Conséquences sanitaires de la catastrophe de Tchernobyl
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Les conséquences politiques, économiques et sociales sont détaillées dans l'article catastrophe de Tchernobyl. En France, une controverse est née sur les retombées du nuage de Tchernobyl. Voir à ce sujet l'article Conséquences de la catastrophe de Tchernobyl en France.
Par ordre d'importance et chronologiques, les conséquences sanitaires de la catastrophe de Tchernobyl sont d'abord dues à l'iode, puis au césium 137, mais de nombreux autres radionucléides ont été émis par le réacteur n°4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl. On connaît mal les impacts synergiques ou aux faibles doses de ces produits réf. nécessaire.
L'impact du césium commence peut-être seulement à se faire sentir concernant les produits forestiersréf. nécessaire. En effet piégé dans le sol il ne descend que lentement (1 cm/an environ) dans le sol. Il commence à arriver dans la zone de prospection des champignons et risque maintenant de plus fortement contaminer les champignons et les animaux sauvages et les hommes qui s'en nourrissent. Contrairement à ce qu'on a d'abord pensé, le césium 137 semble cibler le cœur et l'endommagerréf. nécessaire. Des vétérinaires ont fait état de "porcs à 2 têtes, d'un veau à 3 cornes ou un autre dont l'arrière train est tout simplement absent...
Les modèles utilisés sont en partie ceux des bombardements atomiques d'Hiroshima et Nagasaki, mais surtout des quantités importantes de données accumulées lors des premiers scanners ou radiographies (avant cette période on irradiait beaucoup plus surtout les médecins).
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[modifier] Conséquences sur l’environnement
La radioactivité libérée par l’explosion contamina une superficie d’environ 160 000 km² au nord de Kiev et aussi au sud de la Biélorussie, et a détruit une partie de la végétation aux alentours.
Une large zone autour de la centrale est fortement contaminée et la plupart des espèces vivantes ont été atteintes. Cela a pris du temps pour que les animaux reprennent le cours de leur vie. Fin 1987, on mesura un taux de césium 137 radioactif encore des milliers de fois supérieur à la normale sur le site de Tchernobyl.
[modifier] Controverse sur les chiffres
Liste de bilans contradictoires:
- Sur 600 000 liquidateurs, 60 000 sont morts et 165 000 sont handicapés (source : Union Tchernobyl, principale organisation des liquidateurs)[1].
- Sur 600 000 personnes concernées, 47 sont mortes, ainsi que neuf enfants décédés du cancer de la thyroïde. 4000 personnes pourraient mourir « pour avoir été exposées aux radiations après l'accident » selon un résumé établi par l'Agence internationale de l'énergie atomique d'un ébauche de rapport qui fut repris par la presse. La version définitive du rapport, publiée en avril 2006, ne reprend pas ce bilan. [2] [3]
- Sur 72 000 liquidateurs, 212 sont morts (source : étude de 1998 de l'Organisation mondiale de la santé).
- Plus de 10 000 personnes atteintes d'un cancer de la thyroïde et 50 000 cas supplémentaires attendus à l'avenir. En Europe, 10 000 malformations sur des nouveau-nés en raison de Tchernobyl et 5000 décès chez les nourrissons. Plusieurs centaines de milliers de membres des équipes d'intervention [sur le site] sont de nos jours malades des suites des radiations, et plusieurs dizaines de milliers sont morts[4]
[modifier] Déclarations d'agences de l'Organisation des Nations unies
[modifier] Septembre 2005 : rapport provisoire de l'ONU
Le 5 septembre 2005, le Forum de Tchernobyl, fondé par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) résuma un rapport provisoire intitulé l'Héritage de Tchernobyl : impacts sanitaires, environnementaux et socio-économiques. Ce résumé commun de l'Organisation mondiale de la santé, l'Agence internationale pour l'énergie atomique, l'UNDP et d'autres agences onusiennes avançait un bilan des victimes de Tchernobyl de 47 secouristes (« liquidateurs »), morts des suites de l'exposition aux radiations, et de neuf enfants morts de cancers de la thyroïde, sur 600 000 personnes affectées – 200 000 liquidateurs et les personnes les plus exposées aux radiations.
