Lac Qinghai

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Le lac Qinghai vu de l'espace (novembre 1994).

Le lac Qinghai (prononcer Chingaï) ou Qhinghai, pour les anglosaxons, Quinghai pour les Allemands, est le plus grand lac de Chine.
C'est un lac d'altitude, situé à 3 205 mètres au dessus de niveau de la mer, totalement couvert de glace en hiver.
Il est aussi appelé :

« Koko ni » par les Mongols,
« Kokonor » ou « koko Nor » par les tibétains
« TSO Ngonpo » par les Tibétains.

Sommaire

1 Caractéristiques
2 Histoire
3 Situation hydrologique et écologique
4 Lac et grippe aviaire
- 4.1 Polémique : les oiseaux sont-ils les principaux vecteurs du H5N1 ?
5 Voir aussi
6 Liens externes

[modifier] Caractéristiques

Superficie : 4400 - 4583 km² (le lac se vide et son niveau varie saisonnièrement),
Profondeur moyenne : 21 m
Profondeur maximale : 27 m
bassin versant : 29,660 km2
Situation : à 180 km à l'ouest de la capitale Xining de la vaste Province chinoise de Qinghai, située au centre de la chine.
Altitude : 3266 mètres, qui en font l'un des plus grand lac en Chine et du monde,
Eau : saumâtre (15.2 g/l) et basique (pH = 9.6)
alimentation en eau : principalement par le N-W, par la rivière Baha
caractéristiques géosismiques : le fond du lac est traversé sur toute sa longueur par 5 lignes de failles d'orientation N-W S-E

en savoir plus : http://www.icdp-online.de/sites/qinghai/wellsite/well.html

[modifier] Histoire

L'histoire tectonique, paléoclimatique et géologiques du lac sont en cours d'étude. Les données écologiques manquent, mais des travaux seraient en cours (études des sédiments pour comprendre les paléoclimats)

L'histoire humaine ancienne de la région est mal connue.
Ce lac est l'un des lacs sacrés aux yeux des tibétains.
L'occupation humaine de la région remonte probablement à la préhistoire, mais les berges de ce lac d’altitude étaient encore décrites comme totalement sauvages et désertes jusqu’au début du XX^e siècle, dont par Alexandra David-Néel en 1919 (au moment de la pandémie grippale de 1918-1919).
Elles sont aujourd’hui peuplées de paysans et presque partout cultivées ou exploitées pour le pâturage ou le sel, comme en témoignent les images satellites récentes. Le modifications de pratiques agricoles, en particulier avec le recul de l'herbe au profit des labours entrainent souvent une forte dégradation des sols.

L'Histoire récente de la région du Lac a été au XXème siècle doublement marquée par le sceau du secret avec :

l'installation forcée d'un ancien camp du « goulag chinois » aux abords du Lac,
l'installation et le fonctionnement d'un complexe militaire nucléaire secret (Haiyan, 1170 km²), à l’est, dit « neuvième académie » ou « usine 221 ». Ce site aurait produit de l'uranium enrichi, les 1ères armes nucléaires chinoises (bombe atomique) et abrite des zones de lancement de missiles et il a produit et il aurait dispersé dans l'environnement des quantités importantes de déchets radioactifs, jusque dans les années 80 selon de nombreuses sources non officielles.
Pour en savoir plus voir l'article consacré à la Neuvième académie.

[modifier] Situation hydrologique et écologique

Le lac saumâtre qui était autrefois très riche en oiseaux migrateurs, et il en abrite encore beaucoup. Il était aussi un point important de nourrissage pour de nombreux animaux sauvages et pour les troupeaux nomades d'herbivores (yacks, moutons, chèvres..). Le lac est de plus en plus pollué, notamment par des rejets agricoles et urbains qui viennent s’ajouter à de plausibles importantes séquelles de la recherche et de l’industrie nucléaire militaire chinoise.

De 1959 à 1982, le lac se vide et se salinise, en raison suppose-t-on de la conjonction de plusieurs sécheresses et de l’augmentation de l’irrigation dans la région. Le déficit d’alimentation y aurait été de 10 cm par an, en moyenne.

