Cinéma nord-coréen
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Cinéma d'Asie de l'Est |
Héritier des premières créations cinématographiques en Corée dans les années 1920, le cinéma nord-coréen se développe après 1945 en se développant à partir de 1960.
Plusieurs dizaines de longs métrages sont produits chaque année en Corée du Nord.
[modifier] L'héritage de la période de l'occupation japonaise
En Corée, la production de films commence sous l'occupation japonaise. L'industrie cinématographique coréenne est vue comme un instrument de propagande entre les mains du Japon impérial et vise à renforcer la domination de ce dernier sur les Coréensréf. nécessaire.
Les cinéastes qui supportent mal cette situation s’engagent pour la création d'une cinématographie authentiquement nationaleréf. nécessaire. À partir de 1920, ce mouvement devient une véritable organisation de résistance. D’abord nationaliste, ce mouvement passe ensuite sous influence communiste avec la création en 1925 de l’Association des écrivains et artistes prolétariens.
C'est dans ce contexte qu'est tourné en 1926 par Na Eung-gyu le premier film qu'on puisse qualifier de coréen : Arirang, titre éponyme d'une chanson coréenne populaire interdite par les Japonaisréf. nécessaire. De 1926 à 1936 les cinéastes coréens réalisent près de 40 films [1].
La censure japonaise se renforce avec l'arrivée du cinéma parlant, qui se traduit par le dénigrement de la culture coréenne, en particulier sur le plan linguistique . La répression s'aggrave encore après la conquête de la Mandchourie par le Japon . A partir de 1937, véritable début de la guerre en Asie, et durant toute la Seconde Guerre mondiale les derniers studios nationaux sont fermés et les écrans de Corée sont envahis par les productions japonaises[2].
[modifier] Un nouveau départ pour le cinéma après la division de la péninsule coréenne
L’occupation prend fin en 1945 mais la Corée est divisée au niveau du 38ème parallèle. Cette partition de la Corée aboutit en 1948 à la création de deux États : la République de Corée au sud, et la République populaire démocratique de Corée (RPDC) au nord.
La partie nord de la péninsule ne disposant d’aucun studio pour la réalisation de longs métrages de fiction, les Studios de cinéma artistique de Corée sont créés dès février 1947 dans la banlieue de Pyongyang. En 1949, Kang Hong-sik réalise le premier film de long métrage de RPDC, Naegohyang (Mon Village natal), qui raconte un épisode de la résistance à l‘occupant japonais. Selon le cinéaste sud-coréen Shin Sang-ok, qui vécut au Nord, ce film aurait bénéficié du soutien technique de spécialistes en provenance du bloc soviétique [3].
Malgré les pertes humaines et matérielles dues à la Guerre de Corée (1950-1953), l‘industrie cinématographique nord-coréenne connaît un essor remarquable : alors qu’en 1947 les Studios de cinéma artistique de Corée ne comportent qu’un seul plateau de 900 mètres carrés, ils s’étendent en 1960 sur 3000 mètres carrés et comptent quatre plateaux qu’un cinquième (1800 mètres carrés) complète bientôt. En 1960, les cinéastes de Corée du Nord sont huit fois plus nombreux qu’en 1947 [4].
A cela, il faut ajouter la création de nouvelles structures dès la fin des années 1950 comme les Studios de cinéma artistique de Corée « 8 février », spécialisés dans les films de guerre, ou le Studio du film scientifique et d'éducation (SEK), spécialisé dans les films d’animation.
[modifier] Contrôle de l'Etat et orientation idéologique
A partir de 1966, le secteur cinématographique est placé sous l’autorité directe de Kim Jong-il, le fils du dirigeant nord-coréen [5].
Tout le processus de production cinématographique est bien sûr sous le contrôle de l’Etat, mais on décèle néanmoins des éléments de pluralisme, relatif, dans la production nord-coréenne, au moins sur le plan esthétique et dans le choix des thèmes portés à l‘écran : adaptations de romans classiques ou contemporains, de pièces de théâtre, d’opéras, films d‘amour, films sur la lutte anti-japonaise, films sur la Guerre de Corée, films d’espionnage, films sur la vie quotidienne[6].
Le milieu des années 1960 marque un tournant dans la production nord-coréenne.
Une session du Comité politique du Comité central du Parti du travail de Corée tenue le 8 décembre 1964 envisage la « création d’un nombre plus grand de films révolutionnaires susceptibles de contribuer à l’éducation révolutionnaire du peuple. » [7]
Alors que l’idéologie du Juche entre en vigueur en Corée du Nord, rompant avec le communisme traditionnel, la figure du Grand Leader, Kim Il-sung, devient un élément central de la production nord-coréenne.
[modifier] Les enlèvements d'artistes étrangers
Afin d'améliorer la production des films nord-coréens, le régime organise plusieurs tentatives d'enlèvements : en 1977, Yun Chong-hi, actrice sud-coréenne vivant en France, manque d'être enlevée à Zagreb. En 1978, l'actrice Choe Eun-huei disparaît à Hong-Kong, son mari, le réalisateur Shing Sang-ok [1], disparaissant à son tour 6 mois plus tard.
En 1984, peu avant la sortie du film The Emissary who did not return, on apprend que l'actrice et son mari vivent contre leur gré en Corée du Nord et dans plusieurs autres pays du bloc de l'est. Ils réussissent à se réfugier à l'ambassade des États-Unis à Vienne en 1986 [8].
En 1985 Shing Sang-Ok réalise Pulgasari [2]. Ce film de monstres, visiblement inspiré du Godzilla japonais, se démarque de la production nord-coréenne habituelle sans rencontrer le succès escompté hors du pays.
