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Karaïsme

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les Juifs et le judaïsme
         

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Le karaïsme (ou caraïsme, qaraïsme ) est une branche du judaïsme qui s'oppose à la validité de la Torah orale, c'est-à-dire du Talmud, ainsi qu'à l'école rabbinique qui lui est liée. Elle est considérée comme hérétique par le judaisme orthodoxe. Ses membres sont les Karaïtes (ou karaïm en hébreu, parfois orthographié Caraïm ou Qaraïm).

Dans le texte ci-dessous, le terme "Karaïte" sera majoritairement utilisé. Il doit être compris comme synonyme de "Karaïme", terme préféré par certains Karaïtes (surtout ceux de Crimée).

Sommaire

[modifier] Avant le karaïsme - les bases des divergences

Dans les derniers siècles avant l'ère chrétienne, une tendance devient historiquement discernable au sein du judaïsme. Cette tendance (qui s'exprime à l'époque de Jésus à travers le mouvement pharisien), revendique la fidélité à une série de traditions et de commandements transmis par la tradition orale et populaire, et non inclus dans le Pentateuque (la Torah écrite). Pour les tenants de cette tradition, la Torah orale (Torah SheBe'al Pe) remonte à Moïse, qui l'aurait reçue de Dieu. Pour ses adversaires de l'époque, en particulier les sadducéens et les grands prêtres du temple de Jérusalem, la Torah orale compile des traditions populaires sans valeur religieuse. Les spécialistes de cette Torah orale (en sus de la Torah écrite) étaient les rabbins.

Prêtres opposés à la Torah orale et rabbins qui lui étaient favorables étaient donc en concurrence. Mais jamais l'affrontement n'alla jusqu'au schisme, et l'autorité des grands prêtres ne fut jamais remise en cause par les rabbins, même s'ils n'acceptaient pas totalement leurs choix théologiques. Après la destruction du temple de Jérusalem par les Romains en 70 EC, les prêtres liés au temple disparurent, et les rabbins restèrent seuls en lice.

Progressivement, la Torah orale fut mise par écrit, d'abord à travers la Mishna, puis la Gémara, ceux-ci formant le corpus du Talmud. Certaines tendances hostiles à faire de la tradition orale une véritable norme religieuse ont cependant dû continuer à exister, et sont sans doute le soubassement historique du karaïsme.

Les Karaïtes, en tout cas, ne se perçoivent pas comme des innovateurs, mais bien au contraire comme les légitimes continuateurs des courants originels du judaïsme, dont le judaïsme talmudique (ou rabbinique) se serait éloigné.

Il a ainsi été fait remarqué que le karaïsme avait des points communs avec:

  • Le parti des prêtres d'avant la destruction du temple au 1er siècle, les Sadducéens. Ceux-ci rejetaient en effet la loi orale défendue par les rabbins.
  • Les Esséniens. Des auteurs (Kowzalsky et d'autres) ont en effet constaté une « analogie singulière » entre les écrits des anachorètes de la mer morte et les textes karaïmes.
  • Les Beta Israël (Falashas) et les Samaritains groupes assez anciens qui ne pratiquent pas non plus la Torah orale.

[modifier] Fondation du karaïsme

Fondé au VIIIe siècle en Mésopotamie par Anan ben David, le karaïsme refusait l'autorité du Talmud et des rabbins qui s'appuyaient sur lui.

[modifier] Doctrine

Le karaïsme, en rejetant le Talmud et en prônant un retour aux écrits bibliques, a modifié certains points rituels:

