James Ensor
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James Ensor (13 avril 1860-19 novembre 1949) est un peintre belge qui participa aux mouvements d'avant-garde du début du XXe siècle et qui laisse une œuvre expressionniste et originale.
Né dans une famille de la petite-bourgeoisie d'Ostende, Ensor quittera peu sa ville natale. Commentant sa naissance lors d'un banquet offert en son honneur, il s'exprime en ces termes:
- «Je suis né à Ostende, le 13 avril 1860, un vendredi, jour de Vénus. Eh bien! chers amis, Vénus, dès l'aube de ma naissance, vint à moi souriante et nous nous regardâmes longuement dans les yeux. Ah! les beaux yeux pers et verts, les longs cheveux couleur de sable. Vénus était blonde et belle, toute barbouillée d'écume, elle fleurait bon la mer salée. Bien vite je la peignis, car elle mordait mes pinceaux, bouffait mes couleurs, convoitait mes coquilles peintes, elle courait sur mes nacres, s'oubliait dans mes conques, salivait sur mes brosses...»
Son père, un ingénieur anglais, va sombrer dans l'alcoolisme et sa mère, de souche flamande, tient un magasin de souvenirs, coquillages et masques de carnaval. Les heures passées près d'elle, dans un décor coloré et fantastique, influenceront son inspiration.
En 1877, il s'inscrit à l'Académie de Bruxelles, fait la connaissance de Fernand Khnopff et de la famille Rousseau qui l'introduit dans les milieux anarchiques et intellectuels de la capitale.
Installé dans la maison familiale où il vivra jusqu'en 1917, Ensor commence à peindre des portraits réalistes ou des paysages inspirés par l'impressionnisme.
À cette époque, il écrira:
- « Mes concitoyens, d'éminence molluqueuse, m'accablent. On m'injurie, on m'insulte : je suis fou, je suis sot, je suis méchant, mauvais... ».
En 1883, Octave Maus fonde le Cercle artistique d'avant-garde « Les XX » et Ensor peint son premier tableau de masques et un autoportrait auquel il ajoutera plus tard le « chapeau fleuri ». En 1889, L'Entrée du Christ à Bruxelles est refusée au Salon des XX et il est question de l'exclure du Cercle. Le groupe se sépare quatre ans après.
A 33 ans, Ensor est déjà un homme du passé. Le Pointillisme et le symbolisme semblent l'emporter. Les premières demeures de Victor Horta symbolisent un nouvel art de vivre. Il n'est plus le nain Hop-Frog, bouffon d'Edgar Allan Poe, moins encore le Christ martyr.
Ensor devra attendre le début du siècle suivant, alors qu'il a donné le meilleur, pour assister à la reconnaissance: expositions internationales, visite royale, anoblissement, Légion d'honneur.
Il meurt le 19 novembre 1949 et est enterré à Mariakerke.
Très tôt, la lumière ostendaise inspire au peintre des pâleurs secrètes. Ensor sculpte la lumière et est fasciné par le pouvoir de recréer les choses ou de les vider de leur contenu familier.
- « La lumière déforme le contour. Je vis là-dedans un monde énorme que je pouvais explorer, une nouvelle manière de voir que je pouvais représenter. ».
Dans la Mangeuse d'huîtres (1882), une nappe immaculée éblouit l'avant-plan et tombe quasi en dehors des limites du cadre. Malgré les tableaux prestigieux que celui-là rappelle (toute la tradition flamande du XVIIe siècle), on le refuse au Salon d'Anvers.
Il va donc mettre en évidence les aspects grotesques des choses, rehaussés de manière surréelle, et s'orienter vers une vision du monde radicale, sarcastique et insolente. Comme chez Pieter Bruegel l'Ancien ou Jérôme Bosch, l'inanimé respire et crie. Ses obsessions et ses peurs jouent un rôle manifeste dans les traits menaçants qu'il attribue aux objets utilitaires, aux revenants et aux masques. Ces derniers, à partir des années 80, dominent son inspiration et renvoient au carnaval, ce « monde à l'envers », anarchique où les rapports sociaux sont démontrés par l'absurde. La foule considérée comme une menace, un cauchemar, sera le thème de nombreuses toiles. Il entretient avec elle des rapports ambivalents: solidarité envers les revendications des défilés contre l'Église et le roi mais aussi, crainte bourgeoise d'un homme retiré du monde. Artiste pluraliste, il l'est également dans son style et ses techniques: toile, bois, papier, carton, couteau à palette, pinceau fin ou spatule... : « Chaque œuvre devrait présenter un procédé nouveau », écrit-il à André de Ridder.
C'est entre 1887 et 1893 qu'il peint ses plus beaux tableaux: la gamme chromatique prend feu au milieu des nacres translucides des ciels et des marines. Contemporaine des Van Gogh et des toiles d'Edvard Munch, son œuvre contient les futures révolutions du fauvisme au mouvement Cobra.
On connaît moins l'écriture d'Ensor qui mériterait pourtant d'être étudiée:
- Mes Ecrits, Labor, Espace Nord
- Lettres, Labor, Archives du Futur
Voir aussi Emile Verhaeren, James Ensor
- « Ne remuons plus ce grand cadavre flamand. Aujourd'hui mannequin creux, décoloré, animé par quelques criquets agressifs. Flandrophyliseurs intempestifs, désorienteurs déclassés délirants, vos excitations intéressées de siffleurs décalqués restent sans écho. L'art moderne n'a plus de frontières. À bas les rembrunis acariâtres. Fromagers égoïstes et sirupeux. Alarmistes frontiérisés. Charcutiers de Jérusalem. Moutons de Panurge. Architectes frigides et mélassiers, etc. Vive l'art libre, libre, libre!... » — Une réaction artistique au pays de Narquoisie (1900), J. Ensor
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Cet article fait partie de la série Peinture |
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