Guerre subversive
Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
La guerre subversive, aussi appelée guerre révolutionnaire, est une doctrine et une théorie de combat et de répression de forces para-militaires et civiles basée sur le renseignement, et encourageant l'emploi de la torture.
Sommaire |
[modifier] Genèse de la théorie
La guerre subversive désigne à l'origine la Première Guerre d'Indochine d'indépendance du Viêt Nam, opposant les forces militaires françaises aux forces vietnamiennes. Malgré la supériorité en nombre des premiers et leur puissance industrielle et militaire, les derniers remportèrent la victoire grâce à un soutien actif de la population civile. C'est le modèle planétaire et le prototype de la Guerre psychologique L'état-major des forces françaises, après lecture du livre rouge de Mao Zedong, énonça le concept de guerre subversive, après la capitulation inconditionnelle de la garnison française à la Bataille de Dien Bien Phu qui a sonné le glas de l'armée française.
[modifier] Premier passage à la pratique
La première application de cette doctrine militaire a été réalisée pendant la Guerre d'Algérie. Face à la recrudescence des attentats du FLN à Alger, le général Bigeard alors en charge des forces parachutistes de la ville se vit confier la mission du service de police. Les techniques de quadrillage de la ville et l'usage systématique de la torture sur la population civile furent pleinement appliquées durant la bataille d'Alger. La résistance algérienne était alors basée sur des cellules autonomes composées de civils en nombre réduit.
[modifier] Diffusion de la doctrine
La France apparait innovante et propose une solution pour lutter contre la diffusion du communisme et sa perception menacante à l'Occident. Très vite, la théorie est enseignée aux officiers des forces militaires sud-américaines à l'ENM de Paris. De nombreux attachés diplomatiques, pour la plupart officiers français ayant participé à la guerre d'Algérie, sont envoyés dans les pays de l'Amérique latine former les troupes contingentes.
Le succès des Français dans ce sous-continent suscite très vite la jalousie des États-Unis d'Amérique, qui recoivent peu après nombre d'attachés culturels, dont le général Aussaresses, à l'École Militaire des Amériques au Panama. Le passage à la pratique est réalisé dans un premier temps sur des prisonniers vivants de droit commun incarcérés au Panama.
[modifier] Usage à grande échelle
Les nombreux coups d'états en Amérique Latine, notamment en Argentine, au Chili, en Uruguay et au Paraguay donnèrent l'occasion aux officiers des juntes au pouvoir de pratiquer à une grande échelle la doctrine de la guerre subversive. Pendant l'opération Condor, la chasse au communisme conduisit à une intense campagne d'épuration civile, et à de nombreuses dispartions toujours irrésolues. Si les escadrons de la mort pratiquaient ces actes en public dans les stades et les rues au Chili, les opérations d'épurations furent réalisées dans le plus grand secret en Argentine.
La France est alors en proie à la terreur de l'OAS. La plupart des lieutenants de cette formation para-militaire composée d'ex-officiers de la guerre d'Algérie sont expatriés dans les dictatures sud-américaines pour y accélérer la diffusion de la doctrine de la guerre subversive, sous couvert d'une totale immunité. Ces opérations, avec l'entière approbation des gouvernements français de l'époque et la participation de la direction de la Surveillance du territoire (DST) et de la direction générale de la Sécurité extérieure (DGSE). L'application de cette doctrine provoqua plusieurs milliers de morts parmi les populations d'Amérique latine et centrale, ainsi qu'en Algérie et dans d'autres pays.
[modifier] Principes de la guerre subversive
La doctrine de la guerre subversive réside sur le renseignement : il s'agit de saper les soutiens et les contacts de la population civile aux bélligérants en pratiquant d'intenses opérations de répression, d'interrogatoires et de torture pour démanteler les cellules actives ou dormantes. Cette doctrine prévoit également un quadrillage des secteurs sous contrôle en zones et sous-zones confiées à des escouades, ou « escadrons de la mort », des réunions entre état-majors et éléments et une parfaite coordination des services. Enfin cette doctrine prévoit l'élimination discrète de tous les suspects, ayant avoué ou non, afin d'exercer une pression psychologique sur les populations civiles et les contraindre à stopper leur soutien aux belligérants.
[modifier] Bibliographie
- La Guerre moderne, Roger Trinquier éditions La Table ronde, Paris, 1961.
- La guerre et la révolution, Karl Korsch, Ab irato, 2001.
- Escadrons de la mort, l'école française, Marie-Monique Robin, éditions La Découverte, Paris, 2004.
[modifier] filmographie
- Escadrons de la mort, l'école française, film documentaire de Marie-Monique Robin, produit par Idéale Audience , 2004.