[modifier] Diffusion internationale du cinéma nord-coréen
Selon le site cineasie, « la Corée du Nord cache [...] en son sein une essence cinématographique qu’il serait dommageable d’oublier tant elle témoigne de l’autarcie idéologique et du climat social prolétarien » [9]. Selon Kim Jong-il, en effet, « Le film doit avoir une puissante action sensibilisatrice à l’instar d’un article de fond du journal officiel du Parti et anticiper sur la réalité. Il lui incombe ainsi de jouer un rôle mobilisateur à chaque étape de la lutte révolutionnaire. » [10]
La Corée du Nord organise tous les deux ans à Pyongyang un festival international du cinéma. Le 9e festival international du cinéma s'est tenu à l'automne 2004 accueillant principalement des films réalisés dans des pays "amis" (Laos, Vietnam, Syrie, Cambodge, Chine) [11]. Lors de la 10e édition du festival en septembre 2006, le distributeur français "Pretty pictures" a acheté les droits du film nord-coréen Le Journal d'une écolière qui devrait sortir en France en juin 2007, après avoir été envoyé au comité de sélection du festival de Cannes [12].
Plusieurs rétrospectives de films nord-coréens ont eu lieu dans le monde, notamment en Italie en 2000, en Corée du Sud en 2003 [13] et en Allemagne en 2005.
Le site cineasie.com note toutefois que le cinema coréen reste le signe le plus incroyable de "la mégalomanie de Kim-Jong Il et de sa folie militaire" et qu' "il continuera d'etre l'outil de propagande qu'il a toujours été dans ses frontières comme à l'extérieur"
[modifier] Références
- ↑ Roger Boussinot, L’Encyclopédie du cinéma, 3e édition, Bordas, Paris, 1989
- ↑ Laurent Guido et Philippe Ney, « Le cinéma du Grand Leader, notes sur quelques films nord-coréens », dans Hors-Champ, n° 7, automne-hiver 2001-2002, p. 4-9
- ↑ Laurent Guido et Philippe Ney, « Le cinéma du Grand Leader, notes sur quelques films nord-coréens », dans Hors-Champ, n° 7, automne-hiver 2001-2002, p. 4-9
- ↑ Roger Boussinot, L’Encyclopédie du cinéma, 3ème édition, Bordas, Paris, 1989
- ↑ Site cineasie.com
- ↑ Roger Boussinot, L’Encyclopédie du cinéma, 3ème édition, Bordas, Paris, 1989
- ↑ Guide des Studions de cinéma artistique de Corée, Éditions en langues étrangères, Pyongyang, RPDC, 1985
- ↑ Site cineasie.com
- ↑ Site cineasie.com
- ↑ Kim Jong-il, De l’art cinématographique, Éditions en langues étrangères, Pyongyang, RPDC, 1989, p. 118
- ↑ KCNA, 14 septembre 2004
- ↑ AFP, 20 Octobre 2006
- ↑ Darcy Paquet, "2003 Pusan International Film Festival Report"
[modifier] Quelques films
- 1949 : My Home Village (Naegohyang) de Kang Hong-sik
- 1969 : The Sea of Blood (Pibada) de Choe Ik-kyu
- 1972 : The Flower Girl (Kotpanun chonio) de Pak Hak et Choe Ik-kyu
- 1975 : An Jung-gun shoots Ito Hirobumi (Anjunggeun ideungbakmuneul ssoda) de Om Kil-son
- 1980 : L'Histoire de Chun-hyang (Chunhyangjeon) de Yu Won-jun et Yun Ryong-gyu
- 1980-1987 : Star of Korea (Joseonui byeol) de Om Kil-son
- 1982 : The Wolmi Island (Wolmido) de Jo Kyong-sun
- 1982 : Notes of a War Correspondent (Chonggungijawi sugi) de Choe Bu-kil
- 1985 : The separation (Heyeeon jekkaji) de Park Chang-seong
- 1986 : Hong Kil-dong (Hong Kil-dong) de Kim Kil-in
- 1986 : Order No. 027 (Myeongryeong -027ho) de Jong Ki-mo et Kim Ung-sok
- 1987 : A Bellflower (Dorajikkot) de Jo Kyong-sun
- 1987 : My Happiness (Naeui haengbok) de Kim Yeong-ho
- 1997 : Myself in the distant future (Meon huareui naeui moseub) de Jang In-hak
- 1999 : Forever in our memory (Chueon sone yeongweonhari) de Pang Yang-mo
- 2000 : Souls Protest (Sara-innun ryonghongdul) de Kim Chun-song
- 2006 : Le Journal d'une écolière (Han nyeohaksaengeui ilgi) de Jang In-hak
[modifier] Bibliographie
- Guide des Studions de cinéma artistique de Corée, Éditions en langues étrangères, Pyongyang, RPDC, 1985
- Korean Film Art, Korean Film Export & Import Corporation, Pyongyang, RPDC, 1985
- Kim Jong-il, Le cinéma et la mise en scène, Éditions en langues étrangères, Pyongyang, RPDC, 1987
- Kim Jong-il, De l’art cinématographique, Éditions en langues étrangères, Pyongyang, RPDC, 1989
- Roger Boussinot, L’Encyclopédie du cinéma, 3ème édition, Bordas, Paris, 1989
- Laurent Guido et Philippe Ney, « Le cinéma du Grand Leader, notes sur quelques films nord-coréens », dans Hors-Champ, n° 7, automne-hiver 2001-2002, p. 4-9
[modifier] Liens externes
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