  • Certaines fêtes religieuses juives sont célébrées à des dates différentes.
  • les restrictions alimentaires (cacheroute) sont différentes : en effet, le verset "lo tevashel" (tu ne cuiras pas l'agneau dans le lait de sa mère) est compris par les karaïtes comme "tu n'élèveras pas l'agneau dans le lait de sa mère". Les mélanges carnés/lactés sont donc tout-à-fait autorisés.
  • Certaines règles concernant la pureté, en particulier la tebila, immersion rituelle nécessaire après des menstruations, sont abolies.
  • le rituel a subi l'influence de la prosternation pratiquée dans l'islam et de nombreuses génuflexions ont été introduites.
  • On ne parle normalement pas de synagogue, mais de kénésa (de l'hébreu knesset, assemblée).
  • Il n'y a normalement pas de rabbins (certaines communautés, sous l'influence du judaïsme rabbinique dominant ont cependant donné le titre de rabbi à leurs officiants). La seule autorité vraiment légitime est celle des prêtres du temple de Jérusalem. Le temple ayant disparu depuis 2000 ans, les prêtres n'existent plus en pratique. En l'attente d'une hypothètique reconstruction du temple, chacun peut participer à l'organisation du culte. En pratique, il y a des Hazan (chantres) et des Hakham (enseignants), qui ont un rôle religieux plus important. Mais chacun peut en théorie interpréter le texte biblique. Ce qui n'est pas sans rappeler la vision des Protestants en la matière.

Il existe plusieurs écoles d'interprétation au sein du karaïsme, comme l'ashérisme (d'Asher, apologiste et exégète du XVIe siècle). Ce pluralisme n'est guère surprenant, compte tenue de la volonté de libre interprétation des textes (sous réserve de les respecter, et de ne pas les déformer).

Le judaïsme rabbinique (ou rabbinite) a réagi très négativement au karaïsme, et a rejeté les Karaïtes en dehors de la communauté, en tant qu'hérétiques. Quoique les relations aient souvent été tendues, il ne faut pas systématiser : les documents retrouvés dans la Guenizah du Caire (une sorte de "cimetière" de documents religieux usagés) attestent de cas de mariages entre karaïtes et rabbinites.

[modifier] Principes de foi

Le plus ancien texte afférant à des principes de foi se trouve dans Eshkol ha-Kofer, rédigé par le Hakham Yehouda ben Eliya Hadassi :

  1. Dieu est le Créateur de tous les êtres créés.
  2. Dieu est transcendant et n'a ni égal ni associé.
  3. L'univers tout entier a été créé.
  4. Dieu appela Moïse et les autres Prophètes du canon biblique.
  5. Le Loi de Moïse seule est vraie.
  6. Connaître le langage de la Bible (i.e l'hébreu) est un devoir religieux.
  7. Le Temple de Jérusalem est le palais du Maître du monde.
  8. Croyance en la résurrection, contemporaine de la venue du Messie.
  9. Jugement final.
  10. Rétribution.

Ces principes sont assez similaires aux treize principes de Maïmonide, à l'exception des articles 5 et 6, qui mettent l'exergue sur le rejet de la Loi orale et l'obligation de connaître l'hébreu.

[modifier] Le développement puis la régression du karaïsme

Les successeurs de Anan ben David se transportèrent à Jérusalem d'où ils menèrent une activité missionnaire intense auprès des communautés juives.

Cette nouvelle interprétation du judaïsme se répandit dès lors rapidement à travers toutes les communautés juives, et gagna même le Khanat des Khazars au Xe siècle, sur la rive nord de la mer noire.

Certains auteurs estiment que 40% des Juifs auraient adhéré au karaïsme vers le IXe et le Xe siècle. Ce type d'estimation est à prendre avec prudence : les recensements de population au sens moderne du terme n'existaient pas à l'époque. Mais il semble indubitable que les idées karaïtes avaient pénétré en profondeur les communautés juives d'Orient comme d'Occident.

À compter du Xe siècle, l'avancée du karaïsme semble enrayée, et il commence un déclin d'abord lent, puis plus prononcé.

L'un des artisans les plus souvent mis en avant de ce reflux est Saadia Ben Joseph Gaon (892-942), rabbi et Gaon, philosophe et exégète juif. Il a polémiqué contre les Karaïtes, et son œuvre semble avoir eu un retentissement important. Pendant des siècles, les rabbins ont polémiqué et oeuvré contre la doctrine karaïte, ramenant progressivement de nombreuses communautés au judaïsme rabbinique.

