Les Provinciales
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Les Provinciales (ou Lettres écrites par Louis de Montalte à un Provincial de ses amis et aux R.R. Pères Jésuites) constituent une série de dix-huit lettres écrites par Pascal sous un pseudonyme. Elles sont une défense d’Antoine Arnauld, janséniste ami de Pascal, qui en 1656 fut condamné par la Sorbonne pour des opinions considérées comme hérétiques. La première lettre est datée du 23 janvier 1656 et la dix-huitième du 24 mars 1657. Une dix-neuvième lettre dont nous n’avons qu’une ébauche est fréquemment incluse avec les autres.
[modifier] Présentation
En gros, les deux premières lettres exposent les positions jansénistes sur le « pouvoir prochain » (Lettre I) et la « grâce suffisante » (Lettre II). Les lettres postérieures montrent Pascal davantage sur la défensive (la pression ne cessait de grandir sur les jansénistes de Port-Royal pour les faire renoncer à leur doctrine) et elles mènent l'assaut contre la casuistique. La lettre XIV contient la citation célèbre : « Je n'ai fait celle-ci (= cette lettre) plus longue que parce que je n'ai pas eu le loisir de la faire plus courte. »
L’impact des Provinciales fut considérable. Pascal utilisait l'humour avec beaucoup d’esprit pour fustiger les institutions existantes et son ouvrage devint extrêmement populaire. Cependant, sa publication était clandestine et en 1660 Louis XIV interdit le livre qui fut sur son ordre lacéré et brûlé. Les Provinciales n’en ont pas moins survécu et leur influence a été grande sur la prose des auteurs de langue française qui ont suivi.
Depuis la victoire des jésuites, la position officielle de l'Église romaine est de déplorer l'aveuglement de Pascal qui ne se rendait pas compte que, par de tels écrits, il donnait des armes aux adversaires du catholicisme. On en aura un exemple dans l'Encyclopedia Catholica :
- « Que Pascal ait pensé faire un travail utile, c'est toute sa vie qui en témoigne, aussi bien que ses déclarations à son lit de mort. Sa bonne foi ne peut pas sérieusement être mise en doute, mais certaines de ses méthodes sont plus discutables. S'il n'a jamais sérieusement altéré les citations des casuistes qu'il faisait, comme on l'a quelquefois accusé injustement de l'avoir fait, il les arrange un peu et de manière peu sincère; il simplifie à l'excès des questions compliquées et, dans sa façon de présenter les solutions des casuistes il se permet quelquefois de mêler sa propre interprétation. Mais le reproche le plus grave qu'on puisse lui adresser est d'avoir injustement fait tort à la Société de Jésus, en l'attaquant exclusivement et lui attribuant un désir d'abaisser l'idéal chrétien et de mitiger le code de la morale dans l'intérêt de sa politique; il a par là discrédité la casuistique elle-même en refusant de reconnaître sa légitimité voire, dans certains cas, sa nécessité, si bien que ce ne sont pas seulement les jésuites, mais la religion qui a souffert dans ce conflit, même s'il a contribué à accélérer la condamnation par l'Église de certaines théories laxistes. Ainsi, sans le vouloir ni même s'en rendre compte, Pascal a fourni des armes aussi bien aux incroyants et aux adversaires de l'Église qu'aux partisans d'une morale indépendante.
- Quant à leur forme littéraire, les Provinciales sont, à leur époque, le premier chef-d'œuvre en prose de la langue française, grâce à l'humour de leur satire et à leur éloquence passionnée ».
[modifier] Voir aussi
[modifier] Bibliographie
- Jean Lacouture, Jésuites, Seuil, octobre 1991.
- ISBN 2-02-012213-8 (tome 1, édition brochée)
- ISBN 2-02-014407-7 (édition complète)
- ISBN 2-02-013714-3 (toem 1, édition reliée)
- ISBN 2-02-014408-5 (édition complète)
- Jacques Attali, Blaise Pascal, ou le génie français, Fayard, 2000.
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu d'une traduction de l'article en anglais : « Lettres provinciales ».