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Jean-Pierre Timbaud

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Sommaire

[modifier] Biographie

Né le 20 septembre 1904 à Bossavy de Payzac dont sa mère était originaire, Jean-Pierre Timbaud est le secrétaire de la CGT des métallurgistes parisiens. À ce titre, il lutte activement durant les grandes grèves des années qui précèdent le Front populaire.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, il rejoint la Résistance et organise les comités syndicaux clandestins. Le 20 octobre 1941, le Feldkommandant Karl Hotz, commandant les troupes d'occupation de la Loire-Inférieure, est tué à Nantes dans un attentat. En guise de représailles, les Allemands décident de fusiller le 22 octobre 27 otages communistes du camp de Châteaubriant. Les « 27 de Châteaubriant » font preuve d'une grande dignité. Guy Môquet est le plus jeune d'entre eux. Il n'a que dix-sept ans et refuse que ses camarades intercèdent en sa faveur. Je suis communiste autant que toi, déclare-t-il au dentiste Ténine. On raconte que Jean-Pierre Timbaud est mort en criant : Vive le Parti communiste allemand. Léon Blum, lors du procès de Riom, dit qu'il chantait La Marseillaise. Mais en tout cas, il mourut sous les balles. Un des autres fusillés les plus connus est Charles Michels, qui était alors député communiste du 15ème arrondissement de Paris.

[modifier] Sa lettre d'adieu à sa femme, quelques heures avant d'être fusillé

On ne sourit pas lorsqu’on lit la lettre du fondeur Jean-Pierre Timbaud, ouvrier syndiqué et militant communiste qui ne fut quasiment pas scolarisé, à sa femme et à sa fille : Toute ma vie jais combattue pour une humanité mailleure jais le grandes confiance que vous verait realise mon rêve ma mort aura servie a quelque choses mai derniere pensée serront tout d abord a vous deux mes deux amours de ma vie et puis au grand ideau de ma vie. Au revoire me deux chere amours de ma vi du courage vous me le juré vive la France vive le proletariat international.

[modifier] Son éloge par Léon Blum lors du procès de Riom

Je ne crois pas que les dirigeants du Parti communiste eussent pour moi des sentiments de prédilection particulière. […] Cela dit, qu'il y ait eu entre eux et moi telles ou telles difficultés, cela n'a plus d'importance et pour ma part, je les efface entièrement de ma pensée. Je n'oublie pas qu'à l'heure où je parle l'Union soviétique est engagée dans la guerre, dans la même guerre que nous, il y a deux ans, contre les mêmes adversaires. Je n'oublie pas que, dans la zone occupée, le Parti communiste fournit sa large, sa très large part d'otages et de victimes. J'ai lu l'autre jour, dans une liste d'otages donnée par un journal, le nom du petit Timbaud. J'ai très bien connu le petit Timbaud : c'était un secrétaire de l'Union des syndicats métallurgiques de la région parisienne. Il était à la conversation du 15 mars. Je l'ai vu souvent et j'ai été bien souvent en bataille avec lui. Seulement, il a été fusillé et il est mort en chantant La Marseillaise, cette Marseillaise que, malgré tout, nous avions apprise aux ouvriers à chanter, peut-être pas La Marseillaise officielle, peut-être pas La Marseillaise des cortèges officiels et des quais de gare, mais La Marseillaise de Rouget de l'Isle et des volontaires de l'an II, La Marseillaise du groupe de Rude, La Marseillaise de Hugo « ailée et volant dans les balles ». C'est comme cela qu'est mort le petit Timbaud et que sont morts beaucoup d'autres. Par conséquent, pour ma part, en ce qui concerne le Parti communiste, je n'ajouterai rien.

[modifier] Extrait de site

Voici ce que dit de lui en avril 2006 le site (que je remercie ici) :

Jean-Pierre Timbaud

Payzac (Dordogne), 20 septembre 1904 - Châteaubriant (Loire-Atlantique), 22 octobre 1941



Jean-Pierre Timbaud, ouvrier et syndicaliste de la métallurgie, est mort fusillé par les nazis en criant Vive le Parti communiste allemand. Mais au-delà de son ultime apostrophe aux bourreaux, son activité syndicale et politique méritent notre attention.

