Empire latin de Constantinople

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Vous avez de nouveaux messages (diff^?).

armoiries de l'Empire Latin de Constantinople

Empire latin de Constaninople

L'empire latin de Constantinople a été instauré suite à la quatrième croisade en 1204 et dure jusqu'en 1261.

Sommaire

1 Détournement de la croisade
2 L'empire latin
3 La fin de l'Empire
4 Divers
- 4.1 Bibliographie
- 4.2 Voir aussi

[modifier] Détournement de la croisade

En 1202, le pape Innocent III lance la quatrième croisade. Les Vénitiens imposent aux croisés pour les transporter des conditions fort dures : 85 000 marc d’or et la moitié du butin.

Au printemps, la croisade, abandonnée par les Bourguignons et les Provençaux embarqués à Marseille, compte le tiers des effectifs prévus et verse seulement 50 000 marcs aux Vénitiens. Un moratoire est accordé à condition que les croisés aident Venise à reprendre le port Dalmate de Zara au roi de Hongrie. La prise de cette ville chrétienne (novembre 1202) suscite des protestations dans l’armée. Le pape excommunie Vénitiens et croisés, mais lève aussitôt la peine pour ces derniers. Pendant l’hivernage, le jeune Alexis Ange arrive à Zara et demande aux croisés de rétablir sur le trône impérial son père Isaac II, renversé par Alexis III Ange en 1195. En échange de cet aide, il promet des versements élevés, la contribution des Byzantins à la croisade et l’union des Églises. Malgré l’opposition d’une partie de l’armée et du légat papal, le projet est adopté.

Au printemps suivant, la croisade prend Corfou puis met le siège devant Constantinople (24 juin). Le 17 juillet, un premier assaut de la capitale provoque la fuite d’Alexis III. Isaac II, rétabli, doit associer son fils Alexis au pouvoir. Incapable de tenir les promesses faites aux croisés, dont l’impatience augmente, tandis que la population grecque leur est de plus en plus hostile, ils sont renversés par une émeute populaire qui porte au pouvoir Alexis V Doukas, antilatin convaincu.

En mars 1204, un traité conclu entre le doge de Venise Enrico Dandolo et les croisés décide par avance le partage de l’Empire byzantin (Partitio Romanie). Constantinople est prise et livrée au pillage (12-13 avril). La population grecque est massacrée, les églises et les monastères profanés. Le pape Innocent III accepte d’abord le fait accompli, justifié par les promesses d’union des Églises et l’aide de l’Empire Latin à Jérusalem. Puis il parle du détournement de la croisade et en accuse les Vénitiens.

La prise de Constantinople par les croisés sonne le glas de la puissance byzantine et porte un préjudice considérable à la civilisation européenne, ouvrant la porte à la conquête ottomane. La ville, pillée et brûlée, est désertée par sa population qui ne reviendra qu’en 1261.

[modifier] L'empire latin

Deux chefs francs convoitent le titre impérial : Boniface de Montferrat et Baudouin IX de Flandre. Sur les six hommes d'Église choisis pour représenter les francs, un seul était partisan de Boniface de Montferrat tandis que la plupart des barons soutenaient la candidature de Baudouin de Flandres.

Préféré à Boniface de Montferrat, Baudouin de Flandres est élu empereur sous le nom de Baudouin I^er le 16 mai 1204 par les électeurs assemblés dans le Palais de Boucoléon.

Si l'empire latin de Constantinople est souvent considéré comme la continuation de l'empire byzantin, les historiens modernes mettent aujourd'hui l'accent sur le fait que ces deux entités sont totalement différentes : en effet, si Baudouin conserva un gouvernement impérial ainsi qu'un cérémonial directement inspiré de Byzance, il s'appliqua à introduire en Orient les règles de la féodalité, rompant ainsi avec les traditions grecques.

[modifier] Morcellement de l'Empire byzantin

La partitio, reprend les termes du traité de 1202 sur le partage pour moitié entre les croisés et les Vénitiens des conquêtes effectuées. Les croisés doivent concéder à Venise « un quart et demi » des terres byzantines, les trois cinquièmes de la ville, le patriarcat et de nouveaux privilèges commerciaux, les ports de Coron et Modon, Crète, Négrepont, etc. La croisade a été l'occasion pour Venise de se constituer un empire colonial qui va servir ses intérêts commerciaux pendant plusieurs siècles.