On estime par ailleurs à environ 6 millions le nombre de personnes ayant reçu de « faibles doses radioactives » en Ukraine, en Biélorussie et en Russie[5].
D'après le résumé de l'AIEA : « Au total, 4000 personnes pourraient mourir pour avoir été exposées aux radiations après l'accident […]. Le bilan est donc bien en deçà de spéculations antérieures qui parlaient de dizaines de milliers de morts possibles. » Michael Repacholi, responsable de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) cité dans le rapport a déclaré : « les effets de l'accident sur la santé ont été horribles mais au total […] les effets en termes de santé publique n'ont pas été aussi graves — et de loin — qu'on avait pu le craindre initialement.»[6]
Le résumé considère que « les chances de survie pour ces patients [atteints de cancer de la thyroïde] sont de près de 99 %.» De plus, il ne conclut à « aucune indication ni probabilité d’une diminution de la fertilité parmi les populations touchées, ni aucune indication d’une augmentation de malformations congénitales pouvant être attribuées à une radio-exposition.» En fait, « les principales causes de mortalité dans les régions affectées par Tchernobyl sont les mêmes que celles prévalant en Russie, maladies cardio-vasculaires, blessures et empoisonnements plutôt que les maladies liées à la radioactivité.»[5]
En outre, le rapport provisoire critique ce qui y est interprété comme le manque d'initiative de la population locale et sa « tendance à mettre tous les problèmes de santé sur le compte de l'exposition aux rayonnements.» Il souligne « l’impact sur la santé psychique des personnes affectées » : les désordres psychologiques s’exprimeraient sous forme de « manque de confiance dans son propre état de santé, de craintes exagérées pour l’espérance vie », de dépendance de l’assistance à l’État et de manque d’initiative [7].
[modifier] Critiques
Le bilan proposé en septembre 2005 par l'AIEA (47 morts directs et au total encore 4 000 décès futurs à attribuer à la catastrophe de 1986) a été vivement critiqué. Angelika Claussen, présidente de la section allemande de l'Association internationale des médecins pour la prévention de la guerre nucléaire (IPPNW) déclarait dans Le Monde [1] que « ces chiffres [étaient] sous-estimés et absolument faux ». Cette même association IPPNW rendait public le 6 avril 2006 un autre rapport, intitulé « Conséquences de Tchernobyl sur la santé », qui a été réalisé avec la Société pour la protection contre les rayonnements (GSF). Toutefois, du propre aveu de l'IPPNW, des estimations précises sont « impossibles à obtenir pour des raisons de méthode». [1]
Selon ce rapport indépendant IPPNW-GSF : « plus de 10 000 personnes [seraient] atteintes d'un cancer de la thyroïde et 50 000 cas supplémentaires [seraient] attendus à l'avenir » (contre 4 000 cancers de la thyroïde répertoriés par des agences de l'ONU). « En Europe, il y a eu 10 000 malformations chez les nouveau-nés en raison de Tchernobyl et 5 000 décès chez les nourrissons ». Par ailleurs, « plusieurs centaines de milliers de membres des équipes d'intervention [sur le site] sont de nos jours malades des suites des radiations, plusieurs dizaines de milliers sont morts ». « Il est très cynique de reprocher aux personnes en Ukraine, en Biélorussie et en Russie une mentalité de victime et de leur recommander de mieux se nourrir et d'avoir un style de vie plus sain », ajoutait Angelika Claussen en référence aux critiques de la prétendue passivité de la population locale[1].
[modifier] Avril 2006 : rapport définitif de l'ONU
L'AIEA diffusa ainsi, durant une conférence tenue le 5 septembre 2005, un résumé du bilan global provisoire : 4 000 personnes sur les 600 000 les plus touchées pourraient décéder des suites de la radio-exposition consécutive à l'accident (page 7 du communiqué francophone). Ce chiffre de 4 000 morts qui n'est expliqué et nuancé que plus loin, a incité la presse et les médias à le présenter comme un bilan total de toutes les victimes de l'accident.