Jean-Pierre Timbaud est né dans une famille limousine qui s'était installée à Paris. Son père est employé dans une papéterie qui fabriquait des papiers spéciaux pour les viandes de boucherie. Sa mère travaille à domicile. Il est l'aîné de sa fratrie, qui comprend aussi un frère et deux sœurs. Ils vivent à six dans un trois pièces du XIe arrondissement.
Il a dix ans quand la boucherie de 14-18 commence. Son père part dans l'infanterie, et sa mère retoune - avec les quatre enfants - « au pays », à Payzac. Là, Jean travaille aux champs, garde les animaux. Et fait beaucoup l'école buissonière, tant pour s'occuper des tâches de la ferme que par malice.

À treize ans, à la fonderie

Son père, après avoir servi deux ans comme brancardier est libéré de ses obligations militaires, parce que père de quatre enfants, mais il est affecté dans une usine de fabrication de matériel de guerre, à Decazeville, dans l'Aveyron (12). Jean a 13 ans, il n'y a plus de place pour lui à l'école primaire (c'est sans doute ce qui fait qu'il était bien plus un brillant orateur qu'un grand écrivain), il doit donc apprendre un métier : ce sera la fonderie. Il gardera le souvenir du travail difficile à la fonderie, et lui consacrera son premier article imprimé quand il sera élu secrétaire du syndicat unitaire des matallurgistes parisiens.
La guerre finie, la famille Timbaud retourne dans le XIe, et Jean apprend son métier et travaille dans une petite fonderie (la fonderie Devallui qui compte une dizaine d'ouvriers) près de chez lui. Il y reste 3 ans, puis va à la fonderie Debard, puis va travailler dans les petites fonderies du quartier du marais, où il apprend à être mouleur. Il profite, au cours de ces changements d'entreprises, des occasions qui se présentent pour toucher un meilleur salaire.
Nous sommes en 1923, et Jean-Pierre Timbaud est membre des Jeunesses communistes depuis plus d'un an. Il est aussi licencié à la Fédération sportive du travail (organisation sportive proche du PCF), où il pratique l'athlétisme.

Le service

Jean-Pierre Timbaud va passer par le service militaire. Il l'effectue dans le 25e régiment d'infanterie à Nancy, pour 18 mois à partir de novembre 1924. Avant de partir, comme à tous les jeunes des JC, on lui avait rappelé la phrase de Lénine : Apprend bien le métier des armes, non pas pour t'en servir contre tes frères. Il passera quelques nuit dans la salle de police, sanctionné parce qu'il avait une tenue non conforme (il s'était préparé pour aller au bal) ou pour avoir manqué de zèle dans l'exécution d'un ordre (!). À la prison civile de Nancy, il doit garder ses camarades militants communistes condamnés pour leur action contre la guerre du Rif (1925-26). C'est dans cette prison de Nancy que Maurice Thorez sera incarcéré en juin 1929, suite à des condamnations sur la guerre du Rif.
Mais ses obligations militaires n'ont pas tué le militant. Parfois, Jean-Pierre Timbaud fait le mur pour aller coller en ville des papillons contre la guerre du Rif, parfois même dans des enceintes militaires, ce qui déclenchera des réaction du ministère de la Guerre. Un des camarades de Timbaud fera 45 jours de prison parce qu'il était soupçonné d'avoir participé à la distribution de tracts.