L’empereur latin obtient le quart des terres (Constantinople, la Thrace et le nord-ouest de l’Asie Mineure) ; les vénitiens reçurent les territoires qui s'étendaient au sud d'Andrinople, jusqu'à la Mer de Marmara. D'autres États sont constitués :

le royaume de Thessalonique, conquis Boniface de Montferrat et qui s'étendait sur la Macédoine et la Thessalie. En 1217, à la mort de Déméter de Montferrat, le royaume passa à l'Empereur Frédéric II de Hohenstauffen ;

le duché d'Athènes, dont la capital fut fixée à Thèbes et qui fut octroyé à Othon de la Roche et qui devint la terre d'accueil pour les latins, qui supplantèrent les aristocrates grecs. En 1208, le pape Innocent III y fonda l'archevêché d'Athènes ;

le duché de Naxos, que se constitua le vénitien Marco Sanudo, neveu du doge Enrico Dandolo, qui regroupa toutes les îles de l'archipel des Cyclades ;

la principauté d'Achaïe ou principauté de Morée, confiée à Geoffroi de Villehardouin et partagé en douze baronnies, y compris les terres données aux Hospitaliers, aux Templiers et à l'archevêque de Patras. la féodalité de Morée gardait les mœurs et les coutumes des pays d'origine : Champagne, Picardie ou Bourgogne et les nobles grecs, ou archontes, furent dépossédés des vastes domaines qu'ils y possédaient.

Au sein de chaque État vassal de l'empire, la féodalité conduit au morcellement des terres entre les seigneurs ayant participé à la Croisade, le morcellement étant cependant poussé jusqu'à l'absurde.

Certains hauts barons n'obtinrent cependant que des terres presques toutes situées en Asie, que Baudouin leur cédait sur sa part et sur lesquelles ils ne mirent jamais les pieds : Henri de Flandres obtint ainsi le royaume d'Andremite, Pierre de Bracheux obtint le royaume de Konya, le comte de Blois se vit attribuer le duché de Nicée tandis que Rénier de Trit recevait le duché de Philippopoli.

[modifier] Règne de Baudouin de Flandres

Sous l'influence de Baudouin et des francs, la civilisation latine est introduite dans tous les territoires formant l'Empire latin, par l'application des coutumes féodales et des cours d'Occident.

L'histoire de l'Empire latin n'est qu'expéditions, sièges ou défenses des places fortes en pays insoumis : devant combattre sur tous les fronts, les francs doivent en outre faire face à l'hostilité des grecs.

Ainsi en février 1205, à la mort d'Hugues de Saint-Pol, les grecs de sa seigneurie de Didymotique s'allient à Kalojan, roi des Bulgares. Il s'en suivit une sanglante défaite, le 14 avril 1205 à Andrinople, au cours de laquelle Baudouin de Flandres fut fait prisonnier et disparut.

Quelques semaines plus tard, le doge vénitien Enrico Dandolo mourut à Constantinople, laissant les vénitiens sans directives quant au choix d'un nouvel Empereur.

[modifier] Règne de Henri de Flandres

De 1206 à 1216, L'Empire latin s'affermit sous le gouvernement de Henri de Flandres, frère de Baudouin, conquérant l'Epire, la Macédoine mais échouant également devant les Bulgares, à Andrinople.

Kalojan organisa, en 1205-1206 le siège puis le massacre de Philippopoli, au cours duquel l'archevêque fut massacré, les notables écorchés vifs ou décapités, la ville rasée et réduite en cendres ; il prit ensuite Arcadiopolis puis Visoï, où il massacra toute la population.

Ces massacres provoqués par les Bulgares provoquèrent en Europe un ralliement aux latins. Henri de Flandres put conquérir le Dimot et, le 20 août 1206, il fut couronné Empereur à Constantinople. Il repatit ensuite en expédition contre les Bulgares.

Au printemps 1207, cependant, les Bulgares mirent le siège devant Andrinople : également harcelé par les Grecs en Asie, Henri de Flandres parvint cependant à libérer Andrinople. Le 8 octobre 1207, Kalojan meurt cependant (probablement assassiné par l'un de ses hommes) devant Andrinople.

