Confédération générale du travail unitaire

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Vous avez de nouveaux messages (diff^?).

La Confédération générale du travail unitaire (CGTU) était un syndicat français ayant existé entre 1921 et 1936. La caractéristique essentielle de la CGTU est d'avoir été le syndicat lié exclusivement au Parti communiste français (PCF), pendant les quinze premières années d'existence de celui-ci.

[modifier] Histoire

[modifier] une naissance confuse

La CGTU est née d'une scission d'avec la CGT en 1921, suite au Congrès de Tours de décembre 1920, où se crée le PCF. La création de la CGTU se fait, dans le contexte de la décrue de l'élan syndical, après l'échec des grands mouvements de grève du printemps 1920. En particulier, chez les cheminots où la grève, intense, se solde par des milliers de révocations, mais aussi dans d'autres corporations professionnelles, comme le Bâtiment, la responsabilité de la défaite du mouvement syndical est mise sur le compte d'une direction de la CGT, jugée pas assez révolutionnaires. Ce constat unit dans le refus commun de continuer à oeuvrer avec Léon Jouhaux et ses amis, des syndicalistes dont les aspirations sont par ailleurs très diverses.

Pour certains, la création d'une nouvelle centrale répond d'emblée à un grave désaccord sur la question des rapports entre syndicat et parti ouvrier : les fondateurs de la CGTU acceptent le principe léniniste de la soumission du syndicat au parti, contrairement à la CGT qui reste proche de la |II^e Internationale et de la SFIO. Mais ils sont peu, à l'origine, à envisager qu'un parti politique donne l'orientation au syndicat. Beaucoup, qui ont avec les précédents une forte sympathie pour la Révolution mythifiée qui se déroule dans l'ancienne Russie des tsars, sont issus du syndicalisme révolutionnaire d'avant 1914. La pratique d'un syndicalisme de réformes tel que Jouhaux la définit à partir de 1919, leur est étrangère et motive leur rupture. Ils se retrouvent sur ce thème en accord avec certains anarcho-syndicalistes.

Cet assemblage de mécontentements fait se retrouver, lors de sa création en juillet 1921, dans la nouvelle Cenrale CGTU, des tendances, qui s'affrontent entre elles dès l'origine.

[modifier] la "bolchévisation" du syndicat

En décembre 1921, un bureau provisoire de la CGTU est élu. Il est composé de 3 membres, tous de tendance anarchiste: Paul Cadeau, Labrousse, Pierre Totti. Mais au 1^er congrès de la nouvelle confédération, cette direction est désavouée et doit céder la place à une coalition qui rassemble des syndicalistes se rapprochant du Parti communiste, sans y adhérer inconditionnellement. C'est ainsi que Gaston Monmousseau, issu du syndicalisme révolutionnaire, rassemble sur le vote d'une adhésion à l'Internationale syndicale rouge 741 voix, alors qu'une résolution défendue par l'anarchiste Pierre Besnard n'obtient que 406 voix.

Pourtant la nouvelle direction est loin d'être unanime. Gaston Monmousseau évolue rapidement vers la communisme, tandis que ses collègues Marie Guillot et Léopold Cazals tiennent à préserver un certain degré d'autonomie du syndicalisme. Ils démissionnent en juillet 1923. Le 2^e congrès, tenu à Bourges en novembre 1923 marque la victoire du premier. Sur la question centrale de l'affiliation à l'ISR, 1 114 voix se prononcent pour, alors que 220 voix votent contre. La CGTU glisse alors dans l'orbite communiste, qui n'est pas encore monocolore. Jusqu'en 1931 différentes minorités vivent au sein de la CGTU, animées par des syndicalistes qui récusent à la fois le "réformisme" de Léon Jouhaux et l'alignement inconditionnel sur le parti communiste. Parmi ces minoritaires figure un proche compagnon de Pierre Monatte, dont le journal La Révolution prolétarienne répercute les thèses: Maurice Chambelland. La Fédération unitaire de l'enseignement est également dans cette opposition non negligeable. En 1931, lors du 6^e congrès, la minorité obtient 191 voix, face à une majorité communiste de 1 324 voix. Cette minorité s'était rassemblée en novembre 1930 autour d'un manifeste pour l'unité syndicale, dit Manifeste des 22, signé par des unitaires ( Lucie Colliard, Chambelland, Paul Cadeau), des syndicalistes autonomes, et des adhérents de la Cgt, Pierre Monatte lui-même, Georges Dumoulin, Léon Digat.