De retour à la vie civile

À son retour dans la vie civile, Jean-Pierre retourne dans les petites fonderies du Marais, passant de l'une à l'autre en fonction du salaire proposé. C'est alors une pratique assez courante chez les syndiqués de ces petites entreprises, une trace de l'anarcho-syndicalisme… Timbaud diffuse le journal de la section technique de la fonderie - constituée au sein du syndicat des métaux - et est repéré par le secrétaire de cette section qui lui donne plus de responsabilités et de moyens. À cette époque, le syndicaliste doit souvent travailler sous un nom d'emprunt, car le sien figure sur les listes noires des patrons. Au bout d'un moment, c'est même son signalement précis que s'échangent les patrons. Jean-Pierre Timbaud est alors embauché dans la fonderie d'Antoine Rudier dans le XVe, qui réalise des travaux pour les artistes : les statues de Maillol, Renoir, Rodin, Bourdelle, Despiau. Dans cette entreprise, la quarantaine d'ouvriers mouleurs et ciseleurs sont tous syndiqués CGT unitaire. Le travail chez Rudier permettra à Jean-Pierre Timbaud de progresser, non seulement professionnelement, mais aussi syndicalement.
Depuis novembre 1926, il fréquente Pauline, mécanicienne en chaussures, qu'il a rencontrée lors d'un bal à Belleville. Ils se marient en mars 1927, et ont une fille, Jacqueline, en 1928. La famille habite d'abord chez la mère de Pauline à Rosny-sous-Bois (93) puis dans un deux pièces dans la même ville.
Timbaud était passionné par son travail, et bien occupé du fait de ses activité syndicales. Il est même devenu assez vite secrétaire-adjoint de la cellule du PCF de l'entreprise ainsi que délégué élu par ses camarades de chez Rudier, au côté du secrétaire de la section syndicale, Peyraud.
En 1928, il devient membre du bureau du sous-rayon, on lui demande de participer aux actions communes chez Citroën, la plus importante entreprise du XVe. Il faut diffuser les tracts, présenter les positions, ce en évitant les camelots et - surtout - la police. Il y a des « bagarres », des jets de boulons sur les forces de l'ordre avant qu'elles ne cherchent à intervenir. Et même s'il n'y a plus de bagarres, il faut ruser pour éviter de se faire arrêter et de passer la nuit au poste, et là, la pratique de l'athlétisme a bien aidé Timbaud.


La crise

La crise de 1929 frappe, avec la misère, le chômage, les réductions de salaires, et… le maintien ou l'augmentation des profits des grandes entreprises comme Renault ou Citroën. C'est dans ce contexte, en 1931, que Timbaud est élu à l'unanimité à un poste de secrétaire du syndicat unitaire des métaux de la région parisienne. Il faut alors aller, quasiment chaque jour, parler devant les grands bagnes de la région parisienne. Et il faut, encore, éviter la police, semer les RG en filature,

indiquer de faux lieux pour les distributions de tracts, qui se tiendront en fait à l'autre bout de Paris… Certaines manifestations sont interdites mais ont quand même lieu, il faut alors amener les participants par petits groupes, menés par un homme de confiance…
La paye du syndicat est plus faible et plus irrégulière que celle de chez Rudier. Pauline reprend un travail pour que « ça passe ». Et non seulement Timbaud a ses responsabilités syndicales, mais en 1932, il est envoyé en stage à l'école centrale du Parti, et sera candidat dans le XVe pour les élections législatives. Le PCF sort tout juste de la lutte contre le groupe Barbé-Celor, qui négligeait la lutte pour le pain. Il faut coller les affiches, prendre la parole… Et Timbaud récolte 8 812 voix. En 1936, Charles Michels, pour le PCF, et qui lui aussi sera fusillé à Châteaubriant aux côtés de Timbaud, remportera le XVe, avec 13 708 voix…

La grève de Citroën du printemps 1933

Secrétaire au Syndicat des métaux, il apprend aux côtés d'Alfred Coste, de 15 ans son aîné. La première grande grève dirigée par Timbaud, est celle de Citroën en mars-avril 1933. Il démontre ses capacités d'organisateur. On a