Activités économiques :

La pêche et la chasse semblent en déclin depuis 40 ans, dans les rivières ou dans le lac et à ses abords, soit que le poisson ait régressé, soit suite au rejets de déchets radioactifs dans le lac ou en raison de la salinité..

La rive sud, accessible en bus et distante de 150 km environ de la capitale régionale, est visitée et appréciée par un nombre croissant de touristes, essentiellement chinois, qui viennent brièvement faire une promenade à dos de cheval, yack ou chameau sur le rivage, ou visiter une partie du lac en bateau, sans beaucoup enrichir l'économie locale, hormis lors du passage dans l'un des restaurants ou par l'achats de souvenirs ou objets présentés sur des alignements d'étals, colliers, épées ornées..). Des enfants et nomades se laissent photographier en costume traditionnel pour un peu d'argent. Le tourisme ornithologique (birdwatching) se développe également via des tours-opérators spécialisés.

Écologie

C'est dans ce secteur aux habitats naturels variés que naissent 3 des plus grands fleuves chinois (Yang Tsé Kiang, Lancang, fleuve jaune). Ce fait est à l'origine du nom (Sanjiangyuan) de la "réserve naturelle des sources des trois rivières" ("The Sources of the Three Rivers") qui, avec ses 316,000 km2 (360.000 km2, selon d'autres sources) est la plus grandes réserve naturelle de Chine et la plus haute du monde culminant à plus de 4.000 m au-dessus de niveau de la mer. En 1999, on a commencé à replanter de l'herbe et des arbres en amont des bassins de ces grands fleuves pour y freiner l'érosion. selon le gouvernement chinois, en 2001, 4 200 ha ont ét réenforestés et 387 000 de forêt primaire font l'objet de protection contre les incendies ou le déboisement illégal; 1,2 millions d'ha nécessitant d'être mieux surveillés, La surface boisée étant tombée à 456.158 hectares de forêt et 744.572 ha de buissons.

De nombreux oiseaux nichent au sol sur les berges et plages. Sur le lac même, un îlot dit « île aux oiseaux » s’est formé suite à la baisse de niveau. Le lac abrite maintenant des milliers d'oiseaux (oies, laridés, cormorans, etc) et devient une zone réputée d’observation ornithologique. Le lac Qinghai est en effet l’un des principaux sites de reproductions pour l’oie à tête barrée, le goéland ichthyaète ou la mouette du Tibet qui de là partent hiverner dans le Sud-est de l’Asie, au Tibet ou en Inde.

[modifier] Lac et grippe aviaire

C’est sur ce site qu’a été détecté au printemps 2005 la plus forte épizootie mondiale due au virus H5N1 de la grippe aviaire chez des oiseaux sauvages. 5 à 10% de la population mondiale d'Oies à tête barrée (Anser indicus) auraient alors péri sur le lac Qinghai .

Les tests faits sur des poulets et des souris ont montré que le virus de Qinghai était plus virulent que les autres souches connues en 2005. (L'ordonnancement d'acide aminé en motif PQGERRRKKRGLF est conforme à la pathogénicité élevée et semblable à celui des virus découvert à Novosibirsk (Russie), en Turquie, Russie et en Roumanie en 2005. il a semblé être à l’origine des virus hautement pathogène trouvés en 2006 en Russie, Mongolie, au Kazakhstan, en Europe, au moyen orient et en Afrique.[1]

Historique
Dès Mai 2005, des mortalités importantes d’oiseaux étaient signalées sur le lac. Le public n'en a connaissance qu'après le 20 mai 2005..

En Juin 2005, plus de 1.000 oiseaux sont annoncés comme morts de la grippe dans la réserve naturelle du lac Qinghai. On évoque ensuite 6.000 oiseaux morts en 2 ou 3 mois sur le même site (AFP Pékin).

Des oies à tête barrée, mouettes à tête noire, goélands ichtyaètes selon le Dr Jinhua Liu (collège de médecine vétérinaire de Pékin) semblent les plus affectés. Lors des tests en laboratoire, les poulets auxquels le virus a été inoculé sont morts au bout de 20 heures et les souris au bout de trois jours, précise le Wenhuibao).

