Salaire minimum
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Le salaire minimum est la rémunération minimum qu'un employeur est autorisé à attribuer à un employé pour une heure de travail.
Il faut noter qu'il s'agit d'une rémunération brute; ainsi le salarié doit payer des cotisations sociales salariales et l'employeur des cotisations sociales patronales.
Des abattements au salaire minimum sont souvent possibles notamment en fonction de l'âge des salariés.
Sommaire |
[modifier] But
Le salaire minimum vise à garantir un niveau de revenu aux employés et ouvriers. Il maintient une « concurrence loyale » aussi bien entre employés (dans leur participation au travail) qu'entre employeurs (éviter le « dumping social »).
Il participe de la construction sociale d'un pays.
Pour les libéraux, le salaire minimum empêche que les salaires des travailleurs les moins qualifiés ne se fixent à un niveau si bas qu'ils ne seraient plus incités à travailler. Dans ce cas, ils seraient à la charge de la société.
Pour les marxistes, le salaire minimum limite l'exploitation ouvrière. En effet, le salaire minimum empêche les forces du marché de fixer les salaires à leur niveau de subsistance, c'est-à-dire un niveau qui permet simplement la reproduction de la force de travail. En ce sens, il émousse les revendications ouvrières et leur donne une portée moins radicale. Il retarde la révolution et l'effondrement du système capitaliste en tentant de lui donner "un visage humain".
Pour les socio-démocrates ou socialistes réformistes, le salaire minimum est un instrument de justice sociale. Il permet de rémunérer les salariés les moins qualifiés à un juste niveau qui assure une subsistance correcte. Il permet de rééquilibrer le rapport de force entre patronat et syndicats en faveur de ces derniers. C'est un instrument de pilotage économique d'un pays puisqu'il limite les déséquilibres du marché.
[modifier] Salaire minimum dans la pratique
Le salaire minimum, quand il relève d'une loi comme en France, est d'ordre public. Il s'impose aux salaires minima prévus par les conventions collectives quand celles-ci prévoient une rémunération horaire inférieure pour les salariés.
Dans certains pays comme l'Allemagne, la Finlande ou la Suède, il n'existe pas de salaire minimum interprofessionnel. Dans ce cas, ce sont les salaires minima négociés entre partenaires sociaux au niveau des branches qui s'appliquent. Il existe donc autant de salaires minima que de branches professionnelles, ce qui donne une certaine souplesse à l'économie. Lorsqu'ils ne sont pas étendus, les accords de branches s'appliquent dans les entreprises membres d'un syndicat professionnel ayant signé l'accord (mais uniquement pour les salariés membre d'un syndicat signataire).
Le salaire minimum peut être vu comme une prohibition (l'interdiction de travailler à un salaire inférieur), avec toutes les conséquences et notamment les bénéfices pour les truands.
[modifier] Le salaire minimum dans le monde
La fixation du salaire minimal est un acte politique fort et important, qui peut être arbitraire ou fixé par des règles de droit (indexation, par exemple).
Les pays libéraux, notamment les États-Unis, fixent traditionnellement des salaires minima faibles. Cependant, ils restent supérieurs aux rémunérations des pays en voie de développement. Dans certains pays, la loi ne fixe aucun salaire minimum.
17 des 25 pays de l'Union européenne possèdent un salaire minimum légal (c'est à dire imposé par la loi), de sorte que l'idée d'une mise en place d'un salaire minimum interprofessionnel européen semble a priori réalisable. Le système pourrait fonctionner comme aux États-Unis, où chaque État peut fixer un salaire minimum supérieur au salaire minimum fédéral.
Dans les pays développés, les salaires minima (lorsqu'ils existent) peuvent être définis soit en taux horaire comme en France, aux États-Unis, au Canada en République Tchèque, en Corée du Sud et en Hongrie; soit au niveau journalier comme au Japon et au Mexique; soit au niveau hebdomadaire comme en Nouvelle-Zélande, aux Pays-Bas; ou au niveau mensuel comme en Espagne, au Portugal, en Pologne, Luxembourg; ou même un panachage de plusieurs de ces possibilités.
