une forme de pensée collective et de ce fait les sociétés modernes conservent selon Eliade un certain degré de comportement mythique :

  • mythes politiques comme le marxisme avec une dimension symbolique proche des mythes judéo-chrétiens ou le national-socialisme et ses références païennes.
  • Les fêtes profanes qui conservent une dimension sacrée (relatif au mythe de l'éternel retour et du recommencement absolu).

Certains mythes des sociétés modernes ont suivi un processus de laïcisation et sont donc difficilement reconnaissables. Une désacralisation de la vie et du cosmos (l'univers, sous entendu la vision du monde) a conduit à la revalorisation au niveau profane des anciennes valeurs sacrées.

Le comportement mythique se caractérise par l'imitation d'un modèle trans-humain, par la répétition d'un scénario exemplaire et par la rupture du temps profane pour déboucher sur le grand temps, le temps des commencements de façon symbolique (Le chamane qui, au cours de son expérience extatique, sa transe, quittera sa condition profane, humaine, en quittant son corps ou en montrant grâce à diverses épreuves que son corps, son lien à la condition profane, n'est plus). Une autre façon qui se retrouve aussi dans le chamanisme concerne les séquences rituelles reconsidérées comme des « enclaves » du temps sacré dans le temps profane. Eliade affirme que ces schémas sont inhérents à la nature humaine.

L'homme moderne subit l'influence de toute une mythologie diffuse qui lui propose nombre de modèles à imiter. Il s'efforce, par de nombreux moyens, de sortir du temps profane afin de vivre un temps qualitativement différent. Pour cela M. Eliade recense deux moyens d'évasion: le spectacle avec les formes qu'il prend dans la vie moderne, et la lecture. Les sociétés modernes se caractérisent par le nombre important de distractions pour sortir du temps profane. Cela est apparenté à un contre coup de la désacralisation du travail, de la mécanisation de l'existence qui entraîne une perte de liberté. À l'échelle collective cela se traduit par le mythe politique.

Le mythe est consubstantiel à la condition humaine car il exprime l'angoisse devant le temps et le néant de la mort.

Une petite correction: à aucun moment dans ce chapitre Eliade n'évoque le chamanisme.

[modifier] Chapitre 2 : Le mythe du bon sauvage ou les prestiges de l'origine

Voir l’article Mythe du bon sauvage.

Le bon sauvage est la projection de l'image mythique de l'homme naturel, l'homme du paradis terrestre, de l'age d'or. Un âge d'or perdu par la faute de la civilisation créant ainsi une nostalgie de la condition édénique.

Mais les sociétés premières avaient conscience, elles aussi, d'avoir perdu un paradis primordial: La perfection se trouvait avec l'origine. Elles se devaient de se remémorer des scènes de l'âge d'or et de les remettre en scène durant le temps profane à des fins diverses. La seule chose qui compte est donc ce qui s'est déroulé durant l'âge d'or, avant que l'homme ne soit déchu de ses conditions édéniques. M. Eliade distingue deux types d'évènements (temps) :

  • Le temps des origines qui constitue la cosmogonie, les mythes d'origine.
  • Les faits qui ne se sont pas déroulés durant le temps de l'origine.

La répétition des faits mythiques et donc de la cosmogonie se retrouve beaucoup chez les mystiques qui, pendant leurs extases, réintègrent leur condition originelle. Et la psychanalyse moderne a recours aux mêmes schémas pour la guérison de certains syndromes : retour en arrière du malade pour réintégrer sa plénitude initiale. Cela se retrouve aussi dans la philosophie bouddhiste qui veut que les grands mystiques aient pu réintégrer toutes leurs vies passées (karma) et donc accéder à un stade supérieur : celui des origines.

[modifier] Chapitre 3 : Symbolisme religieux et valorisation de l'angoisse

L'homme moderne nourrit un intérêt passionné pour l'histoire. Cet intérêt se manifeste sur deux plans :

  • Historiographie toujours plus poussée : on veut connaître le passé dans ses moindres détails.
  • Tendance à définir l'homme comme un être conditionné par l'histoire.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes

[modifier] Sources

  1. A. Laignel-Lavastine, Cioran, Eliade, Ionesco. L'oubli du fascisme, Paris, PUF, 2002.
  2. Michel Winock, article paru dans L'Histoire, 06/2002.
  3. Daniel Dubuisson, Impostures et pseudoscience, l'œuvre de Mircea Eliade, Presses universitaires du Septentrion.
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