Sextine
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Créée au XIIe siècle par le troubadour Arnaut Daniel, la sextine ne prend son nom définitif que sous la plume de Dante et de Pétrarque. À l’époque d’Arnaut Daniel, ce poème à forme fixe appartient au genre de la « canso ».
La sextine est définie par le poète oulipien Jacques Roubaud comme une canso de six strophes [ou "cobla"] sur six rimes. Il ne s’agit pas vraiment de rimes mais plutôt de mots-rimes. Toutes ces rimes sont « estramps », c'est-à-dire orphelines : les mots-rimes a-b-c-d-e-f se retrouvent à la strophe suivante disposés en f-a-e-b-d-c. À la sixième permutation, on retrouverait la structure rimique a-b-c-d-e-f. Par ailleurs, chacun des trois vers de l’envoi (« tornada ») reprend deux des mots-rimes. Il faut donc mettre en écho ces mots-rimes avec la sixième et dernière « cobla » de la « canso ».
La « canso » est définie par le poète oulipien comme la forme première du « trobar », celle à laquelle toutes les autres sont subordonnées. Elle est la forme du « grand chant », celle qui commande le « champ des rimes ». Et ce qui motive cette forme, c’est l’amour, le grand maître de la lyrique européenne.
Raymond Queneau l'a remise à l'honneur dans son Bâtons, chiffres et lettres, et a généralisé la sextine, et défini la n-ine ou quenine de n. Les nombres obéissant à la règle permutatoire de la sextine portent le nom de nombres de Queneau.
La forme de la sextine a été utilisée par bien des poètes et des écrivains depuis Queneau : en particulier les oulipiens Georges Perec pour La Vie mode d'emploi, Jacques Roubaud pour le cycle des Hortense, Oskar Pastior et ses minisestinas, Hervé Le Tellier pour La Chapelle Sextine.
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