Au carrefour des étoiles

De retour de la Guerre de Sécession, Enoch Wallace a été recruté par un extra-terrestre dénommé Ulysse pour devenir le gardien de la station stellaire récemment créée sur Terre, un des relais que la Confédération Galactique utilise pour permettre aux habitants de la Galaxie de voyager aisément et rapidement. Après avoir accepté, Enoch Wallace devient une sorte d'aiguilleur de l'espace. Enoch et la maison familiale, transformée en station-relais, se retrouvent à l'abri du temps et échappent au vieillissement.

Après s'être coupé de ses congénères, Enoch consacre son temps à écrire un journal intime, sorte de cahier de rencontres où il consigne toutes ses observations sur les différentes créatures qu'il croise dans sa station.

Tout se déroule pour le mieux et dans le plus grand secret, jusqu'au jour où deux événements concomitants bouleversent sa vie : sur Terre, la CIA mène son enquête sur l'anomalie temporelle créée par le champ de la station et, dans la Galaxie, le Talisman, un artefact garant de la paix entre les peuples, est dérobé, ce qui menace de plonger la Confédération Galactique dans le chaos

[modifier] Commentaire

L'écriture de ce roman est empreint d'une certaine naïveté qui sied bien au sujet, avec ses élans de bons sentiments et sa fin heureuse. Clifford D. Simak recourt à des clichés, tel l'apparence du rat que prend le vilain extra-terrestre. Le fil narratif de l'agent de la CIA n'est pas vraiment développé et sert simplement d'alibi à la disparition du cadavre d'un extra-terrestre.

[modifier] Mosaïque interstellaire

Pour un lecteur passionné de science-fiction, Au carrefour des étoiles est intéressant pour la variété des extra-terrestres décrits, non seulement du point de vue de leur apparence physique, mais également du point de vue de leur culture et de leurs traditions : thaumaturges d'Alphard XXII, Vegiens, naturels de Mankalinen III, Andromédiens, indigènes de Sirrah X, etc. Enoch Wallace réussit à se lier d'amitié avec de nombreux extra-terrestres dont il ne comprend pas toujours le langage, mais communique avec eux de manière instinctive et pleine d'affect.

La machine à voyager dans l'espace ne transporte pas des individus physiquement, mais simplement la mémoire de leur être physique et psychique ; quand un extra-terrestre se matérialise dans une nouvelle station-relais, un autre lui-même prend forme, avec les mêmes données physiques et psychiques. Son enveloppe charnelle précédente, restée dans la machine de la dernière station-relais visitée, doit donc être détruite et plongée dans une cuve d'acide.

Clifford Simak nous livre ici une sorte d'hymne à la richesse de la biodiversité et à l'universalité de l'amitié. Nul besoin de maîtriser un langage complexe : l'échange d'émotions et d'attentions particulières conduisent Enoch Wallace à nouer des relations hors du commun avec l'Autre.

[modifier] Menaces de guerre

Enoch Wallace est recruté alors qu'il survit aux affres de la Guerre de Sécession. Cent vingt ans plus tard, le monde est sous la menace d'une guerre et les politiciens de tous les pays ont convoqué une « Conférence pour la paix » afin d'éviter le pire, enfin, la Confédération Galactique se délite après la disparition du Talisman, artefact magique et sacré dont la lumière radieuse unit les peuples en faisant ressortir en chacun d'eux leurs prédispositions au bonheur et à la paix.

C'est dans ce contexte de menace permanente que se déroule le roman, avec une question fondamentale : le peuple de la Terre est-il prêt à entrer dans la Confédération galactique ? N'est-il pas encore trop « primitif » ? Son penchant pour la guerre n'est-il pas une menace pour l'univers ? Clifford Simak semble suggérer autant de réponses négatives en soulignant les hésitations qu'a Enoch Wallace sur les valeurs fondamentales de sa culture terrienne et en décrivant le monde paysan du Wisconsin, avec ses mentalités obtuses. Enoch hésite, doute, mais reste viscéralement attaché à notre planète.

Finalement, Simak apporte une réponse pleine d'optimisme en faisant jouer au couple Enoch Wallace et Lucy Fisher un rôle-clé dans l'évolution du récit. Le courage, l'empathie, le respect d'Autrui dont témoigne Enoch joints aux pouvoirs surnaturels de Lucy ne laisseront plus de doute sur la place des Terriens dans l'univers.

[modifier] Bibliographie

Clifford D. Simak, Au carrefour des étoiles, J'ai Lu, 1968, traduit par Michel Deutsch, Coll. SF, 1968.

[modifier] Prix littéraire

• 1964, Prix Hugo du meilleur roman de science fiction

[modifier] Citations

• « Que cherchez-vous à m'expliquer ? Que la population rétrograde du Wisconsin pratique la conspiration du silence ? » ;
• « L'homme n'était pas seul. Pour peu qu'il s'engageât sur la bonne route, il ne serait plus jamais seul. » ;
• « La galaxie était une tour de Babel. » ;
• « Combien de guerres les Terriens pourront-ils encore supporter ? » ;
• « La guerre était-elle une impulsion instinctive dont le commun des mortels était tout autant responsable que les politiciens et les soi-disant hommes d'État ? » ;
• « L'Homme a peur. Il a toujours vécu dans la peur. Il a peur. Peur de lui-même. ».

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Catégories : Roman de science-fiction • Roman américain • Roman paru en 1963