Puis une deuxième infection fut découverte dans la ville de Tacheng située sur la frontière avec le Kazakhstan à 1.600 kms à l'est du lac avec plus de 1 000 oies domestiques touchées dont 460 sont mortes. Ces oiseaux quittent habituellement le lac Qinghai fin juillet et en août, pour le sud et le sud-ouest, notamment Thaïlande, Inde et Pakistan, mais leurs routes migratoires sont mal connues.

Un site Internet Chinois (Boxun News) et le système d'alerte médicale/Internet Pro-MED évoquent 200 personnes infectées et 121 mortes (ce sont ces 2 mêmes sources qui avaient annoncé l'apparition du SRAS en 2003 alors que les autorités Chinoises niaient l’existence d’une épidémie).

Mardi 28 juin 2005, l’OMS met en garde la Chine contre les risques de propagation du virus lorsque les mouettes et les oies sauvages de l’ouest du pays migreront vers le sud l’été 2005 (pour gagner notamment l’Inde et le Pakistan).L’OMS demande que la Chine fasse plus de tests et annonce que le nombre des oiseaux sauvages atteints dans la province de Qinghai est beaucoup plus important qu’annoncé les 21 et 27 mai 2005.

Vendredi 1er juillet 2005, le ministère chinois de l’agriculture reconnaît que la grippe aviaire est réapparue en province de Qinghai début mai 2005. L'épizootie est selon lui sous contrôle. Le nombre oiseaux migrateurs morts (6000 au total) ne serait plus que de 20 par jour depuis le 8 juin 2005.

Jinmhua liu et al (revue Science, Juillet 2005) estiment que ce virus a des caractéristiques en faisant un candidat pour une pandémie, s'il s'humanisait. Quinze animaux (poulets et souris) sur seize testés sont morts en moins de 3 jours après exposition au virus.

Lundi 1^er mai 2006 : Après le dégel du lac, et un an après le 1er épisode de mortalité (1er mai 2006), un communiqué discret annonce qu’une Oie à tête barrée (sauvage ? captive ?) serait morte dans un village du District de Gangcha de la province du Qinghai. Le virus H5N1 est confirmé par le ministère de l'Agriculture chinois et le bureau provincial d'administration vétérinaire. D’autres oiseaux morts ont été trouvés dans la zone qui a été désinfectée. La surveillance des migrateurs est renforcée dans cette région.

Vendredi 26 mai 2006 : Selon les analyses, les 400 oiseaux migrateurs morts dans les préfecture de Nagqu (ou Nakchu, au Tibet http://www.maps-of-china.com/tibet-s-ow.shtml) très riches en lacs accueillant des oiseaux migrateurs, et dans la préfecture autonome tibétaine de Golog (province chinoise du Qinghai) étaient bien porteurs du virus H5N1. Ces 2 zones sont sur le trajet migratoire aviaire passant par le District de Yushum (province de Qinghai, Ampo pour les thibétains), où plus d'une centaine d'oiseaux sauvages avaient été trouvés morts début mai 2006. C’et un des couloirs de migration qui relient l’Inde à la zone du Lac Qinghai touchée par la plus importante mortalité d’oiseaux sauvages par le H5N1 depuis 1995. Ces zones d’altitude sont très peu peuplées et n’abritent pas de volailles. Les autorités se veulent rassurantes en précisant que ces zones d’altitude sont peu peuplées et n’abritent pas de volailles, qu'elles ont désinfecté les sites concernés, et que la surveillance des oiseaux y a été renforcée.

Est-ce un hasard si ce lieu est celui où le virus H5N1 semble avoir été le plus actif et meurtrier au monde chez des oiseaux sauvages ?.