Au XIIe siècle, un jeune rabbin, Moshe ben Maïmon est nommé à la tête de la communauté d'Alexandrie. Or, celle-ci côtoie une importante communauté karaïme, d'autant plus influente que le naggid (autorité rabbinique suprême) d'Egypte, un nommé Zoutta, n'hésite pas à se compromettre avec eux, pour obtenir les faveurs du sultan. La première épître que Maïmonide rédige à propos des karaïtes est empreinte de réserve et d'humanité : le karaïte n'est pas un idolâtre, tant qu'il n'impose pas ses rites au rabbanite, le rabbanite peut le compter parmi ses hôtes, boire de son vin, et entretenir commerce avec lui ; toutefois, le karaïte ne peut faire partie d'un minyane.
Néanmoins, devant les tensions mutuelles, le ton se durcit très vite. C'est en partie pour lutter contre l'influence karaïte que Maïmonide rédige son Mishneh Torah. Ceux-ci, en retour, n'auront de cesse de porter des accusations sur sa prétendue conversion à l'islam.
La lutte se poursuivra à travers les générations. Avraham Maïmonide, le fils de Moïse, fera retourner une grande partie des karaïtes dans le giron du judaïsme rabbanite.

Au XIe siècle, la prise de Jérusalem par les Turcs seldjoukides en 1071 puis par les croisés en 1099 a profondément affaibli le principal centre spirituel karaïte, ce qui a sans doute contribué au déclin.

Il a donc existé de nombreuses communautés karaïtes, en fait dans pratiquement tous les pays où il y avait des Juifs : de la France à la Perse, de la Lituanie au Maroc. Mais elles ont toutes fini par disparaître, à l'exception essentielle de celles d'Europe orientale, et de celle d'Égypte.

[modifier] En Afrique du Nord et au Moyen-Orient

Concernant les communautés des pays arabes, progressivement réduites à la seule communauté égyptienne, la langue et la culture étaient arabes, peu différentes en fait de la culture des Juifs rabbinites des pays arabes.

De fait, les rapports montrent une différenciation sociale et culturelle limitée entre les différentes communautés juives de la zone (karaïtes ou rabbinites).

Progressivement, ces communautés se réduiront, pour ne survivre qu'au Caire, en Égypte.

La communauté marocaine disparait au XVIIIe siècle.

La communauté de Damas, une des dernières à survivre, a disparu vers 1860 suite à des massacres, et les survivants vinrent se mêler à la communauté égyptienne, voire à la petite communuté turque.

[modifier] En Europe occidentale

Il a existé au Moyen Âge des communautés karaïtes en Europe occidentale, mais elles ont assez rapidement disparu.

L'expulsion des Juifs d'Espagne (en 1492) et du Portugal (en 1493) a entrainé le départ des Karaïmes du pays vers des pays musulmans du pourtour méditerranéen, y compris la Crimée et les Balkans sous tutelle turque. Bien que située en Europe occidentale, il faut rappeler que la péninsule ibérique de l'époque pouvait être considérée culturellement et religieusement comme un prolongement au moins partiel du monde musulman.

[modifier] En Europe orientale

Les Karaïmes se seraient installés dans le sud de l'Ukraine au plus tôt au VIIIe siècle, voire postérieurement (voir ci-dessous l'hypothèse turque, sur la conversion possible de Turcs Khazars au judaïsme karaïte).

Cette région est restée du début du Moyen Âge à la fin du XVIIIe siècle sous domination de diverses populations turques (avec des épisodes ponctuels de conquêtes extérieurs: Mongols, Lituaniens).

La Crimée avec sa capitale Cufut-Kalé, (sud de l'Ukraine), apparaît en tout cas à la fin du Moyen Âge comme un centre karaïte important, attirant d'ailleurs des immigrants d'autres communautés karaïtes. Les communautés locales sont bien sûr de langue turque.

Au XIVe siècle, les Karaïmes y jouissent d'une organisation politique autonome tout en reconnaissant la souveraineté mongole (Horde d'Or) qui s'exerce alors sur l'ancien territoire des Khazars puis sur le Khanat de Crimée.