déjà vu que les salaires baissaient alors que les profits grimpaient… Le 28 mars 1933, dans un atelier du XVe, la direction veut baisser les salaires de 18 à 20 % (!). C'est ce qui va permettre à la CGT unitaire de lancer le mouvement, avec Timbaud et les divers échelons de la CGTU, mais aussi l'appui Alfred Costes, Eugène Hénaff, Henri Raynaud, Ambroise Croizat et même Benoît Frachon, représentant le syndicat, l'Union régionale, la Fédération ou la Confédération. Mais attention ! Selon Timbaud lui-même, ce mouvement fut […] beaucoup plus la conséquence de la volonté des ouvriers que d'une préparation minutieuse de la part de nos organisations syndicales à l'intérieur de l'usine. Sur toutes les usines Citroën de la région parisienne, pour 18 000 ouvriers, il y a à peine cent syndiqués ! Timbaud poursuit : Toutefois si le mouvement n'a pas été préparé, nos sections syndicales ont réagi imédiatement dès le début de l'attaque. L'atelier victime de la baisse de salaire débraye à 9 heures du matin. À midi, les responsables du syndicat vont aux portes des diverses usines Citroën faire circuler le mot d'ordre d'appui à l'atelier victime. À 13 h 30, c'est le débrayage général, on désigne les délégués, qui allaient diriger par la suite la grève, au sein d'un comité central de grève unitaire comprenant 80 membres unitaires ou confédérés, communistes ou socialistes, organisés ou inorganisés.
Le comité central de grève va récolter des fonds pour ses activités, éditer des tracts, manifester avec les copains de Renault Billancourt, remettre la presse face à ses responsabilité… La repression sera forte, des centaines d'arrestations, des condamnations à des semaines ou même des mois de prison… Mais lors de la rentrée, suite à un certain essouflement, alors que Citroën a abandonné son projet de diminution de salaire, il suffit de quelque jours pour remotiver les ouvriers, et à nouveau occuper l'usine ! Après 35 jours de grève, Timbaud souligne qu'il faut savoir finir une grève au moment où le rapport de force est le plus favorable à la classe ouvrière et souligne que cette victoire a été emportée parce que l'unité était faite, dans l'application d'une large démocratie prolétarienne. Et les effets se font tout de suite sentir. De 100 syndiqués, la CGTU passe à 1 400 adhérents ! Les conséquences vont au-delà de Citroën. Selon Frachon, Renault renonce à de semblables diminutions de salaire.


Le « Front Popu »

En décembre 1933, janvier et février 1934, les fascistes français cherchent à suivre l'exemple de leurs homologues allemands ou italiens. Ils manifestent au Quartier Latin, puis boulevard Saint-Germain. Le soir du 6 février 1934, peut être 100 000 fascistes et cagoulards manifestent place de la Concorde. Des antifascistes mobilisent, dont Timbaud, dénonçant la menace réactionnaire, appelant à l'unité de toutes les forces populaires. Ce soir là, dans les émeutes, les fascistes tentant de s'attaquer à l'assemblée nationale, il y a 16 morts dont un policier.


Deux jours après, le 9 février, le PCF et la CGTU appellent à manifester aux alentours de la place de la République. La manifestation étant interdite, la police chargera. Il y aura là aussi des morts. Timbaud est présent, sur les barriquades de Belleville. C'est la naissance du Front populaire, naissance à la base, confirmée 3 jours après lors de la manifestation unitaire du 12 fevrier, à l'appel de la CGT, de la CGTU, du PCF et de la SFIO. C'est cet exemple là, entre autre, qui permettra à Dimitrov de présenter les thèses du VIIe congrès de l'Internationale communiste en août 1935.
En octobre 1934, les élections municipales ont lieu dans le cadre de ce Front populaire. Le nouveau maire PCF de Gennevilliers (92), Jean Grandel (qui sera lui aussi fusillé aux côtés de Timbaud à Châteaubriand le 22.10.41), propose à Timbaud un poste d'employé municipal avec des horaires adaptés pour lui permettre de mener son activité syndicale. Il est le responasble intersyndical d'une zone comprenant Asnières, Gennevilliers, Levalois, Clichy et Colombes, et se fait petit à petit connaître de l'ensemble des salariés de cette zone. Il réalise un grand travail, notamment en habituant les syndiqués à éditer et diffuser eux-mêmes leur propre matériel…
C'est devant ces réussites que Grandel propose à Timbaud de mener à bien un projet ambitieux de la jeune mairie communiste: créer sa première colonie de vacance scolaire. Et en 1935, est inaugurée à Granville (50) « le château du Bonheur » que la ville ne revendra qu'en 2003. Le premier directeur ? Timbaud !
Mais Timbaud est assez vite rappelé par le syndicat, et participe au congrès de l'unité de Toulouse en mars 1936. Il participe ensuite aux grèves de mai juin 1936 (avec les premières occupations d'usine, pour éviter le lock out), par exemple en allant saluer les 33 000 salariés de Billancourt. Le 7 juin, les accords de Matignon accordent des augmentations de salaires, en moyenne 30 %, et même jusqu'à 400 % pour des ouvrières de Verdun ! Fin Juin, en quatre jours, trois lois : les deux semaines de congés payés le 20 juin, la semaine de 40 h payée 48 le 21, et les conventions collectives le 24 !
Timbaud ira apporter aux brigadistes en Espagne républicaine, sur la Sierra en décembre 1937, les fonds recueillis pour eux dans les usines. Il portera la paroles des volontaires à son retour en France.
Il participe aux agitations de l'après Munich, alors que le PCF dénoncait la politique capitularde de Daladier. Il est poursuivi et condamné, avec une cinquantaine d'ouvriers de Renault sur plainte de cet employeur. Déjà la bourgeoisie veut interdire le PCF. Elle se servira du pacte germano-soviétique d'excuse.

