Martine Dassault

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Martine Dassault a d'abord été journaliste d'art, notamment à "Décoration Internationale". Elle a publié Crash, son premier roman en aout 2004 aux Editions du Rocher, dans l'idée d'une future trilogie qui suivrait le développement psychique de son héroïne-miroir. Les lys Casablanca ont suivi, en septembre 2005, chez le même éditeur. Le troisième volet, Le temps du violon, devrait paraître en janvier 2007.

Crash débute par là, justement. La mère vient de mourir. Elle gît à terre, dans son sang, tête fracassée, et son cri qui n'est pas un adieu se prolonge et se fond dans un autre cri, celui de la narratrice. La parole ne peut pas être réparatrice, mais elle doit être. La nécessité de dire devient peu à peu une nécessité de décrypter le tragique. Le lecteur est plongé au plus vif, au plus intime de la douleur. La parole devient un chemin, et la mémoire un terreau. Il n'est pas ici question d'un palliatif à la douleur. Il est question d'une identité à libérer, ou à réinventer. Il est question de l'être.

Hélène ou l'autre. La narratrice s'invente un double, qui crée le décalage nécessaire. Les personnages de Crash ne portent pas de nom. Hélène ou l’héroïne des "Lys" a donc une vie antérieure, elle a commencé la reconstruction. Aucun avenir n'est annoncé, puisque l'auteur ne s'interesse pas à l'évènementiel. Les Lys racontent Hélène, femme adulte qui naît au monde. L'histoire prend sa dimension dans la symbolique.

On pourra lire dans "Les Lys" une histoire d'amour ratée. Ou la première étape vers l'affranchissement, ou encore une relecture du mythe d'Oedipe.

Les désastres semblent entérinés, elle est encore dans le deuil, mais elle n'est plus dans la tempête. Dehors, c'est l'été. Le soleil brille, la femme surgit, dans toute sa fragilité et sa beauté. Le désir renaît. L'analyse du tragique s'affine, on le sent sous-jacent. Encore une fois il va s’agir d’une histoire de vie ou de mort. Mais quelqu'en soit la conclusion, on a compris qu’elle vivra.

L’action des Lys se situe un an après "Crash", et dure effectivement moins d’une semaine, temps à peine dilaté de la tragédie, temps des lys aussi, fleur de cimetière, hautement vénéneuse. C’est suffisant pour ce qu’il faut montrer. Un affrontement. Un dysfonctionnement. Le "Crash" a fonctionné à plein dans ses conséquences naturelles, destruction-reconstruction. Ce qui est sûr, c’est qu’elle n’est plus dans la perte de soi. Il n'y aura de mort que symbolique. L'amour s'accomplira au risque de l'irrecevable. Il n'a aucune chance de survie. Les choses reprendront leurs cours. Apprentissage ou initiation, le danger est passé.

De son histoire antérieure, elle a retenu la certitude du vide. Tout est encore à faire, à voir, à prendre. On voit ce destin monter comme une pyramide à degrés. Rien n'est à négliger, rien n'est à oublier. C'est le prix à payer. Au-delà de l’amour mis à mort, de la souffrance, elle est aussi étrangement neuve qu’elle est ouverte et vivante.