C'est à la fin du XIVe siècle que se situe le transfert de prisonniers depuis la Crimée vers la Lituanie. Ce transfert fait suite à la victoire sur la Horde d'Or de Vytautas le Grand, Grand Duc de Lituanie. Parmi ces prisonniers, se trouvaient une majorité de Tatars, mais aussi un certain nombre de Karaïmes.

Ces populations s'établiront en particulier dans et autour de la capitale de Vytautas le Grand : Trakai. Le Grand Duc leur accorde un statut officiel de communauté religieuse reconnue.

Les Karaïmes du nord réussiront leur implantation, tout en conservant leur langue d'origine turque, au moins pour un usage religieux. Certains servent dans l'armée lituanienne, en tant que gardiens de forteresses ou gens d'armes.

Ces Karaïmes conserveront leurs traditions, y compris vis-à-vis de leurs coreligionnaires venus d'Europe centrale. Un de leur plus grand érudit, Isaac de Troki, rendra public en 1593 son traité contre la théologie chrétiennne, « Le renforcement de la foi », qui attirera plus tard l'attention bienveillante de Voltaire.

Après la Réforme, l'intérêt qu'ils suscitent se renforce. C'est ainsi que le roi, Charles XI de Suède, dépêche en mission un professeur de l'Université d'Upsala, Gustav Peringer, qui, en 1690, se rend à Rīga en Lituanie.

Son Epistola de Karaitis Lithuaniae est une mine de renseignements, sur la langue notamment. Il insiste aussi sur la distinction entre Juifs et Karaïmes de Lituanie, preuve que la divergence entre les communautés (voir plus bas) est déjà bien amorcée.

Selon Peringer, les Karaïmes de Lituanie parlent encore le turc, et utilisent cette langue pour leur liturgie.

Mais après cette époque d'épanouissement, ces territoires sont le siège de guerres, d'invasions, d'épidémies, de famines qui affaiblissent la position des Karaïmes.

En 1783, la Russie conquiert la Crimée sur l'empire ottoman.

Après le troisième partage de la Pologne en 1795, qui rattache la Lituanie à l'empire russe, la majeure partie de la population karaïme d'Europe orientale se retrouve dans l'empire russe. Seule exception : de petites communautés, en Galicie, qui sont depuis 1772 dans l'empire d'Autriche, empire qui leur concèdera un statut particulier en 1775.

[modifier] La séparation - l'hypothèse turque

À la fin du XVIIIe siècle, il restait des petites communautés résiduelles : une en Irak et une autre à Damas (détruite par les massacres de 1860).

Mais on trouvait surtout deux grands ensembles karaïtes :

  • la communauté égyptienne du Caire.
  • les communautés de l'empire russe.

Les lois anti-juives de l'empire russe pesaient lourdement sur les populations juives soumises, et la question s'est inévitablement posée du statut des populations karaïtes nouvellement rattachées (entre 1783 et 1795) à l'empire.

La problématique n'était pas théorique : il s'agissait du bien-être de la communauté toute entière dans la Russie profondément anti-juive.

Dès le départ, la domination russe s'annonça sous de bons auspices : en 1794, une délégation de 6 nobles karaïmes auprès de Catherine II de Russie (la grande Catherine), obtint une reconnaissance particulière dont ne bénéficiaient pas les Juifs. Les Karaïmes furent en particulier exonérés de la double taxe qui pesait sur les Juifs.

Les Karaïmes furent ensuite exemptés de conscription militaire en 1827, puis reconnus comme une communauté jouissant de l'autonomie religieuse en 1837 et obtinrent les même droits que les citoyens russes en 1863.

Cette construction d'un statut largement supérieur à celui des Juifs s'est faite sur trois générations, et a engendré un travail intense des Karaïtes pour justifier leur non-judaïté. Compte tenu de l'origine clairement juive des Karaïtes, et de leur définition historique en tant que Juifs, cela n'avait rien d'évident.