Le rapport définitif, publié en avril 2006, prévoit quant à lui (page 106) une surmortalité causée par les seuls cancers solides de « 4 000 décès parmi les 600 000 personnes les plus exposées » (0,67 %), semblable aux estimations préliminaires mais pour les seuls cancers solides, ainsi que de « 5 000 autres parmi les 6 millions de personnes proches » (0,08 %). Les auteurs du rapport y insistent sur le caractère très incertain de leurs estimations [8].
Melissa Fleming, attachée de presse de l'IAEA, déclara au journal Nature : "je suis navrée de voir des chiffres sauvages communiqués par des organisations honorables qui sont ensuite attribués à l'ONU. C'était donc une action audacieuse que d'avancer une estimation bien inférieure à celle que dicte le sens commun".[2]
[modifier] Publication des rapports et effets médiatiques
Un communiqué de presse publié en septembre 2005 par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et l'OMS résume un rapport provisoire.
Le chapeau du communiqué prévoit 4 000 décès dus aux radiations présente une hypothèse de bilan comme émanant d'un rapport de l'ONU réalisé par de nombreux scientifiques[9].
Voici le titre et le premier paragraphe de la version française officielle du communiqué:
« Tchernobyl : l'ampleur réelle de l'accident 20 ans après, un rapport d'institutions des Nations unies donne des réponses définitives et propose des moyens de reconstruire des vies.
Jusqu'à 4000 personnes au total pourraient à terme décéder des suites d'une radio-exposition consécutive à l'accident survenu il y a une vingtaine d'années dans la centrale nucléaire de Tchernobyl : telles sont les conclusions d'une équipe internationale de plus d'une centaine de scientifiques. »
Le contenu du communiqué complète cette estimation, conforme au contenu du rapport provisoire, en prévoyant 4 000 décès (cancers et leucémies) parmi les 600 000 personnes les plus touchées[10].
Le rapport de 2006 y ajoute 5000 décès parmi 6 millions de personnes proches du site et restreint le périmètre des 9 000 décès aux seuls cancers solides.
Le Dr Repacholi (OMS), l'un des éditeurs du rapport[11], déclara, durant une conférence tenue en septembre 2005, que les scientifiques chargés de l'étude ne souhaitaient pas communiquer de données numériques relatives au nombre de décès prévus, mais que le service chargé des relations publiques voulait que le résumé en contienne [12].
Selon H. Kempf (Le Monde) : « La présentation du Forum Tchernobyl en septembre 2005 est (il n'y pas d'autre mot) mensongère » [13].
De très nombreux media et établissements divers relayèrent, et citent parfois encore[14], les éléments inexacts exprimés dans le chapeau du communiqué[15].
[modifier] Critiques de Greenpeace
Greenpeace a critiqué les conclusions du résumé de septembre 2005. Ses principaux arguments sont les suivants :
- L'OMS, dans une étude de 1998, aurait annoncé 212 morts sur 72 000 liquidateurs et n'en annonce plus que 59 alors qu'il y aurait eu 600 000 liquidateurs.
- L'étude ne prend pas en compte en Europe occidentale les effets des faibles doses.
- L'étude fait le distinguo entre les malades du stress (dû à l'évacuation ou à la perte de situation) et les autres, ce que Greenpeace réfute.
- L'une des deux méthodes, la méthode épidémiologique, est remise en cause par Greenpeace car elle ne serait pas adaptée à l'Europe.
Selon l'organisation écologiste et antinucléaire, qui cite une étude du centre d'expertise écologique indépendante de l'Académie des sciences, 67 000 personnes sont mortes en Russie entre 1990 et 2004 des suites de Tchernobyl[1].
Vladimir Tchouprov, responsable de la branche russe de Greenpeace, a déclaré que le rapport onusien avait « pour objectif de soutenir idéologiquement le programme de construction de 40 nouveaux réacteurs nucléaires en Russie d'ici à 2030 (…) alors que 70 à 80 % des Russes s'opposent à la construction de centrales nucléaires près de chez eux.»