Drôle de guerre, Résistance, puis l'incarcération

Timbaud est mobilisé. Il sera le chauffeur d'un officier, peut-être par peur du rôle qu'il aurait pu jouer dans une unité combattante… ? À la démobilisation il quitte son officier remonte à Paris, et participe à la constitution des comités syndicaux clandestins et à la diffusion de La Vie ouvrière avec Marcel Paul, Henri Gauthier, Jourdain, Tanguy, Sémat. Mais dans ces embryons de la Résistance, l'organisation n'est pas suffisamment cloisonnée. Au début d'octobre 1940 des militants syndicaux sont arrêtés (Hénaff, Michels, Grandel, etc.). Le 18 octobe, c'est au tour de Timbaud.
Il est d'abord incarcéré à Aincourt(95) où il retrouve des centaines de camarades, puis avec d'autres il sera déplacé le 5 décembre 1940 à la prison centrale de Fontevraud, près de Tours (37). Et là déjà, pour marquer la cohésion, pour marquer la fidélité à l'engagement, on chante Rodina, chant patriotique des peuples de l'Union soviétique. Il faut aussi se battre pour améliorer un peu les conditions de détention. On s'entraide, on s'apprend mutuellement ce que l'on sait.
Puis le 21 janvier 1941, c'est Clairvaux (10). Là où avant lui était passés, entre autres, Auguste Blanqui ou André Marty. Et encore des chants, La Marseillaise.
En mai, c'est le départ pour Châteaubriant (44). Et là dans le camp, 400 patriotes - presque tous des communistes - profitant des besoins des gardiens, placent de hommes sûrs aux postes occupés par des prisonniers (un peu comme cela se passait à Buchenwald, même si Châteaubriant n'est en rien comparable à Buchenwald), par exemple au bureau du capitaine de gendarmerie, préparant l'action. On se réparti les corvées (cuisine, nettoyage…). Et grâce aux « placés », 4 évasions auront lieu. Henri Raynaud et Fernand Grenier, le 18 juin au matin, puis Eugène Hénaff l'après midi, et Léon Mauvais le lendemain (Henri Sémat avait profité d'une « permission » au décès de son père pour ne pas rentrer). Parmi les 4 évadés, 3 sont membres du CC du PCF. Les deux premiers sortent en profitant de la relève de la garde, sortis « pour une corvée » devant une première équipe de gendarme, l'équipe « relevante » ne s'étonnant pas du non-retour de prisonniers qu'ils ne savaient pas sortis. Puis grâce au copain placé dans le bureau de capitaine, Hénaff et Mauvais sortent en utilisant des permis de visite, se faisant passer pour, justement? des visiteurs. Ces évasions mettront fin aux visites des familles. Durant tout son internement, Timbaud n'aura vu sa femme et sa fille, les deux grands amours de sa vie, uniquement deux fois !
Au camp, on partage les colis reçus des familles, qui se privent déjà pour leurs internés. On organise des cours. Certains sont déjà victimes des bourreaux vichystes ou nazis. Alors qu'on fête le 37e anniversaire de Timbaud, une détenue, Françoise Brechet vient de perdre son mari guillotiné, qui avait crié, avant de passer la tête sous le couperêt de la guillotine : Vive le Parti communiste ! Vive la France !