Deux thèses se sont alors affrontées :

  • Pour certains, conformément à la tradition, les Karaïtes étaient des Juifs, refusant le Talmud, mais tout de même des Juifs.
  • Certains au sein de la communauté karaïte ont commencé à prôner une nouvelle interprétation : les Karaïtes de Russie n'étaient pas juifs, mais turcs. Leur religion n'était pas une forme particulière de judaïsme, mais une religion issue du judaïsme (comme le christianisme, par exemple).

[modifier] La problématique

Les Karaïtes de l'empire russe vivaient à l'origine sur la rive nord de la mer noire (sud de l'Ukraine), zone dominée par des populations turcophones depuis le début du moyen-âge, et restées sous le contrôle politique de l'empire ottoman jusqu'à la fin du XVIIIe siècle.

Il n'est donc pas surprenant que les Karaïtes locaux aient été profondément marqués par la culture turque. Mais étaient-il des Juifs karaïtes sous influence culturelle turque, ou des Turcs convertis au karaïsme ? Et le karaïsme était-il une forme de judaïsme, ou une religion s'étant séparée du judaïsme ?

[modifier] Les Khazars

Les partisans de la thèse de l'origine turque du karaïsme ont en particulier fait référence à la conversion probable au judaïsme d'une partie au moins d'une des populations turques de la région, les Khazars, au VIIIe siècle, conversion attestée par certains textes.

L'histoire de cette conversion est surtout connue grâce à l'espagnol Juda Halevi qui écrivit son fameux "Kouzari", un dialogue imaginaire entre Sangari (un juif) et Bulan (un chef Khazar). Mais le texte, assez tardif par rapport aux événements rapportés, n'est sans doute pas d'une précision historique à toute épreuve. Les conversions semblent cependant probables, et sont également attestées par des traces archéologiques.

Les conversions se firent-elles au judaïsme talmudique, ou au judaïsme karaïte (Judah Halevi parle de "hawarik al-din" : "hétérodoxes") ? Quelle proportion de la population touchèrent-elles ? Ces questions restent aujourd'hui débattues, mais on considère souvent que seule l'élite khazar, c'est-à-dire une minorité, se convertit.

Compte tenu du manque de documentation sur les populations en cause, rien ne permet de dire si les Juifs rabbiniques ou les Karaïtes locaux descendent totalement, partiellement ou pas du tout de cette population de Khazars convertis. On peut noter cependant que certains noms de famille karaïtes semblent d'origine perses, et non turques.

[modifier] Avraham Firkovich et Simhah Babovich

Les deux principaux propagandistes de la théorie turque, infatigables défenseurs de leur peuple, essayant à tout prix de le faire échapper au sort des Juifs, furent Avraham Firkovich et Simhah Babovich.

Ils organisèrent des recherches historiques pour défendre leur thèse (surtout Firkovich), et furent des interlocuteurs des autorités tsaristes, parvenant à convaincre progressivement celles-ci du caractère non-juif des Karaïtes. L'obtention du statut de communauté religieuse autonome en 1837 leur est directement imputable, et l'égalité civique de 1863 est une conséquence plus lointaine de leurs actions.

Les travaux de Firkovich s'avérèrent après sa mort truffés d'erreurs, voire de faux grossiers, mais il a également fourni un travail reconnu dans le recueil d'une importante collection de documents karaïtes.
Autre point contesté chez Firkovitch, son anti-judaïsme. Dans ses souhaits de convaincre les autorités russes de la non-judaïté des Karaïtes, il n'hésita pas à leur envoyer un courrier en 1825 où il conseillait d'évacuer (ou de déporter) les Juifs hors des zones frontières de l'ouest, pour éviter la contrebande.

Au-delà de ces critiques justifiées, Avraham Firkovich et Simhah Babovich furent considérés comme les sauveurs de leur peuple, et ont joui d'un grand prestige au sein de leur communauté. Même ceux qui continuaient à se considérer comme juifs ont préféré le faire discrètement, pour éviter la discrimination et les pogroms tsaristes.