A partir de 1932, la stalinisation du communisme pousse hors de la CGTU les opposants.

[modifier] le tournant de 1934-1935

Suite au changement radical de stratégie du PCF, et à son alliance avec la SFIO en un Front populaire, la CGT et la CGTU se réunifient en 1936 au congrès de Toulouse. Celui qui depuis 1933 tend à supplanter Gaston Monmousseau dans la direction du syndicalisme communiste, Benoît Frachon, devient un des 8 membres du Bureau confédéral de la Confédération générale du travail. Il y est accompagné par Julien Racamond. Désormais le vocabulaire va les désigner "anciens unitaires", tandis que que les membres de la CGT maintenue par Jouhaux sont les "confédérés". Jusqu'en 1939, puis de 1944 à 1947, c'est ce critère qui différencie les deux tendances principales de la CGT.

[modifier] les effectifs de la CGTU

Le dénombrage des effectifs syndicaux est un exercice toujours aléatoire, tant les données sont contradictoires selon les sources. Ce ne sont que des repères. Il en est de la CGTU comme des autres syndicats.

1921: 333 000 adhérents.
1927: 431 000 adhérents
1931: 322 000 adhérents
1935: 264 000 adhérents

Les principaux points d'ancrage de la CGTU étaient les Chemins de fer, le Bâtiment, les Services publics et l'Éclairage.

[modifier] Congrès et bureaux confédéraux

1^er Congrès, 25 juin-1^er juillet 1922, à Saint-Etienne: Gaston Monmousseau, Marie Guillot, Léopold Cazals, Claudius Richetta.
2^e Congrès, 12-17 novembre 1923, à Bourges: Louis Berrar, Edouard Dudilleux, Gaston Monmousseau, Julien Racamond, Lucie Colliard.
3^e Congrès, 26-31 août 1925, à Paris: Gaston Monmousseau, Louis Berrar, Edouard Dudilleux, Julien Racamond, Alice Brisset.
4^e Congrès, 19-24 septembre 1927, à Bordeaux: même direction.
5^e Congrès, 15-21 septembre 1929, Paris: Gaston Monmousseau, Julien Racamond, Georges Claverie, Marcel Gitton, François Billoux.
6^e Congrès, 8-14 novembre 1931, Paris: même direction, sans F. Billoux.
7^e Congrès, 23-29 septembre 1933, à Paris: Gaston Monmousseau, Benoît Frachon, Julien Racamond, Léon Mauvais, Marcel Gitton, secrétaires confédéraux; René Arrachard, Georgette Bodineau, Ambroise Croizat, Henri Gourdeaux, Eugène Hénaff, Lucien Midol, André Parsal, Claudius Richetta, Pierre Sémard, membres du bureau confédéral.
8^e Congrès, 24-27 septembre 1935, à Issy-les-Moulineaux: même bureau, reconduit jusqu'au Congrès d'unité de la CGT à Toulouse, en mars 1936.

[modifier] sources

Comptes-rendus des Congrès de la CGTU.
Loïc Le Bars: la fédération unitaire de l'enseignement (1919-1935). Editions Syllepse, Paris, 2005.
Pierre Monatte: Syndicalisme révolutionnaire et communisme, les archives de Pierre Monatte. François Maspero éditeur, Paris, 1968.
Antoine Prost: la CGT à l'époque du front populaire. Armand Colin, Paris, 1964.
Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, tome 16. Introduction à la période 1914-1939.