Bataille de Badr
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La bataille de Badr est la première bataille des musulmans (elle leur a été victorieuse). C'est la revanche de Mahomet contre les habitants de La Mecque du clan quraychite qui l'avaient contraint à l'exil vers Médine, et le début de la conquête du pouvoir (624). La troisième manche sera la bataille de Uhud (625).
Cette bataille est devenue mythique dans l'histoire de l'islam. Il s'agit de l'attaque d'une grande caravane commerciale mecquoise, voyageant de Syrie vers La Mecque, dans le but de s'emparer des marchandises. La caravane était dirigée par Abû Sufyân, un Quraychite ennemi juré de Mahomet, qui avait rassemblé une force de 300 hommes pour poursuivre la caravane. Abû Sufyân réussit à éviter l'affrontement pendant plusieurs jours. Pendant ce temps, Abu Jahl rassemblait à La Mecque une force de 600 à 800 hommes pour défendre la caravane, et éliminer Mahomet qui faisait obstacle au commerce mecquois.
Les deux forces se trouvèrent en présence le 15 mars 624 à Badr, petite ville située entre Médine et La Mecque. La bataille de Badr tourna à l'avantage de la petite bande des musulmans alors que leurs adversaires étaient beaucoup plus nombreux. Elle aurait fait 72 morts du côté mecquois (dont Abu Jahl) et seulement 14 du côté des musulmans, qui auraient en outre capturé une cinquantaine de prisonniers. Ce succès fit beaucoup pour la réputation de Mahomet comme chef de guerre, grâce au butin qu'elle rapporta. Et ce succès fut attribué à l'aide divine apportée aux musulmans contre les mecquois.
[modifier] Le mythe
L'histoire mythique de cette bataille, évoquée dans le Coran, est racontée ainsi par Tabarî (839-923) :
- Pendant qu'ils parlaient ainsi, Gabriel vint avec mille anges, se présenta au prophète et lui dit : Sois content ; Dieu m'a envoyé à ton secours avec mille anges.
- Puis il lui récita ce verset du Coran :
- « Le jour où vous demandiez l'assistance de votre Seigneur, il vous exauça. Je vous assisterai, dit-il, de mille anges se suivant les uns les autres. » (VIII; 9).
- Le prophète dit : Ô mon frère Gabriel, mille anges !
- Gabriel dit : Trois mille, Ô Mohammed.
- – Trois mille ! répéta le prophète.
- – Oui, cinq mille, répliqua Gabriel.
- Aussitôt le prophète sortit en courant de la cabane pour porter aux musulmans cette bonne nouvelle. Il cria à haute voix : Dieu a envoyé trois mille anges à votre secours.
- Ils répétèrent dans leur joie : Trois mille !
- – Oui, cinq mille, répliqua le prophète.
- Ensuite Gabriel récita au prophète le verset suivant :
- « Dieu vous a secourus à Badr, car vous étiez faibles... Alors tu disais aux fidèles : Ne vous suffit-il pas que votre Seigneur vous assiste de trois mille anges ? » etc. (III; 119-121).
- Le prophète récita le verset aux fidèles. Il vit comment les anges, tenant dans leurs mains des bâtons, se mettaient en ligne avec les musulmans. Dieu leur avait ordonné de se tenir dans les rangs des musulmans; car moi, leur dit-il, j'ai jeté la crainte dans les cœurs des infidèles, et vous, frappez-les sur la tête, sur le cou et sur tout le corps.
- Il est dit dans le Coran :
- « Ton Seigneur dit aux anges : Je suis avec vous » etc. (VIII; 12).
- Lorsque les anges se disposèrent à charger l'armée impie, le prophète ramassa une poignée de poussière et la jeta contre les infidèles, en disant : Que vos faces soient confondues ! Dieu commanda au vent de porter cette poussière aux yeux des infidèles, qui en furent aveuglés. Chargés par les anges, qui étaient en avant des fidèles, ils se mirent à fuir. Les anges les poursuivirent, les frappèrent de leurs bâtons et les firent tomber. Chaque coup qu'un ange portait à un infidèle lui brisait tous les os de son corps, depuis la tête jusqu'aux pieds, et lui rompait les veines et les nerfs ; l'homme tombait et remuait convulsivement, sans qu'aucune blessure fût visible sur son corps, et sans que son sang coulât. Quand les fidèles arrivaient, ils attaquaient les hommes ainsi frappés, leur faisaient des blessures et faisaient couler leur sang. Les compagnons du prophète ont raconté : Il y eut des hommes dont la tête fut séparée du corps et la nuque brisée avant que notre épée les eût atteints. Il y en avait d'autres qui, lorsque nous les attaquâmes, étaient étendus par terre, agonisant, mais sans blessure. Leurs corps étaient brisés, mais la vie ne les avait pas encore quittés. Nous reconnûmes que cela n'était pas de notre fait, mais l'œuvre de Dieu.
- Il est dit, en effet, dans le Coran :
- « Ce n'est pas vous qui les avez tués, mais Dieu ; ce n'est pas toi qui as jeté la poussière, mais Dieu » (VIII; 17).
[modifier] Source
- Tabarî La Chronique (Muhammad, sceau de prophètes, éditions Actes Sud / Sindbad 2001