Perfide Albion
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Perfide Albion a été jusqu'à l'Entente cordiale une expression désignant souvent l'Angleterre et, par extension, la Grande-Bretagne et le Royaume-Uni. L'expression « perfide Albion » entière semble dater du XIXe siècle (1re occurrence chez le marquis de Ximénès, voir ci-dessous) où l’expression remporte un vif succès. Elle est ensuite employée par Chateaubriand, Banville, Goncourt (qui en parle déjà comme d’une « vieille rengaine »), Anatole France, sans compter la presse populaire qui l'utilise dans ses articles sur la concurrence Royaume-Uni / France pour l’expansion coloniale en Afrique. On peut supposer qu'elle est réactivée, avec une nuance « plaisante » (Littré), lors des dissensions entre la France et le Royaume-Uni (mais surtout avec l'Angleterre).
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[modifier] Pourquoi « perfide »
Perfide signifie étymologiquement : « qui ne respecte pas sa foi, sa parole ». Autrement dit une personne ou une entité à laquelle on ne peut pas faire confiance. Parmi les faits sur lesquels cette réputation – qu'elle soit justifiée ou non – peut prétendre éventuellement s'étayer, se trouvent des faits de guerre perçus comme ne respectant pas les usages de leur époque.
[modifier] Avant le XXe siècle
- En 1415, à la bataille d'Azincourt, les Anglais achèvent – sur ordre de Henri V et contre tout code d'honneur médiéval – les chevaliers français à terre qui refusent de se rendre ou de payer une rançon.
- En 1755, sans déclaration de guerre, les Britanniques capturent 300 navires de commerce français et emprisonnent 6 000 marins. Cette action préventive semble avoir eu une grande influence sur l’issue de la guerre de Sept Ans.
- En 1801 Nelson sous les ordres du commodore Hyde Parker attaque et défait par surprise et sans déclaration de guerre la flotte danoise à la bataille de Copenhague.
[modifier] Au XXe siècle
Tout change alors.
En 1908, Lord Fisher recommande au roi Édouard VII de « "copenhaguer" la flotte allemande », c'est-à-dire de la détruire dans les eaux nationales allemandes comme lors de la bataille de Copenhague, interrogeant : « Pourquoi attendre et donner à l’Allemagne l’avantage de choisir le moment de l’attaque ? ». Selon l’amiral Bacon, Fisher « calculait que quand le programme naval allemand (…) serait terminé, l’Allemagne nous déclarerait la guerre ; septembre ou octobre 1914 était la date prévue par lui », à cause de la fin de travaux de modification du canal de Kiel. Mais le roi lui répond que l'idée est contraire à la notion même de droit. [1]
La propagande allemande essaya sans succès de ressusciter l'expression de « perfide Albion » après la destruction par le Royaume-Uni de la flotte française de Mers el Kébir.
Le gouvernement britannique reste accusé d'avoir fait preuve de déloyauté envers les habitants des îles Chagos[2]
[modifier] Pourquoi « Albion »
Albion est le nom antique de la Grande-Bretagne. On retrouve cette mention dans les écrits de Pline l'Ancien.
L'origine du mot, pré-indoeuropéenne ou celtique, viendrait de Alba qui signifie blanc et renverrait à la blancheur des falaises crayeuses de Douvres.
On trouve le nom d'Albion et d'Albiones chez Pline
Selon une légende celtique, Albion tiendrait son nom d'Albine, aînée des Danaïdes qui, condamnées à errer en mer pour le crime de leurs maris, auraient débarqué sur sur la côte anglaise[3]
Il est à noter que le nom en gaélique de l'Écosse est Alba.
[modifier] Quelques citations
- « L’Angleterre, ah ! la perfide Angleterre, que le rempart de ses mers rendait inaccessible aux Romains, la foi du Sauveur y est abordée » (Bossuet, Sermon sur la Circoncision).
- « Attaquons dans ses eaux la perfide Albion » (Marquis de Ximenez 1726-1817, Poèmes).
- « Frémis, frémis Albion perfide » (Henri Simon, Ode sur la mort du duc de Montebello, 1809).
- « La perfide Albion qui a brûlé Jeanne d'Arc sur le rocher de Sainte-Hélène » (Christophe, La Famille Fenouillard)
- « Et la guerre ? Et les forfanteries de la perfide Albion tournant en eau de boudin? Farce! Farce! » (Gustave Flaubert, correspondances, 1878)
[modifier] Notes et références
- ↑ Cité par Michel Tripier, de l'Académie de Marine, dans Les missions navales sur stratisc.org
- ↑ Les Chagos : les îles saignées par la Grande Bretagne
- ↑ D'après « Perfide Albion » Christine Guillou, in Les dossiers de Weblettres, octobre 2005