Pays | Montant | Part des salariés à temps complet le percevant |
---|---|---|
Roumanie | 90 € | 12,0 % |
Bulgarie | 82 € | NC |
Lettonie | 129 € | NC |
Lituanie | 159 € | 12,1 % |
Slovaquie | 183 € | 1,9 % |
Estonie | 192 € | 5,7 % |
Pologne | 234 € | 4,5 |
Hongrie | 247 € | 8,0 % |
République tchèque | 261 € | 2,0 % |
Turquie | 240 € | NC |
Portugal | 437 € | 5,5 % |
Malte | 580 € | 1,5 % |
Espagne | 631 € | 0,8 % |
Grèce | 668 € | NC |
Irlande | 1.293 € | 3,1 % |
Royaume-Uni | 1.269 € | 1,4 % |
France | 1.218 € | 15,6 % |
Belgique | 1.234 € | NC |
Luxembourg | 1.503 € | 18,0 % |
États-Unis | 753 € | 1,4 % |
(source : Eurostat, 2006)
Pays européens n'ayant pas de salaire minimum :
- Allemagne
- Finlande
- Autriche
- Italie
- Chypre
- Suède
- Suisse
[modifier] Revalorisation du salaire minimum
- Au Royaume-Uni, bien qu'ayant été créé en 1999, le salaire minimum a crû très rapidement pour atteindre en 2004 une des plus hautes valeurs au monde. Cependant, l'existence de décotes de 15% pour les jeunes de 18 à 22 ans, et de 40 % pour les mineurs de plus de 16 ans, limitent les effets d'un salaire minimum élevé.
- Aux États-Unis, le salaire minimum existe depuis 1938. Il existe un salaire minimum au niveau fédéral et des salaires minima au niveau des États.
- Le salaire minimum fédéral
Il n'a pas été augmenté depuis 1996 (5,15 $ de l'heure), ce qui laisse des marges de manœuvre aux augmentations au niveau des États. Actuellement, une personne qui travaille à temps plein et qui touche le minimum fédéral reçoit 10 712 $US par année, un montant en-deçà du seuil de pauvreté établi aux États-Unis
-
- Le salaire minimum des États fédérés
Les États fédérés et même les villes peuvent fixer leur propre salaire minimum. C'est le cas notamment de Santa Fe, en Californie, dont le salaire minimum porté est de 8,50 $US l'heure. En 2005, 18 États américains ont décidé d'augmenter leur salaire minimum pour faire face à la baisse du pouvoir d'achat des travailleurs les plus pauvres. Dans l'État de Washington, le salaire minimum se monte à 7,35 dollars¹ de l'heure. Le nombre de personnes payées au salaire minimum (essentiellement des femmes employées) est en baisse : entre 1997 et 2004, il a chuté de 2,8 millions¹ aux États-Unis pour ne représenter que 1.4% de la population salariée aujourd'hui. ¹ = source : Le Monde, 7 juin 2005.
- En France, le salaire minimum est revalorisé tous les ans au 1er juillet.
Son augmentation correspond à l'inflation constatée l'année précédente plus 50% de l'augmentation du pouvoir d'achat ouvrier moyen. Le gouvernement a en outre la possibilité d'accorder des « coups de pouce », ce qu'il fait en principe régulièrement.
L'augmentation du salaire minimum est autant un enjeu syndical que politique comme l'attestent les déclarations de la CGT réclamant un SMIC à 1 500 euros brut par mois, au lieu des 1 254,28 euros actuels. D'ores et déjà, la plateforme du Parti socialiste prévoit l'augmentation du SMIC à 1 500 euros par des coups de pouce réguliers, pour atteindre ce montant au plus tard en 2012 (c'est-à-dire au terme de la législature qui va s'ouvrir 2007-2012). Cependant, on peut noter que les 1500 euros bruts seront atteint en 2012 rien que du fait de l'inflation...
[modifier] Analyse
[modifier] Salaire minimum et inflation
Le salaire est un élément important d'une part, des revenus des consommateurs; et d'autre part des coûts de productions des entreprises.