Lioudmila Komogortseva, présidente de la commission écologique de l'assemblée régionale de Briansk, la région russe la plus touchée par la radioactivité, a pour sa part déploré que plusieurs programmes d'approvisionnement des écoles en produits alimentaires et eau non contaminés ne soient plus financés depuis plusieurs années. Selon elle, 2700 cas de cancers de la thyroïde ont été enregistrés entre 1991 et 2003 dans cette région, dont 290 cas chez des personnes qui étaient enfants au moment de la catastrophe. Des académiciens russes ont eux parlé mardi de seulement 226 cas répertoriés au total dans la région de Briansk[1].
[modifier] Références
- ↑ 1,0 1,1 1,2 1,3 1,4 1,5 « Selon un rapport indépendant, les chiffres de l'ONU sur les victimes de Tchernobyl ont été sous-estimés » in Le Monde du 7 avril 2006
- ↑ 2,0 2,1 Special Report: Counting the dead Nature, 19 avril 2006
- ↑ Too little known on Chernobyl BBC, 19 avril 2006
- ↑ (en)rapport indépendant « Conséquence de Tchernobyl sur la santé » rendu public le 6 avril 2006 par l'Association internationale des médecins pour la prévention de la guerre nucléaire — (IPPNW)
- ↑ 5,0 5,1 « L'improbable bilan du drame de Tchernobyl », dans L'Humanité, 14 septembre 2005.
- ↑ [pdf] Communiqué de presse du 5 septembre 2005.
- ↑ « Tchernobyl : circulez, il n'y a rien à voir », dans L'Humanité, 7 septembre 2005.
- ↑ Rapport, p. 106 : « It must be stressed that this estimate is is bounded by large uncertainties.»
- ↑ Communiqué : « 20 Years Later a UN Report Provides Definitive Answers and Ways to Repair Lives - A total of up to four thousand people could eventually die of radiation exposure from the Chernobyl nuclear power plant (NPP) accident nearly 20 years ago, an international team of more than 100 scientists has concluded. »
- ↑ Communiqué : « The international experts have estimated that radiation could cause up to about 4000 eventual deaths among the higher-exposed Chernobyl populations… This number contains both the known radiation-induced cancer and leukaemia deaths and a statistical prediction. »
- ↑ Cf. la page de garde de l'étude.
- ↑ Nuclear News (revue professionnelle pro-nucléaire), numéro d'octobre 2005, page 46. Cela éclaire la déclaration de Melissa Fleming citée dans le présent article.
- ↑ Article paru le 25 avril 2006
- ↑ in La Tribune, 24 avril 2006, p. 37
- ↑ En France, Suisse, au Québec, au CEA, à la BBC… Wikipédia fr (« 4000 c'est en tout et pour tout. » alors même que le caractère discutable des informations était déjà patent)… Mais tous ne le furent pas et critiques et contre-thèses abondèrent.
[modifier] Liens externes
- Août 1986 : un premier bilan sanitaire présenté par les experts soviétiques, Gazette Nucléaire no 96/97 juillet 1989
- (en) Rapport de janvier 2002 de l'UNICEF sur les conséquences de la catastrophe, sur le site de l'organisation
- (en) étude sur l'exposition à la radiation de l'agence pour l'énergie nucléaire de l'OCDE
- Chernobyl's Legacy - rapport en anglais du Forum Tchernobyl (ONU) mis à jour en 2006
- Rapport à l’Académie de Médecine publié en 2003
- Impacts sanitaires, environnementaux et socio-économiques – un résumé en français par GreenFacts du rapport de l'ONU
- "Association internationale des médecins pour la prévention de la guerre nucléaire", (IPPNW) auteurs du rapport d'avril 2006 contestant le rapport onusien de septembre 2005
- Contaminations radioactives : atlas France et Europe, CRIIRAD, éditions Yves Michel 2002
- Un bilan qui sera selon les estimations de 14 000 à 560 000 morts par cancers, plus autant de cancers non mortels
- Mutations à Tchernobyl
[modifier] Voir aussi
- Youri Bandajevsky, chercheur sur les conséquences sanitaires de la catastrophe