Henry Chéron
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Henry Chéron, né le 11 mai 1867 à Lisieux et mort le 14 avril 1936 à Lisieux, est un homme politique français.
Député puis sénateur du Calvados, Henry Chéron fut à de nombreuses reprises ministre sous la IIIe République. Avocat, il inaugura sa carrière politique en 1894 en devenant maire de sa commune natale : Lisieux. Il n’avait alors que 27 ans. Mais ce ne fut que douze ans plus tard qu’il accéda à des responsabilités nationales. À peine élu député en 1906, le président du Conseil Georges Clemenceau lui offrit le poste de sous-secrétaire d’État à la guerre.
La qualité de son travail, son intégrité et sa popularité assurèrent à Henry Chéron une succession de postes ministériels : ministre du Travail (1913), de l’Agriculture (1922), des PTT, du Commerce, des Finances (1928-1930), de la Justice (1930 et 1934). Ces différentes responsabilités, auxquels s’ajoutent sa fonction de président du Conseil Général du Calvados (1911-1936) et son élection comme sénateur (1913), l’obligèrent à abandonner l’hôtel de ville de Lisieux. Il retrouva toutefois son fauteuil de maire à la fin de sa vie, de 1932 à 1936. La rue principale de Lisieux porte d’ailleurs son nom en hommage.
Henry Chéron fut l’un des hommes politiques les plus connus de son temps même s’il n’accéda jamais à la présidence du Conseil. Les nombreuses caricatures dont il fut l’objet et les divers surnoms qu’il reçut (« le Gambetta de Normandie », le « père Gaspard », « la petite fée barbue du soldat ») prouvent son succès auprès des Français. La presse ne manquait pas de citer ses boutades. Quand il reçut le sous-secrétariat à la marine (1909-1910), il rassura ses collègues qui doutaient de son expérience : « J’ai déjà le pied marin, j’ai réussi la traversée de Trouville-Deauville par le bac ! ». L’autodérision était d’ailleurs une de ses plaisanteries favorites. Quand il raconta à un banquet qu’il avait connu sainte Thérèse de Lisieux enfant, il ne manqua pas de conclure : « Depuis lors, elle est devenue une sainte et moi, j’ai mal tourné ».
Henry Chéron incarne l’un des modèles de l’homme politique de la IIIe République. Il était porté par un électorat normand qui appréciait surtout sa personne, son tempérament et qui ne portait pas beaucoup attention à son appartenance politique. Chéron d’ailleurs, navigua du radicalisme au conservatisme. C’était aussi un notable, soucieux tant du point de vue local que national d’afficher son souci des petites gens et des classes moyennes. A Lisieux, il fut à l’origine de nombreuses œuvres sociales ; il agrandit et modernisa l’hôpital. En tant que sous-secrétaire à la guerre, il s’attacha à améliorer le sort des soldats (il remplaça notamment leurs bandes molletières par des chaussettes). On le voit souvent visiter les casernes et discuter familièrement avec les conscrits. Enfin, le maire de Lisieux représente la figure du petit-bourgeois provincial : ses actions au ministère et son discours révèlent une politique prudente. Il fit l’éloge de l’épargne en vantant les mérites du « bas de laine » français. Il s’évertua, en tant que ministre des Finances, à présenter chaque année un budget équilibré sans alourdir les impôts. De ce souci d’économie, vient son surnom de « père Gaspard ».
Il ne connut pas toujours le succès. Son passage à la marine déçut et un slogan parvenu jusqu’à nous (« Chéron-vie-chère ») prouve que l’homme ne fut pas toujours populaire. Mais, son physique massif, ses réparties malicieuses et son caractère normand en ont fait une figure de la IIIe République.
[modifier] Voir aussi
[modifier] Bibliographie
Revue Le Pays d'Auge, mars-avril 2006