Ce secteur est réputé avoir été longtemps utilisé par les militaires chinois pour construire leurs bombes atomiques (or la radioactivité est un facteur mutagène, et l’on craint que ce virus mute pour devenir plus pathogène. La radioactivité est de plus un facteur de dépression immunitaire, ce qui augmente le risque que les oiseaux soient malades).
le Journal Nature révèle en mai 2006 qu’un élevage situé très près du lac a développé un programme expérimental associant oiseaux domestiques et oiseaux sauvages, visant la reproduction d'oies pour reconstituer les populations sauvages décimées par la chasse et les modifications de leur habitat.
Des expériences d'utilisation de fientes de poule ou de lisier de porcs pour enrichir l’eau de piscicultures auraient également été testées dans la région, or ces excréments s'ils ne sont pas biosécurisés par désinfection, compostage ou méthanisation sont susceptibles de contenir et conserver le H5N1 durant plusieurs mois. Les engrais sont précieux dans cette zone de steppe aride, ou de montagne érodées nécessitant parfois des cultures en terrasses ou dans les fonds de vallées, par ailleurs exposées aux inondations.

[modifier] Polémique : les oiseaux sont-ils les principaux vecteurs du H5N1 ?

L’épizootie à H5N1 du Lac Qinghai a été au cœur de cette question. Cette hypothèse a d'abord été retenue (et citée comme tel par le Dr Webster et bien d'autres) comme argument en faveur d’une transmission par des migrateurs (transmission néanmoins probablement secondaire, à partir d’une infection venant d’élevages industriels de volaille chinois selon les déductions phylogénétiques du chercheur Guan Yi).

Divers ornithologues, dont Martin Williams, de Hongkong, ont dès 2005 dénoncé la théorie de la responsabilité première des oiseaux migrateurs : Les oiseaux morts à Qinghai, en Chine étaient suspectés d’être à l’origine des cas en Russie et en Mongolie. Or ;

les dates de propagation de l’épidémie correspondait à une période de sédentarité pour les oies,
les premiers foyers sibériens et situés en Russie de l'ouest sont curieusement tous situés le long du transsibérien puis d'une voie ferrée qui descend de Moscou vers le sud. Ceci évoque un transport du virus par l'homme, hypothèse citée par d'autres auteurs (Wetland International) puis par l'AFSSA en France, mais semble-t-il sans être testée ni approfondie en 2005/2006.

L'épizootie à H5N1 de Qhingai en mai 2005, qui a principalement impliqué les oies à tête barrée s'est déclarée près de sites où la FAO aurait aidée à établir une exploitation de pisciculture intégrée au début des années 90 selon certaines ONG. Des ONGe (dont Birdlife international) ont fait remarquer que le Lac Quinghai est aussi une des zones où la FAO a promu l’utilisation directe de fientes de poule ou lisier de porcs, pour enrichir l’eau de zones piscicoles (Des excréments humains non biosécurisés sont aussi couramment utilisés comme engrais piscicole (pour des carpes, tilapia..) ou dans les rizières en Asie et dans d'autres régions du monde). Or, les virus de Grippe A HP (hautement pathogène) semble pouvoir ainsi être facilement et rapidement dispersés dans l'Environnement aquatique. Si en 2003 on manquait de données scientifiques sur la présence du H5N1 dans le tube digestif et les excréments, des études récentes sur l'animal (dont mammifères)et l'homme ont montré que les excréments pouvaient contenir des charges virales très importantes.

Certaines piscicultures et rizières pourraient ainsi constituer de nouveaux réservoirs de virus. .

Les ONG environnementales relèvent qu'un rapport 2003 sur les systèmes intégrés de pisciculture indiquait que : « récemment, le bétail et les poissons a été impliqué dans l'occurrence irrégulière des pandémies de grippe ; les impacts globaux sur la santé publique de cette technique d’intégration sont énormes ».

Ce rapport inclut une référence à un article édité dans Nature 1988 par Christoph Scholtissek de l'université de Giessen en Allemagne et Ernest Naylor de l'université de Bangor au Pays de Gales, traitant du risque de pandémies grippales liées aux piscicultures. Il a indiqué que de la promiscuité entre des exploitations piscicoles et d’animaux d'élevage « peut jaillir la création d'un risque sanitaire humain considérable ». [2]