À ce titre le salaire minimum a un impact sur l'inflation; lorsqu'il augmente en favorisant une inflation par les coûts (si les gains de productivité des salariés rémunérés au salaire minimum sont inférieurs à la dite augmentation) ou en favorisant une inflation par la demande (si les capacités de productions sont insuffisamment élastiques par rapport à l'accroissement de la demande générée par la hausse du salaire minimum).
[modifier] Le salaire minimum dans la théorie économique
Le salaire minimum est un élément important du marché du travail car il empêche de fixer les salaires en dessous d'un certain seuil. À ce titre, il a un impact sur le niveau de l'emploi, le niveau de vie, de formation des salariés et le niveau de l'inflation.
Plusieurs modèles permettent d'expliquer les incidences de l'instauration d'un salaire minimum dans une économie. Bien que ces théories semblent se contredire, elles peuvent permettre de mieux comprendre les interactions qui justifient l'existence d'un salaire minimum.
1) L'analyse néo-classique (communément appelée libérale) considère que l'existence d'un salaire minimum empêche les ajustements à la baisse des salaires qui permettent aux marchés de l'emploi de s'ajuster par les prix en cas de choc exogène. Lorsque ces ajustements ne sont pas suffisamment possibles, on voit apparaître dans une économie un chômage structurel ou chômage classique. Bien évidemment d'autres freins que le salaire minimum existent pour empêcher ces ajustements, comme la présence de syndicats forts défendant des conventions collectives, l'existence de lois sociales protégeant les salariés, et l'existence d'aides sociales monétaires (allocation chômage, RMI…)
En définitive, l'analyse néo-classique insiste sur le fait que l'existence d'un salaire minimum empêche les entreprises d'embaucher des salariés dont la productivité ne permet pas de couvrir les charges sociales et le salaire minimum. Du point de vue du salarié, le salaire minimum est un moyen de se protéger de la concurrence des chômeurs, en interdisant le « partage du gâteau » de la masse salariale en parts plus nombreuses, mais plus petites. C'est donc la partie de la population la moins bien formée qui est pénalisée par l'existence d'un salaire minimum, ce qui conduit à son exclusion par l'interdiction du travail salarié en rapport avec sa productivité.
On peut remarquer que l'ensemble des néo-classicistes ne récuse pas en bloc l'existence d'un salaire minimum mais plutôt son niveau trop élevé qui induit le mécanisme présenté précédemment.
En effet, un salaire minimum très bas n'a que peut d'incidence sur l'économie puisque la quasi-totalité des salariés sont, de fait, payés plus. Pour les libéraux, l'existence d'un salaire minimum a au moins l'intérêt d'inciter la partie de la population la moins qualifiée à travailler et à ne pas être dépendante de l'aide sociale.
2) Au contraire, pour les théoriciens de la croissance endogène, l'existence d'un salaire minimum a un effet positif à long terme sur le niveau de l'emploi en incitant les salariés à investir dans leur emploi, les entreprises à favoriser les gains de productivité, et l'État à former sa population. Les efforts conjoints des entreprises, des salariés et de l'État favorisent la croissance à long terme et donc le niveau de l'emploi.
3) Pour les post-keynésiens, le salaire est un élément de motivation des salariés : plus les salaires sont élevés, plus le salarié est productif et s'investit dans son travail. Pour les entreprises l'existence d'un salaire minimum permet donc de limiter l'absentéisme, la rotation des salariés et favorise la paix sociale. Les augmentations du salaire minimum soutiennent la consommation et donc les débouchés pour les entreprises.
4) Pour les marxistes, l'existence d'un salaire minimum, en améliorant la situation de la classe ouvrière, tente de démobiliser celle-ci dans la radicalité de ses revendications. Le salaire minimum n'est qu'une tentative (jusqu'ici efficace) de repousser à des horizons de plus en plus lointains la révolution politique et sociale, seule réellement capable à leurs yeux d'instaurer une justice sociale.
L'analyse politiquement dominante peut se résumer ainsi :
- En période de marché du travail équilibré ou en faveur des employés, le salaire minimum est peut-être inutile, mais il n'est pas nuisible car il ne s'applique pas
- En période de chômage, le salaire minimum assure un revenu stable, oblige les employeurs à rechercher d'autres ajustements que les revenus (formation, investissements…) au prix d'un surplus de chômage
- Le salaire minimum apparaît comme une sécurité pour les salariés les plus faibles (même si des mécanismes de protections autres qu'imposés par la loi peuvent être inventés), c'est un pilotage de politique économique et permet aux partis politiques de gauche de fidéliser ou de mobiliser un électorat.
