Kamisese Mara
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Ratu Sir Kamisese Mara (né le 13 mai 1920 et mort le 18 avril 2004) est un homme politique fidjien qui a été président des îles Fidji entre 1993 et 2000.
[modifier] Biographie
Né d'une famille noble (Tui Nayau) et royale , il étudie l'histoire à Oxford au Royaume-Uni, puissance coloniale des Fidji.
Il fonde le Parti de l'Alliance (Alliance party, ethnie fidjienne) et négocie à Londres avec Sidiq Koya, chef du Parti de la fédération nationale (National Federation Party, NFP, indo-fidjien). Il parvient à un compromis avec la communauté d'origine indienne: Fidjiens et Indo-Fidjiens ont eu autant de députés à la Chambre des représentants (22 chacuns) et huit pour les Européens et autres minorités. La moitié des députés sont élus par leur communauté, l'autre moitié au suffrage universel. Ce compromis a permis l'accession des Fidji à l'indépendance en 1970 en conservant Élisabeth II du Royaume-Uni comme chef de l'État.
Mara est le premier chef du gouvernement des Fidji indépendante de 1970 à 1987 grâce aux succès du Parti de l'Alliance, mais aussi aux divisions au sein du NFP. L'Alliance et Mara sont battus aux élections de 1987 par une liste pluri-ethnique menée par le docteur Timoci Bavrada.
La retraite politique de Mara sera écourtée. Il est appelé à relever l'économie et le prestige des Fidji après les deux coups d'État du lieutenant-colonel Sitiveni Rabuka. Cinq ans plus tard, Mara remet le pouvoir à un gouvernement élu, mais les Indo-Fidjiens lui reprochèrent les lois de 1990 favorisant les Fidjiens dits indigènes.
Les Fidji ayant coupé ses liens avec le Royaume-Uni, la république avait été proclamée en 1987. En 1992, Mara est nommé président par le Grand Conseil des chefs, et est proclamé peu après avec l'incapacité du président sortant.
Le 19 mai 2000, l'extrémiste fidjien George Speight et des hommes armés prennent en otage le parlement et le gouvernement. Mara refuse de démissionner de la présidence et prend les pleins pouvoirs. Il est enlevé à bord d'un navire de guerre le 28 mai, escorté vers son île natale de Lakeba et sa démission lui est extorquée. Ratu Josefa Iloilo est nommé président pour le remplacer.
Après la défaite des putchistes, à 80 ans, celui qui a incarné le pouvoir aux Fidji décida de ne pas redevenir président malgré un jugement de la cour suprême fidjienne constatant l'inconstitutionnalité de sa démission. Il signa une démission à effet rétro-actif datée du 29 mai.
Mara est décédé le 18 avril 2004 à Suva. À sa mort, l'enquête sur les participants du coup d'État se poursuit. Il était marié et avait eu cinq filles et deux fils.
[modifier] Bilan
Au bilan de la carrière de Mara, il y a l'image d'un des fondateurs des îles Fidji en tant que pays indépendant, mais aussi comme un pays multiethnique essayant de vivre en paix, malgré les coups d'État des nationalistes fidjiens.
Sur le plan économique, la canne à sucre est devenu l'une des principales sources de revenus du pays. La production a ainsi doublé entre 1970 et 1987, passant de 250 000 tonnes à 500 000. 90% du sucre produit est exporté. Le gouvernement de Mara a négocié les débouchés de ce sucre grâce aux Accords de Lomé. Mara a aussi contribué à la création d'une production de bois avec la plantation de 500 km² de pinède.
Sur le plan international, il a contribué dans les années 1960 à la réforme du Forum du Pacifique sud en se mettant à la tête des États insulaires. Il contribua au texte de l'ONU de la Convention sur les droits de la mer de 1982. Il plaça son pays comme allié des États-Unis, visible à l'accueil de sous-marins et navires de guerre états-uniens.
Néanmoins, les politiciens indo-fidjiens reprochent à Mara sa passivité lors des coups de 1987 menés par des Fidjiens opposés à la victoire d'un premier ministre indien. Tandis que le putchiste George Speight et ses alliés l'accusaient de vendre le pays aux commerçants de la communauté indienne pour conserver le pouvoir.