Fusillés en martyrs

Le 19 octobre 1941, un officier nazi est abbatu à Nantes. Des soldats allemands viennent relever les gendarmes. On s'organise, et on décide de faire face aux bourreaux avec unanimité et sans défaillance. On pensa un moment déclencher un soulévement général, mais finalement devant la crainte d'un massacre plus grand encore, cette idée fut abandonnée.
Le 22, avant d'aller mourir, on finit tous les colis qui restaient. La liste des otages retenus pour être fusillés est communiquée après le repas. 27 détenus de Châteabriant, parmi eux 23 communistes, sont dans cette liste, dont Jean-Pierre Timbaud. Désignés par le ministre de l'Intérieur Pucheu. Ils sont isolés dans une baraque, où ils écrivent leur dernière lettres, et laissent quelques mots sur les murs.
Timbaud signe notamment ces apostrophes: Avant de mourir, les 27 otages se sont montrés d'un courage admirable. Ils savaient que leur sacrifice ne serait pas vain et que la cause pour laquelle ils ont lutté triomphera bientôt. Vive le Parti communiste. Vive la France libérée de ses ennemis. ou encore Camarade qui restez, soyez courageux et confiants dans l'avenir. Il dit dans sa lettre à sa femme et à sa fille : C'est vous qui êtes à plaindre […] Vive la France ! Vive le prolétariat international !

À 15 h 15, ils sont emmenés dans une sablière à deux kilomètres du camp pour y être fusillés. Timbaud « protège » et soutien le jeune Guy Moquet, 17 ans, qui fait partie des 27. Timbaud dit au sous-lieutenant de gendarmerie Touya : Je ne suis qu'un ouvrier, mais je ne voudrais pas salir ma cote comme tu souille ton uniforme.
En partant, on chante encore et toujours. La Marseillaise, La Jeune Garde… Puis devant les fusils, où ils passent par séries de 9 à 15 h 55, 16 h et 16 h 10, les mains libres, les yeux ouverts et non bandés, à nouveau La Marseillaise, et aussi L'Internationale. Et Timbaud, lui, choisit de tomber en criant Vive le Parti communiste allemand !



Sa fille Jacqueline a notamment signé - avec d'autres - récemment un appel à Luc Ferry (en novembre 2003) pour faire connaître aux élèves l'histoire des fusillés du mont Valérien, à l'occasion de la sortie du film Mont Valérien, au nom des fusillés et du livre Lettres de fusillés, 1941-1944.

[modifier] Ils ont dit de lui…

[modifier] Louis Aragon

Une sorte de force gaie. […]
Le nom de Timbaud parmi ceux des otages de Châteaubriant devait être ma raison directe, ma raison individuelle d'accepter la tâche clandestine qui m'incombait alors.

[modifier] Fernand Grenier

Un de ces militants qui souffrent d'avoir un article à écrire […] mais un agitateur né, une connaissance extraordinaire - jusque dans ses détails - du mouvement syndical. […] [Par son ultime cri] il renouait au plus fort du drame, la chaîne de fraternité entre les ouvriers des deux pays… celle forgée par l'ouvrier mineur Maurice Thorez et le docker Ernst Thaëlmann.

[modifier] Léon Mauvais

Timbaud a toujours fait montre d'une confiance d'une foi ardente dans les destinées de la classe ouvrière française et internationale.

[modifier] Benoît Frachon

Lancer fièrement à la face de ceux qui vont vous fusiller parce que vous êtes un communiste cette déclaration cinglante et pleine de certitudes en l'avenir : « Vive le Parti communiste allemand » n'est pas à la portée de tous. […] Jamais je n'ai entendu Timbaud se plaindre, rechigner, trouver qu'on lui demandait trop ardu.
Avec cela patient et tenace, acharné à faire triompher, à imposer en fin de compte ce qui n'était encore qu'un devenir incertain.

[modifier] Bibliographie

  • Lucien Monjauvis, Jean-Pierre Timbaud, Éditions Sociales, 1971.
  • Fernand Grenier, Ceux de Châteaubriand, Éditions Sociales, 1971.
  • Louis Aragon, Le Témoin des martyrs, 1942.
  • Lettres de fusillés, 1941-1944.

[modifier] Hommages

  • Guy Môquet et Charles Michels ont une station du métro parisien qui porte leur nom.
  • Une rue de Paris porte le nom de Jean-Pierre Timbaud : Rue Jean-Pierre Timbaud
  • Une place de la commune de Payzac où il est né.
  • Une rue de Villeneuve-le-Roi (94) porte le nom de Jean-Pierre Timbaud.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens internes

Liste de résistants

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