[modifier] Salaire minimum et concurrence internationale
La généralisation des salaires minima à travers les pays développés s'est faite après la seconde Guerre mondiale en même temps que le développement des échanges internationaux. La mondialisation accrue des échanges de biens à cette époque a permis le décollage économique des pays d'Asie à commencer par celui du Japon, entraînant dans son sillage de nombreux autres (Corée du Sud, Chine…) Ce décollage économique a accru la concurrence internationale dans les secteurs fortement dépendants de la main d'œuvre, comme le textile ou l'électronique (secteurs où de nombreux emplois ont été détruits en Europe et aux États-Unis.)
Ainsi certains responsables sont amenés à réclamer un salaire minimum mondial, qui n'aurait pas d'effet de déplacement des emplois. Une première étape serait l'instauration d'un salaire minimum au niveau européen.
Lorque que l'on compare les salaires minima à travers le monde, on est frappé par leur étonnante hétérogénéité. Mais cette forte dispersion (du moins au sein des pays développés) est beaucoup plus faible lorsqu'on tient compte des parités de pouvoir d'achat des devises dans lesquels les dits salaires minima sont exprimés.
À noter qu'il existe déjà un salaire minimum mondial mais pour une seule profession, celle de marin. Ce salaire, qui est opposable dans 48 pays dans le monde, est géré par l'Organisation internationale du travail (OIT) et se décline en fonction des monnaies nationales en tenant compte de leur pouvoir d'achat local.
[modifier] La situation dans l'illégalité
Lorsque le travailleur est dans l'illégalité (notamment immigré clandestin), il lui est difficile de refuser une rémunération inférieure au salaire minimum, en supposant même qu'il connaisse cette réglementation. En outre, il peut trouver cette rémunération très avantageuse selon les normes de son pays d'origine.
[modifier] Histoire du salaire minimum en France
- 1950 : le Parlement vote une loi sur le salaire minimum, appelé alors salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG). Très faible au départ, ce salaire minimum n'est même pas indexé sur l'inflation. Il ne s'applique pas au secteur agricole, et a un niveau différent selon les régions françaises.
- 1968 : création du salaire minimum interprofessionnel de croissance (SMIC). De portée nationale pour tous les majeurs du secteur privé, le SMIC est revalorisé tous les ans du montant de l'inflation, plus de 50% de la hausse d'achat du salaire ouvrier moyen.
2006 | 2005 | 2004 | 2003 | 2002 | 2001 | 2000 | 1999 | 1998 | 1997 | 1996 | 1996 | 1995 | 1994 |
8,27 | 8,03 | 7,61 | 7,19 | 6,83 | 6,67 | 6,41 | 6,21 | 6,13 | 6,01 | 5,78 | 5,75 | 5,54 | 5,42 |
1993 | 1992 | 1992 | 1991 | 1990 | 1990 | 1990 | 1989 | 1989 | 1988 | 1988 | 1987 | 1987 | 1986 |
5,31 | 5,19 | 5,08 | 4,98 | 4,87 | 4,77 | 4,65 | 4,56 | 4,48 | 4,38 | 4,34 | 4,24 | 4,20 | 4,10 |
1986 | 1985 | 1985 | 1985 | 1984 | 1984 | 1984 | 1984 | 1983 | 1983 | 1983 | 1983 | 1982 | 1982 |
4,05 | 3,97 | 3,89 | 3,80 | 3,71 | 3,63 | 3,59 | 3,47 | 3,40 | 3,34 | 3,30 | 3,20 | 3,09 | 2,99 |
1982 | 1982 | 1982 | 1981 | 1981 | 1981 | 1981 | 1980 | 1980 | 1980 | 1980 | 1980 | ||
2,90 | 2,84 | 2,77 | 2,71 | 2,64 | 2,55 | 2,32 | 2,25 | 2,18 | 2,13 | 2,08 | 2,04 |
http://www.insee.fr/fr/indicateur/smic.htm
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