Pierre Ier de Castille
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Pierre Ier, (né le 30 août 1334 à Burgos– mort le 23 mars 1369 à Montiel), seul fils légitime du roi Alphonse XI et de Marie de Portugal (fille du roi Alphonse IV de Portugal), connu comme Pierre "le Cruel" - surnom donné par ses ennemis - ou comme Pierre "le justicier", fut roi de Castille et León (1350 – 1369).
Il s’attira la réputation d'être d’une cruauté monstrueuse, ce qui lui valut son surnom. Bien des années plus tard, à une époque où l'autorité royale était bien établie, il y eut une réaction en faveur de Pierre et un surnom alternatif lui fut trouvé. Il devint à la mode de parler de lui comme d’El Justiciero, le Justicier. Ses apologistes avancèrent l’argument qu’il avait uniquement tué des hommes qui ne se soumettaient eux-mêmes pas à la loi ou ne respectaient pas les droits d’autrui. Cette théorie n’est pas dénuée de tout fondement. Ainsi le chroniqueur Lopez de Ayala qui s’était battu contre Pierre Ier confessa que la chute du roi fut regrettée par les marchands et les négociants qui avaient joui d’une certaine sécurité sous son règne. Pierre accéda au trône à 16 ans et fut tout d’abord soumis à l’influence de sa mère et de ses favoris.
Ce fut un être immoral et infidèle à son épouse tel que son père l’avait été. Mais Alphonse XI n’avait pas mis sa femme en prison ni provoqué son assassinat, ce que Pierre fit à tout le moins pour ce qui concerne l’emprisonnement, sa culpabilité dans le meurtre de la reine. Il fut marié officiellement deux fois. Il répudia sa première femme Blanche de Bourbon, épousée en 1352 sous la pression de sa mère et des nobles castillans pour se marier avec Juana de Castro en 1354. Cette dernière fut également répudiée peu après bien qu’elle lui ait donné un fils. La seule femme de son “harem “ dont il ne se lassa jamais fut sa maîtresse Maria de Padilla.
Encouragé par le ministre Albuquerque, il s'émancipa de la tutelle maternelle et s’attacha à Maria de Padilla qui œuvra en faveur de la disgrâce d’Albuquerque. Après son mariage forcé avec Blanche de Bourbon, s’ensuivit une période de désordre dans le royaume pendant laquelle le roi perdit le pouvoir effectif et fut même emprisonné. Cependant les dissensions au sein du parti dominant permirent à Pierre de s'évader de Toro où il était retenu, et de se rendre à Ségovie.
Il règne tout d'abord sous la régence de sa mère Marie de Portugal et du ministre Juan Alfonso de Alburquerque (lequel lui fait épouser Blanche de Bourbon dans le but d'affirmer l'alliance entre la Castille et la France) Il ôte en 1353, le pouvoir à sa mère et l'exile à Evora dans son Portugal natal (il l'empoisonnera le 18 janvier 1357). Son comportement n'est pas admis de ses sujets, le pape Innocent VI l'excommunie. Les royaumes de Castille et de Léon se soulèvent et il doit se rendre aux insurgés. La cause du soulèvement provient aussi de ses interventions dans les querelles des grandes maisons nobles du royaume, ce qui en mécontentait de nombreuses qui ont alors lié leur sort à celui de ses demi-frères bâtards, lesquels ont soulevé le pays contre lui, déclenchant une véritable guerre civile dans la Castille. Son règne fut continuellement troublé par les agissements subversifs de ses demi-frères naturels que son père le roi Alphonse XI avait favorisés à son détriment.