[modifier] Extension de la thèse turque

La thèse turque n'a d'ailleurs pas seulement été soutenue pour les Karaïtes : Arthur Koestler soutient la thèse, dans son livre "la 13e tribu" (éditions Calmann-Levy), selon laquelle ce sont tous les Juifs d'Europe orientale qui sont d'origine khazar. Cette dernière thèse est cependant très minoritaire chez les historiens. Voir un lien externe.

[modifier] Les raison du succès politique de la thèse turque

On peut noter que la question de l'origine biologique peut se poser pour n'importe quelle communauté juive vivant depuis longtemps dans un pays, et profondément marquée par la culture de celui-ci. Sont-ils des indigènes convertis, des allogènes semi-assimilés, ou un mixte des deux ? Les juifs d'Ethiopie ou des Indes ont ainsi une apparence physique simillaire aux populations dans lesquelles ils vivent. Leur origine ethnique est donc largement locale. Ils se considèrent cependant comme juifs.

Il n'y avait de prime abord pas de raison historique particulière pour que ces questions d'origine soient plus posées à propos des Karaïtes est-européens. Deux raisons semblent pourtant avoir entrainé le succès de "l'hypothèse turque" :

1/ Le statut juridique des Juifs dans l'empire russe

Le statut de Juif y était juridiquement et concrètement très défavorable. La question de savoir si les Karaïtes étaient juifs ou pas avait donc des conséquences très pratiques et potentiellement très pénalisantes.

2/ L'attitude des rabbins juifs orthodoxes

Les Juifs orthodoxes ne considéraient pas les Karaïtes comme de vrais Juifs. Ce n'était au mieux que des hérétiques. Dès lors, pour les Karaïtes, affirmer de façon dangereuse son judaïsme (du fait de l'attitude discriminatoire de l'empire russe) pour être de toute façon repoussé par les autres Juifs semblait sans doute absurde.

Il faudra attendre la laïcisation d'une partie du judaïsme russe à la fin du XIXe siècle pour que des attitudes plus favorables aux Karaïtes apparaissent.

[modifier] Conclusion

Vers 1690, Gustav Peringer notait déjà une tendance des Karaïtes à se différencier des Juifs. En 1794, les représentants karaïtes avaient obtenu un statut à part dans l'empire russe.

Dans la première moitié du XIXe siècle, certains membres de la communauté ont structuré sur ces bases une nouvelle définition de leur identité. Ils ont officiellement choisi de se définir (au moins pour une bonne partie d'entre eux) comme des Turcs pratiquant une religion venue du judaïsme, voire même n'étant plus le judaïsme. Certains Karaïtes européens ont cependant continué à se considérer comme juifs, ou au moins à hésiter entre une identité turque et une identité juive.

Compte tenu de l'accord entre les Karaïtes et les Juifs orthodoxes (au moins officiellement) quant à la non-judaïté des premiers, l'empire russe a accepté l'hypothèse turque, et a exonéré les Karaïtes des contraintes pesant sur les Juifs.

Au milieu du XIXe siècle, les deux communautés karaïtes ne sont plus seulement séparées par l'espace, elle le sont aussi de fait par la définition qu'elles donnent d'elles-mêmes :

  • Les Karaïtes d'Égypte continuent à se définir comme juifs.
  • Les Karaïtes de l'empire russe se définissent maintenant majoritairement comme turcs adhérant à une religion spécifique, séparée.

[modifier] L'époque moderne

À compter de la fin du XIXe siècle, seules subsistent réellement les communautés karaïtes de l'empire russe et du Caire, en Égypte. On peut y rajouter une petite communauté turque, culturellement assez proche en fait des communautés russes, et un tout petit groupe en Irak.

[modifier] Europe orientale

Le refus de se considérer comme juifs a permis aux Karaïtes de Russie d'échapper partiellement au génocide des Juifs, les Nazis ayant décidé avant la guerre de ne pas les considérer comme juifs, parfois avec quelques doutes (la question de la judaïté des Karaïtes a été posée dans l'Allemagne nazie d'avant-guerre car quelques familles y vivaient).