En novembre 1208, Henri conclut une trève avec les Bulgares et marie une de ses filles à Slav, prince de Bulgarie. Il mit à profit ces temps de paix pour se concilier ses anciens ennemis, tâchant de s'allier les Grecs, qu'il rappelle à Constantinople et admet à sa cour.

Il parvient également à intéresser l'Occident à l'Empire latin.

De 1209 à 1212, il mène la guerre contre les barons de Salonique : ceux-ci, au décès de Boniface de Montferrat, avaient refusé de lui prêter hommage et avaient proclamé pour suzerain Guillaume de Montferrat ; le 2 mai 1210, le royaume de Salonique fut déclaré partie intégrante de l'Empire latin de Constantinople.

Il mène également la guerre contre les Grecs de Nicée et d'Epire et les Serbes.

[modifier] Epoque des Courtenay

En 1216, à la mort sans postérité d'Henri de Flandres, une délégation de barons offrit le trône à Pierre II de Courtenay, comte de Tonnerre, d'Auxerre et de Namur et époux de Yolande de Flandres, sœur de Baudouin et de Henri. Couronné à Rome le 9 avril 1217, il jura de conserver les privilèges des vénitiens. Tombé dans une embuscade des grecs dans les montagnes d'Albanie, il n'atteignit jamais Constantinople et mourut en prison au cours de l'hiver 1218-1219.

Sa veuve, Yolande de Courtenay, donna peu de temps après naissance à Baudouin II de Courtenay, né à Constantinople dans la chambre des porphyrogénètes. L'empire fut alors confié à Conon de Béthune, qui mourut cependant le 17 décembre 1219 ; il fut remplacé par un gouvernement collégial composé de Geoffroy de Merry, Narjot de Toucy et Théodore Branas.

En 1220, Robert de Courtenay, fils de Yolande, fut couronné empereur. Son règne fut marqué par le renforcement des relations avec les Grecs de Nicée mais, en 1222, la victoire de Jean III Doukas Vatatzès sur les frères Lascaris renforce la menace que les Grecs font peser sur l'Empire latin, chassé de ses territoires d'Asie et mal gouverné.

Au cours de l'hiver 1227, les barons déposèrent Robert de Courtenay, qui mourut en Morée en janvier 1228, et proclamèrent empereur Baudouin II de Courtenay.

En 1229, cependant, la couronne fut proposée à Jean de Brienne, ancien roi de Jérusalem de 1210 à 1225. Il devient Empereur associé à Baudouin II. En 1245 l'Empire, réduit à la seule ville de Constantinople, était au bord de la faillite financière.

[modifier] La fin de l'Empire

Chassés de Constinople, les Grecs n'en ont pas moins constitué trois États indépendants, soustraits à l'Empire latin de Constantinople et tenus par des dynastes grecs : l'Empire de Nicée, le despotat d'Épire et l'Empire de Trébizonde.

Alexis III est emprisonné par son gendre Théodore I^er Lascaris qui se fait reconnaître empereur à Nicée. Il échoue dans ses efforts militaires et diplomatiques pour reprendre Constantinople, mais maintient vivante dans sa capitale la tradition impériale byzantine. Alexis I^er Comnène le Grand fonde l’empire de Trébizonde (fin en 1461).

Michel I^er Ange Comnène fonde le despotat d'Épire (1205-1318).

En 1235, Jean III Doukas Vatatzès, empereur de Nicée, allié aux Bulgares d'Ivan Asen II, assiège sans succès Constantinople défendue par Jean de Brienne avec l’appui d’une escadre vénitienne, mais réussit à reconquérir la Thrace et la Macédoine.

Un second siège de Constantinople eut lieu en juillet 1261 : Michel Paléologue vainc Guillaume de Villehardouin à Castoria, au cours de l'automne 1259 ; celui-ci doit alors lui céder les principales forteresses de Morée. Le 25 juillet 1261, le général Alexios Stratigopoulos entre dans Constantinople : ayant fui le palais des Blachernes pour le palais de Boucoléon, le jeune empereur Baudouin II s'enfuit à Thèbes puis dans les Pouilles, avant de parvenir en France en 1262.