En 1356, il est emprisonné à vie à Toro mais parvient à s'échapper durant une partie de chasse (unique distraction qui lui était parfois autorisée). Il lève une armée à grands frais et reprend le pouvoir royal à Séville, puis se débarrasse en les tuant de tous ses ennemis, à commencer par ses demi-frères Fabrique Alfonso (frère jumeau d'Henri II de Castille ) le 29 mai 1358, Pedro Alfonso (le plus jeune de ses demi-frères âgé de 14 ans) et Juan Alfonso 17 ans en décembre 1359, puis vint le tour de sa tante Éléonore de Castille peu après. Sa belle-sœur Juana Nunez de Lara (femme d'un autre de ses demi-frères Tello Alfonso (lui-même épargné par la purge de son demi-frère)). Enfin, il empoisonne sa propre épouse Blanche de Bourbon après l'avoir emprisonnée à Aravela.
De 1356 à 1366, il fut continuellement en guerre contre l’Aragon, et ne fit preuve ni d’audace, ni de génie militaire dans la conduite des opérations. En 1366 il fut assailli par son demi-frère aîné, fils bâtard du roi Alphonse XI, Henri de Trastamare, qui revendiquait également la couronne et avait obtenu le soutien du roi de France Charles V. Face à une armée de soldats de fortune, les [grandes compagnies], qui était menée par de valeureux chefs dont Bertrand Du Guesclin et Hugues Calveley, Pierre Ier après avoir retraité à plusieurs reprises (d’abord de Burgos, puis de Tolède et enfin de Séville) face à l'avancée des troupes ennemies, abandonna le royaume sans avoir osé livrer bataille. Il emporta avec lui le trésor et se réfugia au Portugal où il fut froidement reçu par son oncle, le roi Pierre Ier de Portugal, puis en Galice où il fit assassiner l'archevêque de Saint-Jacques-de-Compostelle.
Henri de Trastamare surnommait continuellement Pierre “le roi des juifs” et il réussit ainsi à bénéficier des sentiments antisémites d’une certaine partie de la population. Il instigua des pogroms qui marquèrent, en Espagne, le début d’une période d'émeutes anti-juives et de conversions forcées qui culmina de 1370 à 1390. Pierre prit d'énergiques mesures pour lutter contre cela avec notamment l'exécution de cinq meneurs d’une émeute qui furent bouillis et rôtis.
Durant l’été 1366, il fit appel au roi d’Angleterre Édouard III, qui était alors engagé dans la guerre de Cent Ans contre la France. Celui-ci lui accorda son soutien, envoyant en Espagne une armée menée par son propre fils Edouard, le Prince Noir. Les armées de Pierre et d’Édouard battirent celles d’Henri, des français et des autres alliés à la bataille de Najera en 1367 permettant à Pierre le Cruel de récupérer son trône. Cependant celui-ci ne tint pas sa promesse de rembourser aux anglais les frais de leur engagement militaire et il fit preuve de tant de férocité et d'infidélité qu’il provoqua le départ du prince noir dégoûté par cette attitude et affaibli par la maladie. Privé des troupes anglaises, Pierre fut rapidement renversé pour la troisième fois par son demi-frère Henri aidé de Bertrand du Guesclin et d’un corps de mercenaires français et anglais. Réfugié dans la forteresse de Montiel, Pierre fut attiré par une ruse dans la tente de Du Guesclin. C’est là qu’il fut poignardé, le 22 mars 1369 en combat singulier, par Henri qui devint roi sous le nom de Henri II. Constance et Isabelle de Castille, les filles que lui avait données Maria de Padilla, furent respectivement mariées à Jean de Gand et Edmund de Langley (v. 1341-1402), tous les deux fils d’Édouard III d'Angleterre.
[modifier] Sources et bibliographie
- Pero Lopez de Ayala, Chroniques (Madrid 1779-1780)
- Prosper Mérimée, Hist. de Don Pedro I, roi de Castille (Paris, 1848).
Précédé par | Pierre Ier de Castille | Lui a succédé |
Alphonse XI | roi de Castille, de León, de Galice, de Tolède, de Séville, de Cordoue et de Murcie |
Henri II de Trastamare |