Cependant, les communautés d'Europe orientale furent souvent touchées par les massacres nazis, ceux-ci ayant parfois du mal à les distinguer des Juifs rabbinites, ou ne s'en donnant pas la peine. Des civils de toutes origines étaient de toute façon régulièrement tués par les forces d'occupation ou du fait des combats.

En Ukraine et en Crimée, les communautés karaïtes auraient perdu d'après certains 70% de leurs membres du fait de la guerre (soit dans les combats, soit du fait des Nazis eux-mêmes). Ces statistiques sont bien sûr à prendre avec précaution, car il n'y a pas d'étude démographique approfondie. Le chiffre est peut-être trop élevé, mais les destructions dues à la guerre sont indéniables.

À l'inverse, on peut noter que certains habitants de la Crimée, en particulier de langue turque (Tatars de Crimée) s'enrolèrent dans différentes troupes allemandes, soit par hostilité au régime de Staline, soit pour se gagner les faveurs des Allemands. Une lettre allemande écrite le 27 Septembre 1944 (Gerhard Klopfer), estime que 500-600 Karaïtes se battent dans la Wehrmacht, la Waffen SS ou la Légion Tatar.

Avant et après les destructions partielles lors de la Shoah, les Karaïtes ont également été profondément touchés par les actions anti-religieuses du régime communiste (fermeture des kénésa et des écoles religieuses).

Après la chute du communisme, quelques kénésa ont réouvert, mais la tendance à l'assimilation, également sensible chez les Juifs, est particulièrement forte chez les Karaïtes, qui s'appuient qui plus est sur des communautés numériquement bien moins nombreuses.

[modifier] Égypte

La communauté égyptienne était en pratique uniquement installée au Caire (du moins à l'époque moderne, c'est-à-dire à compter du XIXe siècle).

Elle était plutôt pauvre et très traditionnaliste, avec une petite élite de commerçants et d'artisans un peu aisés.

Une amorce d'occidentalisation d'une élite karaïte s'amorce avec l'ouverture en 1897 d'une école de l'alliance israélite universelle. Elle était destinée aux Juifs de toutes obédiences, et s'ouvre donc aussi aux Karaïtes, avec même une place dans l'enseignement pour l'histoire karaïte.

À compter du début du XXe siècle, le mouvement sioniste, qui reconnait les Karaïtes comme juifs, tentera également d'encadrer les Karaïtes, comme les autres communautés juives égyptiennes, dans des organisations nationalistes "modernes". Le résultat sera longtemps très modeste, les Karaïtes restant une communauté pauvre et largement analphabète (50% en 1927), se sentant peu concernée par une politique sans doute trop théorique pour elle.

La minorité touchée par la modernisation portée par l'alliance israélite universelle était quant à elle plus attirée par une assimilation à la modernité francophone et occidentale. Il y aura d'ailleurs plus tard une petite émigration vers la France, qui donnera naissance à une communauté de Karaïtes d'origine égyptienne qui existe encore en France au début du XXIe siècle.

Dans les années 1920, il y eut en Égypte une petite émigration karaïte en provenance de Russie, fuyant les troubles nés de la révolution bolchévique, et complexifiant l'organisation de la communauté égyptienne.

En 1927, on recensait ainsi dans la communauté karaïte 1 848 étrangers, surtout russes et syriens, et 2 659 égyptiens.

[modifier] Israël

Les Karaïtes d'origine russe quittèrent l'Égypte en premier, pour beaucoup dès 1947-48, pour se rendre généralement en Israël. On voit que la redéfinition "non-juive" de l'identité karaïte est-européenne n'étaient pas totale, loin de là, et répondait pour une bonne part (mais pas uniquement) à des pressions anti-juives. Libres de se définir, les "Russes" d'Égypte ont souvent fait le choix d'Israël.

Les Karaïtes de souche égyptienne, plus pauvres, moins politisés, moins éduqués, partirent en second, après le durcissement anti-juif qui se développa entre 1952 (émeutes du Caire) et la guerre israélo-egyptienne de 1956.

Les départs au sein de cette population commencent surtout après 1956, et se terminent à la fin des années 1960, après la guerre des six jours de 1967 qui achève de dégrader les relations judéo-arabes. Les immigrants durent abandonner leurs biens.

L'installation se fera surtout autour de Ramla, à proximité de Tel Aviv, où les Karaïtes égyptiens seront rejoints par les membres de la dernière communauté karaïte en pays arabe, celle de Hitt, en Irak (environ 200 personnes).

La population s'est ensuite dispersée vers d'autres villes, en particulier Ashdod, Beer-Sheva et Ofaqim.

En 1970, le nombre de Karaïtes en Israël a été estimé par L. Nemoy à 7.000; en 1985, par E. Trevisan-Semi à 10.000; au début des années 1990, il approchait 15.000. Les Karaïtes israéliens seraient en 2005 entre 20.000 et 25.000.

La croissance numérique ci-dessus est essentiellement une croissance interne : les réservoirs de population karaïte des pays arabes sont vidés depuis la fin des années 1960, et les Karaïtes est-européens, dont la relation au judaïsme est ambigüe et l'assimilation généralement très avancée, n'émigrent pas (ou presque pas). Encore aujourd'hui, la grande majorité des Karaïtes israéliens sont donc d'origine égyptienne.

À l'origine population pauvre, souvent employée dans la construction, la population karaïte connaît un certain phénomène d'ascension sociale, et une classe moyenne se dessine.

Il existe une autorité religieuse suprême au sein de la communauté karaïte d'Israël : le grand Hakham. Voici une liste des grand Hakhamim d'Israël :

  • Josef ben Moshe Marzuk de Dimona (jusqu'en 1968);
  • Emmanuel Mas'uda, de Mazliah (1968-1972);
  • Salomon Shabbetai Nono, de Ramla (1972-1976);
  • David Jerushalmi, de Ramla;
  • Haim Levi, de Ashdod;
  • Elijah ben Izhak Marzuk d'Ofakim (1991-???);
  • Eliyahu Marzouq.

L'État d'Israël reconnaît les Karaïtes comme juifs, mais pas le Grand Rabbinat israélien.

Les ultra-orthodoxes (Haredim en hébreu) israéliens sont parfois très hostiles, accusant les Karaïtes d'être des hérétiques, des demi-musulmans, voire des alliés des ennemis d'Israël (Site externe avec de nombreuses citations).

Les relations avec le reste de la population juive en Israël sont normales, sans tensions particulières.

[modifier] Conclusion

Au début du XXIe siècle, on estime qu'il y a à peu près entre 30.000 et 50.000 Karaïtes dans le monde, principalement dans l'est de l'Europe, la Turquie, Israël et la Russie.

Les Karaïtes d'Israël (entre 20.000 et 25.000 environ vers 2005) sont surtout issus de la communauté égyptienne qui a émigré avec tous les Juifs d'Égypte vers Israël après la création de l'État. Ils se considèrent comme Juifs, et sont considérés comme tels par Israël (mais pas par le rabbinat orthodoxe).

Les Karaïtes d'Europe orientale semblent en voie d'assimilation. Ils ne se considèrent généralement pas comme juifs, mais on note une tendance à essayer de renouer avec les racines juives du karaïsme. Certains se renvendiquent aujourd'hui comme juifs. D'après certains, ils ne seraient plus que 5.000 vers 2005. Mais compte tenu du fort degré d'assimilation de la communauté (et donc du manque de pratique religieuse et de visibilité), ce chiffre est d'après d'autres trop sous-estimé.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes

[modifier] Bibliographie

  • Simon Szyszman, Le Karaïsme, L’Age d’homme, 1980.
  • Simon Szyszman, Les Karaïte d’Europe, Université d’Uppsala, 1989.
  • Emanuela Trevisan-Semi, Les Caraîtes, un autre judaïsme, Albin Michel, 1992.

Dans Mordechai Nisan, Identity and civilizartion, essay on Judaism, Christinaity and Islam, University Press of America, 1999, l'auteur étudie l'éventuelle influence du Chiisme sur les Karaïtes.

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